Mardi 10 février, l’opéra de Rennes ouvrait à nouveau ses portes pour deux soirées d’« initiation à l’opéra ». Le thème ? L’unique œuvre lyrique de Ludwig Van Beethoven : FIDELIO. Unique à plus d’un titre ; c’est ce que Alain Surans, directeur des lieux s’est employés à démontrer à un public ravi.
Étonnant, n’est-ce pas, qu’un génie musical tel que Beethoven n’ait produit qu’un seul opéra dans sa vie. Alors que l’on connait l’aptitude éblouissante de sa musique à nous atteindre en profondeur, à initier en nous une réflexion sur l’humanité, tant elle est universelle.
Comme c’est habituellement le cas pour ces rendez-vous, baignoires et fauteuils d’orchestre étaient largement occupés et c’est par la présentation des chanteurs que commençait notre « leçon d’opéra ».

Divine surprise – mais nous l’espérions un peu… – Catherine Hunold était au nombre des artistes présents, plus radieuse que jamais après les éprouvantes représentations de Lohengrin. Elle n’était d’ailleurs pas l’unique protagoniste de cette distribution, puisque le baryton russe, Nikolaï Efremov qui tenait le rôle de Hérault du roi l’accompagnait. La basse Sulkhan Jaïani à la belle voix grave leur donnera la répartie en interprétant le rôle de Rocco, geôlier débonnaire et père de Marzelline, incarnée par Olivia Doray. Enfin, l’inévitable méchant, Don Pizzaro, auquel Lemuel Cuento, chanteur Phillipin, donnera corps avec vigueur.
Pour ce qui est du livret de ce « singspiel », il est de Joseph Ferdinand von Sonnleithner, inspiré d’un autre ouvrage de Jean-Nicolas Bouilly. Revenons tout de suite sur l’expression « singspiel », il s’agit d’une formule d’opéra plus légère où alternent parties chantées et courtes séquences parlées. L’illustration la plus évidente est sans doute la Flute enchantée de Mozart ou les dialogues entre Papageno et Papagena sont l’exemple le plus clair de ce qu’est un « singspiel. »

Au second acte, on découvre enfin Florestan, qui s’incline devant la volonté divine, et accepte son destin.Don Pizzaro descend dans les profondeurs de la prison pour accomplir son forfait, mais dans un acte héroïque, Léonore s’interpose, arme à la main. C’est le moment fort à propos que choisit Don Fernando pour apparaitre et rétablir la justice en libérant Florestan.

Le succès de Fidelio ne fut pas immédiat, peu s’en faut, puisqu’après la première représentation de 1806 il ne fallut pas moins de trois remaniements avant d’arriver à ce que l’on considère actuellement comme la version définitive.

Quel regret que cet opéra ne compte que deux actes tant il est plein d’émotion et d’exaltation ! C’est peut-être dans le caractère même de Beethoven qu’il faut aller chercher la relative impossibilité de s’exprimer sous cette forme musicale. Ludwig van Beethoven est un être qui s’affirme de manière péremptoire, il lui est difficile de s’étendre ou de délayer. Il est aisé de comprendre pourquoi chaque mouvement de ses neuf magnifiques symphonies sont des œuvres à part entière. Elles expriment exactement la pensée du musicien, elles vont directement au but. Dans la vie réelle, Beethoven n’était pas homme à tergiverser ou à se satisfaire des compromis ou des faux-semblants, il en est de même pour sa musique.
Pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’assister à l’une des deux représentations, reste la possibilité de se rendre sur le site de l’université de Rennes qui, comme à l’habitude, a gravé dans un peu d’éternité ces beaux moments que nous a offerts notre opéra breton.
