Anne Kessler : Une femme, mille visages de Molière Théâtre de la Concorde Paris

Du mardi 04 février 2025 au mercredi 12 février 2025 :
Public jeunes et adultes.
Au Théâtre de La Concorde, Anne Kessler sublime La Femme dans toute sa complexité en incarnant les plus grandes héroïnes de Molière, dans une performance où théâtre et dessin se mêlent avec grâce

Avec cet hommage à la Femme, Anne Kessler, sociétaire honoraire de la Comédie Française, incarne de grandes partitions féminines du répertoire de Molière et les donne à voir comme la métamorphose d’une seule et même femme au gré du temps, au fil de la vie. Riche d’un long parcours théâtral, l’actrice a privilégié des rôles qu’elle n’a jamais joués et qu’elle embrasse ici dans un même élan. Ce choix lui permet de créer une connivence immédiate avec les spectateurs et de les emmener pendant une heure dans ce condensé de vies, se dédoublant avec la gourmandise des enfants qui « jouent à…». Au milieu d’un plateau aux nuances multiples, Anne Kessler exécute un geste théâtral qui va de pair avec l’épure du dessin.

D’après Anne Kessler

“Louison, Agnès, Armande, Henriette, Arsinoé, Célimène, Elvire, Madame Pernelle, Dorine… toutes si différentes mais qui viennent d’un seul et même cœur, celui de Molière. Dans ces Ex-traits de femmes, j’aimerais donner l’impression qu’elles ne sont qu’une seule et même personne à différents moments de sa vie, ou bien qu’elles sont sœurs tant elles ont cet air de famille qui les font se reconnaître entre elles et que perçoit le monde dans leurs expressions communes. Un seul et même texte aussi, en imaginant que la plume de Molière n’a pas quitté sa main, guidée par son inspiration, pour déposer ces portraits dans un seul et même tableau. Le dessin animé accompagne le jeu, pour dire l’inconscient, l’indicible, pour faire apparaître les fantômes. Le trait, pour relier entre elles toutes ces personnes qui trahissent, mentent, questionnent, sondent, se livrent, en un mot, qui aiment. Une vie en une heure, une heure de vie.”

Les figures féminines du répertoire Moliéresque expliquées par Claire Lempereur

Enfermées, soumises à l’autorité d’un père, d’un mari…, les figures féminines du répertoire moliéresque ne sont pas pour autant des personnages fantoches. Seules, ou plus souvent unies, elles déjouent les projets du maître de maison, usent des stratagèmes les plus fous et n’hésitent pas à se mettre elles-mêmes en scène pour parvenir à leurs fins. Au sein de la troupe de Molière, les décisions se prenaient de manière collégiale ; femmes et hommes étaient égaux dans le choix des œuvres, la distribution des rôles, le montant des parts, le partage des biens et la responsabilité financière : une sorte d’idéal démocratique, en somme, qui sera inscrit dans les statuts de la Comédie Française en 1680. Entouré de femmes cultivées et indépendantes, le dramaturge ne pouvait rester insensible à la condition féminine, qu’il met au centre de plusieurs de ses grandes comédies.

Le dramaturge reprend des thèmes discutés dans les salons de son temps, notamment l’éducation des femmes, mais aussi les questions du désir, de la jalousie, ou encore du cocuage. Molière peint ainsi des femmes de tout âge, de tout statut : des bourgeoises, des servantes, des pédantes, des amoureuses, des lettrées… Mais pas, ou peu, de mères, excepté l’acariâtre et dévote Mme Pernelle du Tartuffe qui ne peut souffrir sa bru Elmire, la cupide Béline du Malade imaginaire et la perspicace Mme Jourdain du Bourgeois gentilhomme.

Cette absence laisse les jeunes filles totalement livrées au pouvoir du père et interroge sur la sororité de ces douces figures que sont Agnès (L’École des femmes), Mariane (Le Tartuffe), Lucile (Le Bourgeois gentilhomme), Célie (Sganarelle ou le Cocu imaginaire) ou encore Angélique dont Louison, cadette espiègle, tente de se faire la complice mais peine à résister aux assauts d’Argan (Le Malade imaginaire). Ces dernières parviennent à échapper à un mariage forcé grâce à la perspicacité et aux ruses de leurs servantes que Molière, dans la tradition des servantes de farce, peint « un peu trop forte[s] en gueule[s], et fort impertinente[s] ». Quatre soubrettes dominent son théâtre : Martine (Le Médecin malgré lui), Toinette (Le Malade imaginaire), Nicole (Le Bourgeois gentilhomme) toutes en provocation, et Dorine (Le Tartuffe) qui s’oppose plus frontalement encore au maître de maison. Dans sa pièce intitulée Le Mariage forcé, Molière inverse les rôles et offre le portrait d’une jeune fille extrêmement libre sur la question du mariage – auquel devra se résoudre Sganarelle.
De nombreuses autres femmes aspirent au désir et à l’indépendance : Elvire, amoureuse bafouée par Don Juan, Agnès, séquestrée en secret par Arnolphe dès son plus jeune âge (L’École des femmes) qui puise en elle les ressources de son émancipation, ou encore Célimène du Misanthrope pour qui le veuvage est un puissant allié dans la recherche de liberté, en dépit des avertissements de la prude Arsinoé. Quant à elle, la Princesse d’Élide, férue de chasse, rebelle à l’amour et au mariage, s’emploie à éprouver l’âme d’apparence insensible du prince d’Ithaque jouant la froideur, inconsciente que ce jeu peut la mener à l’amour. Dans Les Femmes savantes, dernière grande pièce de Molière consacrée aux femmes, le schéma patriarcal et l’équilibre familial sont mis à mal. Si Philaminte et sa fille aînée, Armande, cultivent leurs savoirs, Henriette, la cadette, courtisée par Clitandre, ne saurait renoncer pour autant aux joies du mariage. Mais un fil les relie, peut-être, celui de l’amour sincère auquel toutes rêvent encore en secret…

Horaire : année-mois-jour-heure
début : 2025-02-04T01:00:00+01:00
fin : 2025-02-13T00:59:59+01:00

Réservation

https://theatredelaconcorde.paris/evenements/ex-traits-de-femmes-avec-anne-kessler/

Théâtre de la Concorde 1-3 avenue Gabriel 75008 Paris

Contact :

Christophe Raynaud de Lage