L’exposition Women and queer in skinhead scene présentée à Sciences Po Rennes du 19 au 23 novembre 2018 revient sur le mouvement skinhead. Il apparaît à Londres au milieu des années 1960. Descendants des Mods, les précurseurs commencèrent dès l’année 1964 à porter simultanément ce qui deviendra l’uniforme skinhead : polo ou chemise, jean retroussé, bretelles, boots. Women and queers in skinhead scene est une exposition itinérante mais aussi un projet de deux étudiantes, Marion Cazaux et Lena Widehem.
Les skinheads voulaient casser la vision idéalisée de la jeunesse en mélangeant une élégance qui leur était propre avec des habits de travail pour rappeler leurs origines sociales prolétaires et exprimer leur rejet de la société. Leur rencontre avec les Rude Boys, issus de l’immigration Jamaïcaine, leur permettra d’enrichir leur contre-culture par un métissage culturel et musical qui donna véritablement naissance au mouvement skinhead, et dont le nom fût utilisé pour la première fois en 1969.
Le mouvement skinhead est marqué, comme toutes contre-cultures, par l’importance de l’auto-représentation. La ou le skinhead se met en scène, en respectant les codes imposés au fil de son histoire : le style vestimentaire, les tatouages ou les références musicales sont partagés comme des symboles et permettent aux skinheads de se regrouper et de se comprendre.
De cette rigueur esthétique est née une véritable iconographie skinhead que plusieurs artistes reprennent en l’adaptant à leur technique et leur medium. La culture artistique liée à ce mouvement est intéressante en plusieurs points mais, ici, nous nous attarderons sur la question du genre. En effet le mouvement skinhead connaît une sur-visibilisation des hommes censés incarner la virilité et la force ; tandis que la skingirl est plutôt une figure passive et érotisée.
Nous voyons donc plusieurs points de concordance avec l’histoire de l’art : sur-représentation des hommes symbolisant la figure du grand artiste, de l’artiste-créateur, tandis que la femme est reléguée au rôle de sujet, d’objet, au mieux d’assistante. Si le groupe des Guerilla Girls, par exemple, essaie de secouer le milieu de l’histoire de l’art et des musées pour retrouver les femmes artistes et les valoriser, qu’en est-il du milieu skinhead ?
Le sujet de cette exposition est de questionner la place des femmes, mais aussi des queer dans le mouvement skinhead, et d’en proposer des représentations et des interprétations.
L’exposition déjà présentée à Pau, Lille, Bruxelles et Paris lors de sa première édition revient en version augmentée.
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