Les Champs Libres de Rennes, en partenariat avec Sciences Po Rennes et le journal Le Monde, organisent la quatrième édition du festival Nos futurs du 21 au 23 mars 2025. Cet événement unique offre aux lycéens et étudiants une plateforme pour exprimer leurs idées, partager leurs préoccupations et ouvrir le débat sur les grands défis que nous avons à affronter collectivement, individuellement mais aussi intimement. Rencontre avec la jeunesse au cœur de l’événement.
Depuis sa création, le festival Nos futurs s’est imposé comme un rendez-vous unique. « Nos futurs, c’est forcément la métamorphose », souligne Corinne Poulain, directrice des Champs Libres. Depuis quatre éditions, le festival porte la parole d’une jeunesse engagée et pleine de désirs, qui souhaite faire entendre sa voix sur les problématiques sociétales, politiques et sociales qui la touchent. Chaque année, elle prend le visage des jeunes qui s’occupent de l’édition et construite avec leurs sensibilités, leur expérience personnelle et leurs convictions. Le festival est fait par les jeunes, mais cette année ils ont souhaité insister sur l’importance du dialogue intergénérationnel en précisant « pour tout le monde » sur l’affiche.

Épaulés par les équipes des Champs Libres et du journal Le Monde, 300 jeunes sont impliqués dans la préparation de l’édition 2025. « Ce sont eux qui programment, choisissent les thèmes, invitent des personnalités inspirantes et partagent des initiatives novatrices avec le public. » Plusieurs formats sont proposés : Animés par les jeunes du territoire, les Penser autrement traitent d’un sujet pendant 45 minutes dans un format propice à l’échange ; les grandes assemblées sont des rencontres dans l’auditorium des Champs Libres ; des formats divers (kiosques, ateliers, performances, etc.) proposent de se rencontrer et d’échanger avec des personnes investies autour de nombreuses thématiques. Pour la première fois, le festival a obtenu un accompagnement financier de trois ans de la part le Ministère supérieur de la Recherche, une première en France au niveau de l’enseignement supérieur. Unidivers a rencontré des jeunes qui proposeront des événements ce weekend.
« Cycle menstruel et douleurs : réinventer son quotidien », samedi 22/03 de 15h à 15h45 – Vie du citoyen
Ambre Taligot, en deuxième année à l’EESAB, a participé à la création des affiches de l’édition 2025. C’est en comprenant à qui était adressé l’événement Nos Futurs qu’elle a souhaité s’investir et prendre la parole sur un sujet qui la touche personnellement. Victime de douleurs menstruelles, elle a souhaité témoigner en tant que malade chronique sans diagnostic. « Pendant un moment, je n’en parlais pas, puis j’ai commencé à ne plus avoir de tabou par rapport à ce sujet, que ce soit pour parler de douleurs pendant les rapports sexuels ou mes échanges avec les médecins », raconte-t-elle. « J’ai fini par prendre l’habitude de parler assez franchement pour éviter à des personnes de mon entourage de se retrouver dans la même situation d’incompréhension. »
Aux côtés de Gaëlle Baldassarie, fondatrice du programme « Kiffe ton cycle » et de Marguerite Morel-Flouzat, sage-femme à la clinique de la Sagesse de Rennes, elles aborderont ensemble à la fois son témoignage personnel, mais aussi des données scientifiques et son rapport au corps, dans une volonté de libérer la parole à ce sujet. « L’organisation de Nos futurs m’a donné envie de faire autre chose donc je me suis investie dans un nouveau projet de prise de parole. » Du 18 au 20 avril 2025, Ambre est aussi présente à Nancy pour une conférence plus axée sur le sport cette fois, dans le cadre d’un tournoi organisé par des écoles d’art. « Je veux sensibiliser en apportant un témoignage sur la manière dont je vis mon intégration dans une équipe de foot à travers mes douleurs menstruelles. »

« Nos Histoires, nos mots, notre pouvoir », samedi 22/03 de 17h15 à 18h – Vie du Citoyen
Ludovic Babas, en cinquième année à Science Po de Rennes, a fondé l’association Mazynasyon à la Réunion, dont il est originaire, en septembre 2024. Elle a pour objectif de réunir les îles de l’Océan Indien à travers la jeunesse. « On se pose la question de comment on se mobilise autour des questions de réappropriation du pouvoir d’agir. » La proposition faite à Nos futurs prolonge ces questionnements, notamment à travers les mots et les expériences personnelles. « C’est l’élément qui m’a le plus attiré, le fait de se demander comme on redonne la parole à chaque personne pour qu’elle puisse retrouver sa place dans l’espace public. »
Ayant déjà participé à Nos futurs 2024 en tant que formateur en art oratoire, il réunit cette année Gaëtan Zhang, président de Génération Panasiatique, Ikrame Mokdad, formatrice en art oratoire. Tous les trois créeront un dialogue autour de l’art oratoire et la parole sous le prisme des transformations sociales. « Très souvent, quand on entend des récits à notre sujet, on entend des récits en lien avec des déterminismes sociaux », déclare Ludovic. « Nous avions envie de montrer nos univers et dans quelle mesure on a la possibilité de s’émanciper des inégalités sociales en se réappropriant nos identités et nos récits. Dans la perspective de se dire qu’un monde peut être meilleur si on reprend place dans l’espace public. »
« On a été inclus dès le début dans chaque étape de la préparation. Ça m’a beaucoup formé, dans le sens où ça me donne des idées pour reproduire ce type d’événements à la Réunion. » Depuis janvier 2025, il a lancé avec Mazynasyon, Ludovic a lancé son premier programme dans lequel il forme 15 jeunes qui ont des projets comme la lutte contre la sédentarisation sur l’île Maurice ou pour la réinsertion des jeunes qui ont été en prison à Madagascar. Un événement sera organisé à La Réunion en juillet de cette année pour que cette jeunesse puisse aussi faire entendre leur voix. « Ce festival m’a donné des compétences et des visions pour les appliquer à mon projet associatif. »

« Violences sexistes et sexuelles : comprendre, prévenir et réagir avec l’association Syrennes », dimanche 23 mars 2025 en continu
Flavie Delahaie, étudiante en Sciences politiques à la fac de droit de Rennes, et Emmy Frenais, étudiante en droit dans la même fac, sont aussi secrétaires de l’association Syrennes, fondée en 2023. Elles seront présentes à Nos futurs afin de sensibiliser sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le monde du travail grâce à plusieurs ateliers accessibles à tous et toutes, enfants et adultes. La proposition s’inscrit dans les kiosques du dimanche en continu.
Seront notamment proposées une silhouette sur laquelle les personnes pourront indiquer leur zone de consentement ainsi que des mises en situation. Pour la première fois, l’association s’adressera à un autre public que celui universitaire. « Nos futurs est un projet qui s’inscrit dans nos valeurs et correspondaient à ce qu’on avait envie de faire dans l’année », précise Emmy Frenais. Flavie Delahaie ajoute : « On voulait trouver un projet qui parle à tout le monde et pas seulement aux étudiants. » Un mini micro-trottoir sera aussi mis dans l’espace des Champs Libres afin de recueillir les avis de tout le monde.

Atelier « Le handicap invisible un super pouvoir caché », dimanche 23/03 de 16h à 17h45 – niveau 6 de la Bibliothèque.
En service civique à la Ligue de l’Enseignement, Maelys Rochard anime le réseau de volontaires et a entendu parler de l’événement grâce à Jade, la coordinatrice de Nos futurs. Elle proposera l’atelier ludique et interactif « Le handicap invisible un super pouvoir caché« . Elle-même porteuse d’un handicap invisible, Maelys avait à cœur de prendre la parole sur ce sujet qui la concerne directement. « J’en ai parlé un peu dans le milieu scolaire l’année dernière, mais on ne raconte pas forcément le monde extérieur et le milieu professionnel », explique-t-elle. « J’étais en alternance l’année dernière et j’ai été confrontée à cette problématique. Parler aux recruteurs peut faire peur, les démarches administratives peuvent être lourdes donc je me suis dit que c’était le bon moment pour moi d’assumer cette différence-là, d’en faire une force. »
Au cours de l’atelier, Maelys expliquera ce qu’est le handicap invisible de manière général avant de parler de son expérience personnelle. « Le plus important pour moi était d’échanger avec les gens. Je voulais un atelier ludique et interactif. »

La brochure avec tout le programme est ici
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