A priori 13 hours le nouveau film de Michael Bay s’inscrirait dans une certaine tradition de la mythologie américaine post « 11 Septembre » : face à nous les méchants que nous allons vaincre.
Le 20 octobre 2011 sous les coups de boutoir conjugués des milices libyennes et des aviations américaines, britanniques et françaises, Mouammar Kadhafi termine dans la poussière et ainsi se termine 42 ans d’une sanglante dictature. L’opposition structurée ayant été annihilée ou assassinée, le pays sombre dans le chaos organisationnel, auquel s’ajoutent des tensions entre les deux grandes régions antagonistes du pays, la tripolitaine (Tripoli) et la cyrénaïque (Benghazi) qui elle, a toujours revendiqué au minimum son autonomie, le tout mâtiné d’un islamisme anti-occidental d’abord tendance Al Qaïda puis plus récemment sous l’étendard de Daesh… La Libye est alors un pays déchiré, ultraviolent où les armes sont vendues au premier venu…
Le 12 septembre 2012, la représentation américaine de Benghazi où loge l’ambassadeur, avec un adjoint et quelques gardes sous la protection plus que médiocre d’une brigade locale à priori amie, subit l’attaque d’un groupe de miliciens islamistes. Le personnel de la représentation se réfugie dans les locaux dévastés par l’incendie allumé par les assaillants et tente d’appeler de l’aide.
À 2 km de cette première attaque, se trouve une base secrète de la CIA, protégé par six gros bras qui sont d’anciens Navy SEALs ( Sea, Air and Land, équivalents de nos nageurs de combat et autres troupes spéciales ) et ceux-ci sont appelés à la rescousse. Le film raconte leur intervention puis leur retour dans la base où ils vont subir un autre assaut encore plus violent qui sera l’occasion de scènes de combat façon « Soldat Ryan ».
Les hordes fanatisées se déversant, ivres de haine, sur les tenants du bon droit, font sans doute partie de l’angoisse plus ou moins consciente du monde occidental : pour preuve des films comme « les 55 jours de Pékin » ou « Khartoum » voire « Le dernier train du Katanga ». Beaucoup de questions restent posées quant au déroulement de cette affaire caractérisée par une certaine indolence du Pentagone qui visionnait par drone interposé tout le déroulement du combat sans beaucoup réagir, pour sans doute éviter à l’opinion libyenne de se cabrer…
L’atmosphère du film rend bien les tensions et les interrogations de ces hommes durs, revenus de beaucoup de guerres et qui souvent ont du mal à se réadapter à la vie civile. On ne peut s’empêcher bien sûr de penser à d’autres classiques du cinéma américain « Fort Alamo » « Black Hawk » ( le splendide chant Gortoz a ran de Denez Prigent en moins). Cela n’a sans doute pas échappé au réalisateur puisque ceux-ci seront cités par les protagonistes du film.
Les jeux de lumière rappellent parfois le cultissime « Zero Dark Thirty» (Ce film retrace la traque d’Oussama Ben Laden par la CIA qui se termine par la mort du chef terroriste en mai 2011. Ce film a été nommé à cinq Oscars dont celui du meilleur film en 2013) et Malte, où a été tourné le film, et rappelle toute la beauté architecturale des ex-colonies italiennes.
Une scène à la fin du film, une fois n’est pas coutume, souligne que l’ennemi est aussi un être humain qui a une vie et une famille. La Libye, malgré d’énormes dissensions trouvera sans doute un moyen de se pacifier et la solution viendra surtout d’elle même.
Un film d’action d’un spécialiste du genre, à voir sans regret…
Film 13 pour, Michael Bay, 2 h 27, date de sortie : 30 mars 2016
Titre original : 13 Hours: The Secret Soldiers Of Benghazi
Avec John Krasinski, James Badge Dale, Max Martini, Pablo Schreiber, David Denman, Dominic Fumusa
Interdit aux moins de 12 ans
Producteur de cinéma, Réalisateur, Michael Benjamin Bay (né le 17 février 1965) est un réalisateur et producteur américain. Il est surtout connu pour avoir réalisé des films d’action et catastrophe avec un gros budget, caractérisés par leur utilisation massive d’effets spéciaux et un patriotisme exacerbé. Ses films, qui comprennent Bad Boys, Armageddon, Pearl Harbor, et Transformers, ont rapporté plusieurs milliards de dollars dans le monde entier et ce malgré les critiques de cinéma hostiles à ce cinéma “grand public”. Ci-dessous une vidéo publicitaire américaine dans laquelle Michael Bay pratique l’auto-dérision.
crédit photos : paramount pictures