L’exposition Le Voile du Palais explore la voix comme technologie organique du corps et l’enregistrement comme technologie mécanique de la voix à travers une sélection de dix artistes internationaux. L’exposition Le voile du Palais est présenté par le Bon Accueil en accès libre à Rennes du 18 novembre au 18 décembre 2021 au PHAKT et à Edulab – Hôtel Pasteur.
Au travers une sélection d’artistes, notamment inspirée par les œuvres de J. Verne, G. Leroux, mais aussi de H. de Balzac, A. Rimbaud ou J. Cocteau, « Le voile du palais » propose d’explorer le rapport entre voix et technologie, qu’elle soit organique ou mécanique. Soit la voix comme technologie du corps et l’enregistrement comme technologie de la voix.
Cylindre enregistreur à noir de fumée des collections de l’Université de Rennes 1, Phonautographe revisité sous forme d’installation sonore et visuelle par Void, référence à Gaston Leroux, dessinent un parcours entre art histoire des médias et littérature laissant également la part belle aux fantômes et à l’imaginaire lié à la possibilité de mettre les voix en boîte.
« Le Voile du Palais » s’inscrit dans le cadre de la programmation « On the Sensations Of Tone » visant à repenser l’histoire des arts sonores et multimédia au prisme de l’histoire de l’acoustique moderne, physique et physiologique, en se basant sur une approche archéologique centrée sur les appareils scientifiques d’enregistrement et de mesure inventés au 19e siècle.
Œuvres présentées
Mathilde Lavenne – ARTEFACT #o/ Digital Necrophony
Mathilde Lavenne – ARTEFACT #o/ Digital Necrophony, 2016
Installation sonore et vidéo, cylindre de marbre, moteurs, vidéoprojecteur, dispositif numérique, dimensions variables.
ARTEFACT #o/ Digital Necrophony est une installation sonore et numérique qui s’inspire du phonographe d’Edison, dont elle emprunte la forme mais en transforme le dispositif cherchant à capter à travers les ondes, les fréquences, les vibrations des messages d’une autre dimension. L’installation s’inscrit dans une démarche de recherche archéologique du médium, de la communication et de l’émergence d’un questionnement métaphysique lié à l’instrument scientifique.
Production : Le Fresnoy.
https://www.mathildelavenne.com/
Void, Sara
Void, Sara, 2021
Dispositif mécanique, bande son, papier sur cylindre, 280cm.
SARA, acronyme de Souvenir Archival Recording Apparatus, est un projet du collectif VOID consistant à collecter la parole et l’inscrire sur un cylindre à noir de fumée directement inspiré du phonotaugraphe de Edouard Léon-Scott de Martinville imaginé au milieu du 19ème siècle. Au fur et à mesure de l’exposition les voix collectées viennent s’inscrire sous la forme d’un “sillon” blanc sur le cylindre de plus de 2 mètres de haut. Dans cette exposition il rappelle les origines de l’enregistrement de la parole, et les campagnes d’enregistrement de la parole. https://www.collectivevoid.com/
Julien Nédélec, Sculptures pour phonèmes (abcdr)
Julien Nédélec, Sculptures pour phonèmes (abcdr), 2013
Sculptures en plâtre coloré, dimensions variables.
Cet ensemble de 5 petites sculptures en plâtre rappelle, sous une forme extrudée et colorée, les inscriptions graphiques de phonèmes réalisés à l’aide d’un laryngographe et autres labiographes utilisés dans les laboratoires de phonétique.
En associant une couleur à chaque phonème l’œuvre éveille le souvenir de la synesthésie artificielle et du poème «Voyelles» d’Arthur Rimbaud : «A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles.»
https://julien-nedelec.net/wordpress/
Rainier Lericolais, Plunder modern
Rainier Lericolais, Plunder modern, 2017
Série de collages sur carton, 40x50cm.
Les collages et dessins de l’artiste, reprenant parfois des éléments tirés du cubisme font écho à une idée de corps démembrés puis rassemblés. Réunis sous ce que l’on pourrait appelé la “voix démembrée”, les œuvres proposées par Rainier Lericolais reposent sur cette idée de corps composite évoquant également le cut-up, la possibilité, grâce à l’enregistrement, la copie, de pouvoir manipuler image et son.
https://www.galeriethomasbernard.com/fr/artistes/oeuvres/16328/rainier-lericolais
Gert Aertsen, The Alphabet of Nature
Gert Aertsen, The Alphabet of Nature, 2016.
Compresseur, impresssion 3D, structure bois, dimensions variables.
L’installation The Alphabet of Nature s’inspire d’Alphabeti veri naturalis hebraici brevissima delineatio, de Franciscus Mercurius van Helmont publié en 1667. L’artiste à partir de ce texte, affirmant que l’alphabet Hébreux reproduit la forme du palais, a créé une installation sonore composée de sorte “d’appeaux pneumatiques” permettant de reconstituer ce qui serait la langue d’Adam.
http://lahaag.org/
Richard Marnier, Abécédaire formel
Richard Marnier, Abécédaire formel, 2006
26 sculptures en P.V.C ivoire, dimensions variables, bois, 82x50cm.
L’Abécédaire formel de Richard Marnier évoque dans cette exposition le développement au 19ème siècle de la « méthode graphique », imaginée par Etienne-Jules Marey à qui l’on avait confié de la transposer dans le domaine de la phonétique, afin d’examiner les mouvements du système phonatoire. L’œuvre de l’artiste se présente un peu à la manière d’un coffret d’échecs contenant des pions couleur ivoire. Ce sont en fait des modélisations en volume de la prononciation des 26 lettres de l’alphabet ainsi que les diphtongues qui ont été tournées en utilisant comme modèle le profil obtenu par visualisation à l’aide d’un logiciel de son.
https://www.richard-marnier.fr/
Aleksander Kolkowski & Lorè Lixenberg, Croak Gounod Croak : an anuran amphibian aria
Aleksander Kolkowski & Lorè Lixenberg, Croak Gounod Croak : an anuran amphibian aria, 2020
Deux disques 78 tours pour Gramophone, Gramophone HMV.
composition exécution Aleksander Kolkowski & Loré Lixenberg (voix).
L’œuvre réalisée pour l’exposition est directement inspirée du Fantôme de l’opéra et du passage où sur scène un “crapaud” s’échappe de la gorge de Christine Daaé lors d’une représentation de Faust. Elle renvoie également au Faust de Charles Gounod qui fut un des opéras le plus joués au 19ème siècle et figurant parmi les disques emmurés en 1907 sous l’opéra Garnier.
https://www.mpiwg-berlin.mpg.de/users/akolkowski
Martin Riches, Singing Machine
Martin Riches, Singing Machine, 2010
Installation sonore et visuelle, dispositif électromécanique, électronique, 60x30x40cm.
Inspiré par les recherches du savant Von Kempelen (1734-1804), l’artiste installé à Berlin élabore des machines de synthèse vocale. La Singing Machine, entièrement mécanique, reproduit un organe vocal complet. Automate dépouillé, il reproduit mécaniquement ce qui semble l’apanage des humains : la parole articulée.
http://martinriches.de/singmore.html
Melissa Dubbin & Aaron S. Davidson, You Love Me Truly
Melissa Dubbin & Aaron S. Davidson, You Love Me Truly, 2010
Urne funéraire en porcelaine pour Ada Eugenia von Böös-Farrar (1873 – 1966) dont le pourtour a été gravé du sillon de sa voix, 15.2 x 24.1cm.
La sculpture est une urne funéraire destinée à recevoir les cendres de la chanteuse Eugenia Farrar dont la voix fut la première à être diffusée par radio par l’ingénieur Lee DeForest en 1907 aux Etats-Unis. Son chant fut capté par un marin qui cru entendre la voix d’un ange sortir de sa radio. La famille du marin hérita des cendres de la cantatrice en 1966. En 2010, Les deux artistes furent commissionnés pour offrir une urne aux restes de la chanteuse. Ils décidèrent de l’envelopper de sa voix en faisant graver comme sur un cylindre de phonographe la voix de la chanteuse sur le pourtour de l’urne en porcelaine.
https://dubbin-davidson.com/
L’exposition Le voile du Palais est à voir à Rennes du 18 novembre au 18 décembre 2021 au PHAKT et Edulab – Hôtel Pasteur, Rennes, gratuit.
Commissariat : Le Bon Accueil – Reverb
Production : Le Bon Accueil – Reverb, PHAKT centre culturel Colombier
Partenaires : Edulab