Au Musée des Confluences de Lyon, les expositions temporaires s’enchaînent, mais ne se ressemblent pas. C’est au tour de Carnets de collections de faire son entrée au premier étage du musée. Jusqu’au 9 septembre 2018, le musée dévoile ses trésors cachés. Présentation d’une exposition intimiste.
Quelques semaines après notre première visite, le musée des Confluences de Lyon ne désemplit pas et le public est au rendez-vous. Au vu de la file d’attente à l’entrée de la salle, l’exposition Venenum, un monde empoisonné (voir notre article), est toujours aussi prisée. Au même étage, sa petite sœur a vu le jour et n’est pas en reste. Plus petite par sa taille, elle est néanmoins d’une richesse scientifique et esthétique certaine. Carnets de collections change le ton et fait pénétrer les visiteurs dans l’intimité des réserves du musée. Dans une ambiance sobre, l’histoire et la vie secrète des objets du musée des Confluences sont dévoilées.
Héritières du Museum d’Histoire naturelle Émile Guimet, fermé en 2007, pas moins de deux millions d’objets alimentent aujourd’hui les collections. En cinq siècles d’acquisitions, le fonds du musée est parmi les plus abondants de France. De quoi largement nourrir une exposition. Considérée comme une suite à la précédente exposition Dans la chambre des merveilles, laquelle illustrait la naissance de l’esprit scientifique dans les cabinets de curiosités du XVIIe siècle, le musée se tourne cette fois-ci vers le XIXe, période où les collections ont justement acquis cette valeur scientifique.
La vie des objets
D’où viennent-ils ? À qui appartenaient-ils ? Et surtout, que racontent-ils ? Mis en scène à plusieurs reprises dans des expositions aux thématiques diverses, les objets issus des collections sont également sujets d’études et permettent de mieux comprendre le monde qui nous entoure. En invitant le public à entrer dans les coulisses du musée, la double vie des collections est en quelque sorte mise à nue. Distribuée dans trois espaces, l’exposition aborde tour à tour six thématiques où les collections du musée constituent le fil d’Ariane. Soucieux de dévoiler progressivement l’histoire de ses réserves et de dresser un portrait aux doux effluves de confidences, le musée convie le visiteur à s’interroger également sur le rôle des institutions muséales.
D’où viennent les objets ?
Marqué par le développement des voyages et des missions scientifiques en France et à l’étranger, c’est au XIXe siècle que nombre d’objets, toutes disciplines confondues (géologie, paléontologie, archéologie, entomologie…), ont rejoint des réserves spécifiques en raison de leur intérêt scientifique. Alors qu’un squelette d’Ours des cavernes retrouvé en Ariège accueille le public dans le premier espace, divers instruments, comme les lunettes de « Berland » avec loupes réglables, des vases en terre cuite ou encore une lampe en métal d’Asie (découverte à Damas, Syrie) illustrent le discours de la partie « Le terrain comme mode d’acquisition privilégié ».
Après les collectes et les fouilles viennent les collectionneurs. Les dons des particuliers et des passionnés ont nourri et enrichi les collections. Pour les missionnaires, ils étaient considérés comme des témoins de leurs actions sur le terrain tandis que pour les militaires ils permettaient de comprendre les pays colonisés.
Que racontent les objets ?
Chaque objet raconte une histoire. Mais quelle histoire ? Divers champs de recherches sont passés au crible sous les lumières tamisées de la vitrine « Recherches scientifiques passées et actuelles ». Reconstituée pour l’occasion, la Sépulture de Koban, présentée dans l’exposition permanente Eternités, a lancé le projet ORIMIL en 2013. Cette étude porte sur l’origine et le développement du millet du Néolithique à l’âge de Fer. En parallèle, des chercheurs de Montpellier s’interrogent actuellement sur les couleurs du plumage des colibris et leur fonction. Qu’en est-il de cette momie d’ibis et en quoi renseigne-t-elle la théorie de l’évolution des espèces ? Et, que nous apprennent les fossiles de Cerin, vieux de 150 millions d’années dont l’intérêt paléontologique est irremplaçable ?
Et demain ?
« Que devrons-nous retenir de notre passage sur terre pour les générations qui vont se succéder ? » Un final qui dévoile les dernières acquisitions du musée et montre, par la même occasion, sa politique d’acquisition, à l’image de ses collections : valoriser le passé sans oublier de penser à l’avenir. Place à l’Art contemporain avec les œuvres de l’artiste inuite canadienne Kenojuak Asevak (1927/2013) Owls Together (1994) qui rencontrent celles de l’artiste Daloda Efiaimbelo, Poteaux funéraires aloalo (2008).
Le clou du spectacle : une création lyonnaise. Le spectrographe 3D SAURON pour l’étude des galaxies. Bref, un aperçu enthousiasmant de ce que seront les collections de demain et de ce que la recherche nous réserve encore.
Carnets de collections, une exposition temporaire au musée des Confluences, Lyon, du 16 mai 2017 au 2 septembre 2018
Musée des Conluences, 86 quai Perrache, 69002 Lyon – France
(+33) 04 28 38 12 12
Horaires :
du mardi au vendredi de 11h à 19h
samedi et dimanche de 10h à 19h
jeudi nocturne jusqu’à 22h