Du samedi 17 janvier au dimanche 17 mai 2015, le Musée des Beaux-Arts de Rennes met en lumière le peintre français Gilles Aillaud dans une exposition monographique. Elle est réalisée sous la direction d’Anne Dary en collaboration avec le musée Estrine de Saint-Rémy de Provence et le Frac Auvergne. Présentation de l’artiste et de l’exposition.
Né en 1928, Gilles Aillaud se met très tôt à peindre et dessiner. Après des études de philosophie, il revient à la peinture en 1949 pour ne jamais cesser de créer. Il peint dans la plus grande discrétion avant d’inscrire son nom dans le mouvement de la figuration narrative, né dans les années 60, et qui prône un retour à une nouvelle figuration. Sa contribution au Salon de la jeune peinture de 1964 à 1972 fait de lui un des artistes les plus engagés de ce courant.
Je peins des choses. Je serais incapable de peindre des idées.
Dix ans après sa disparition, le musée lui consacre une exposition, première rétrospective de son œuvre, afin de découvrir ou redécouvrir ses peintures. Les différents aspects de son œuvre envahissent l’ensemble des salles du rez-de-chaussée, divisant l’exposition en cinq parties.
Non seulement peintre, il était également dessinateur, poète, graveur, écrivain et scénographe, le musée rend hommage à chacun de ses talents. Un sens de visite donne la voie et emporte le visiteur dans un tourbillon pictural et graphique à travers chaque étape de l’exposition. Le public parcourt les salles comme s’il parcourait un livre sur Gilles Aillaud, et découvre une nouvelle facette de son art à chaque nouveau chapitre.
Sa peinture s’exprime sous la forme de petits et grands formats où, tour à tour, la gouache, l’acrylique, la peinture à l’huile et l’aquarelle deviennent son matériau. Dans ses toiles, il peignait ce que la vie donne à voir : quelque chose à la fois paisible et sauvage. Aujourd’hui, entre les murs du Musée des Beaux-Arts, c’est une vision de l’être au monde qui est représentée. Entre ossature déminéralisée, esprit animal, panorama temporaire et incidente rupture de rythme.
L’exposition commence par une « entrée en peinture » qui donne l’occasion au visiteur de contempler les traces de ses débuts, avant de laisser la place au « peintre de l’animal ». Depuis son plus jeune âge, il dessinait des animaux ; ce thème restera un de ses sujets de prédilections, omniprésent tout au long de sa carrière. Il ne cherchait pas à faire passer un message ou à donner des leçons de morale : les animaux demeurent silencieux, à l’image de sa peinture.
Son rôle de dessinateur et lithographe prend ensuite le relais, le même sujet se répétant inlassablement, développé de manière graphique et poétique dans le temps et l’espace. Les quatre tomes de L’Encyclopédie de tous les animaux y compris des minéraux, réalisés entre 1988 et 1990, montrent une nouvelle fois son attachement au thème de la vie sous toutes ses formes. Il aimait travailler la nature quelle qu’elle soit et cette série de lithographies en noir et blanc en fournit un parfait exemple.
Le parcours se poursuit avec lui en « homme de théâtre ». Non seulement réalisateur de costumes et de décors, sa contribution originale à partir de 1972 a révélé une grande variété des approches graphiques dans les affiches qu’il a réalisées.
Après avoir traversé les salles qui entourent le rez-de-chaussée, le visiteur se retrouve au point de départ. L’exposition se termine dans le patio et le peintre animalier se transforme en paysagiste. « Le peintre du paysage » envahit l’espace avec des tableaux où la terre et la mer se partagent la toile dans un accord parfait, avec l’esprit de l’animal qui inspire de loin en loin. Gilles Aillaud était, selon Pierre Morel, « le peintre d’une idée de paysage autant que le peintre de paysage. » (citation tirée du Catalogue de l’exposition Gilles Aillaud, le proche et le lointain, 1998).
De janvier à mai, les couleurs et la matière vibrent avec subtilité dans chaque coup de pinceau, dans chaque détail que Gilles Aillaud a pu créer. La douceur des couleurs accompagne l’étonnant travail de perspective et laisse le spectateur admiratif face à cette peinture silencieuse et contemplative. Il ne reste plus qu’à suivre le chemin indiqué et se laisser emporter dans ce flot pictural.