Ethereum : retenez bien ce nom, car vous risquez de l’entendre souvent dans les prochains mois. La définition donnée sur le site Ethereum France nous l’explique : « Ethereum est un ordinateur mondial, que n’importe qui peut programmer et utiliser comme il le souhaite ». Comme pour le Bitcoin, la technologie utilisée est donc celle de la blockchain. Le lancement grand public du réseau, appelé également « phase Metropolis », est prévu pour la fin de l’année 2016. Tout ceci vous paraît crypté ? Retour sur une révolution attendue et une épopée 2.0.
À l’origine, un jeune homme appelé Vitalik Buterin
L’histoire d’Ethereum, pourtant récente, s’élève presque au rang de mythe à la sauce contemporaine. Le lexique participe grandement à créer l’atmosphère de mystère, voire de mysticisme, qui entoure cette innovation technologique. L’éther, dans l’Antiquité, ne désignait-il pas le cinquième élément, et du reste le plus pur ? Quiconque tente de comprendre le phénomène se heurte à un vocabulaire quasiment cryptographique : blockchain, dApps, DAO, tokens, smart contracts… Tout porte à succomber au sublime technologique, et donc à n’y rien entendre.

L’histoire de sa création a elle aussi contribué à la légende. Car c’est en effet un jeune russe de 22 ans qui est actuellement le cofondateur d’Ethereum. À 19 ans, Vitalik Buterin a l’idée d’une blockchain programmable. Il est alors à l’université de Waterloo, au Canada, quand il s’intéresse de près au Bitcoin. Il entreprend donc un voyage aux États-Unis et en Europe pour rencontrer les acteurs du Bitcoin. En novembre 2013, il publie un livre blanc où il explique le projet Ethereum. Puis lui et ses associés montent une fondation qui, grâce à un crowdsale d’éther, lève environ 18 millions de dollars. La chaîne de bloc (ou « blockchain ») est lancée en août 2015. Après cette phase, appelée « Frontier », vient en mars 2016 « Homestead » (active, à l’heure actuelle) : néanmoins, elle reste à disposition des développeurs. Les prochaines phases, « Metropolis » et « Serenity », s’ouvriront quant à elle au grand public.
Bitcoin et Ethereum

Mais alors, qu’est-ce qu’Ethereum ? Son créateur répond par deux formules. Il parle d’un côté d’ordinateur mondial : Ethereum constitue alors un réseau formé par les ordinateurs des utilisateurs, qui ne transite pas par un centre de traitement des données. D’un autre côté, il définit Ethereum comme « une blockchain qui comprend un langage de programmation ». Il faut savoir qu’Ethereum, pour fonctionner, a été programmé dans un langage dédié et complet qui s’appelle « Solidity ».

On comprend en ce sens que, contrairement à Bitcoin, Ethereum ne vise pas spécialement à être une monnaie cryptographique. En fait, cet « ordinateur mondial » permet (et permettra) d’effectuer plusieurs tâches, pour lesquelles l’utilisateur sera rémunéré. Ce dernier, en effet, participe activement à la bonne marche du réseau : il possède du matériel et apporte sa puissance de calcul. Il reçoit en contrepartie ce que Vitalik Buterin appelle un actif virtuel, appelé l’éther. Il pourra alors l’échanger contre des euros, ou par exemple utiliser des applications. Parmi les tâches permises par Ethereum se trouvent donc les dApps et la DAO.
dApps et DAO

Un concept reste capital pour comprendre à la fois Ethereum et les dApps : le « smart contract ». Pour faire simple, c’est un contrat passé par exemple entre A et B durant une transaction. Seulement – et c’est là l’une des nombreuses innovations d’Ethereum – les autres blockchain ne partageaient entre les utilisateurs que des données. Or, sur Ethereum, on partage des lignes de code programmables. Toute juridiction est de fait assurée par le code. La phrase de Lawrence Lessing, « Code is Law », prend ici tout son sens.

Ethereum : une vraie disruption ?

Le mystère inhérent à une innovation comme Ethereum vient de ceci qu’elle inaugure des pratiques complètement nouvelles en termes d’économie du partage, d’institutions, de hiérarchie, voire de politique. Cela procède naturellement de la technologie blockchain, dont Ethereum constitue déjà l’expression la plus élaborée. Où se situe la véritable disruption ? On peut facilement penser que la technologie blockchain, puisqu’elle implique l’absence d’un intermédiaire centralisé, réalise les possibilités d’une économie du partage et une relation toujours plus horizontale entre les utilisateurs. La banque, pour ne citer qu’elle, n’existerait plus, ou alors devrait se réinventer. Néanmoins, Ethereum ne se construit pas en dehors de tout circuit commercial et financier traditionnel. Plusieurs banques suivent le projet, voire même y participent. Si, comme on l’a vu, toute juridiction sur Ethereum est déterminée par le code, toute institution traditionnelle, notamment légiférante, s’avère désuète. En cela, Ethereum constitue un paradis libertaire, pour ne pas dire libertarien.

L’ETHER,ETH, EST UNE CRYPTO-MONNAIE COMME LE BITCOIN, UTILISE DANS UNE BLOCKCHAIN
Pour aller plus loin :
L’interview de Vitalik Buterin
Un article sur le digital labour
Une émission de France Culture sur le digital labour
