Après le succès de Kingsman Services Secrets sorti en en 2015, Matthew Vaughn revient avec une suite survoltée, mais sans réelle surprise. Servi par un casting de stars (notamment Jeff Bridges, Channing Tatum, Halle Berry et Colin Firth), le film Kingsman 2 Le Cercle d’Or reconnecte avec Eggsy (Taron Egerton), Merlin (Mark Strong) et les autres Kingsmen alors qu’ils font face à une nouvelle super méchante interprétée par Julianne Moore.
https://youtu.be/CLMoaX2img4
« Difficile d’être original deux fois de suite », c’est ce que déclarait le réalisateur Matthew Vaughn dans une récente interview. En 2015, Matthew Vaughn – à qui l’on doit également Kick Ass, X-Men First Class ou, encore, le sous-estimé Stardust – nous introduisait dans le monde loufoque d’une agence de renseignements pour gentlemen avec Kingsman : Services Secrets. Dans ce premier volet, les spectateurs suivaient les aventures de Gary « Eggsy », un jeune de la banlieue londonienne, tandis qu’il se formait à devenir un « Kingsman » – un espion nouvelle génération – sous les yeux observateurs de Galahad (Colin Firth) et de Merlin (Mark Strong).
Ce nouveau volet intitulé Le Cercle d’Or plonge à nouveau les spectateurs dans l’univers de l’Agence Kingsman et dans celui de ses alliés. En effet, après la destruction de leur quartier général, Eggsy et Merlin rencontrent les « Statesmen », leurs homologues américains. Les deux Agences vont devoir collaborer afin d’affronter une nouvelle ennemie nommée Poppy Adams (Julianne Moore) : une dealeuse qui détient le monopole mondial de la drogue.
Alors que Matthew Vaughn n’avait jamais réalisé de suite à ses films (il a laissé la réalisation de Kick Ass 2 à Jeff Wadlow, le réalisateur de Never Back Down, et la suite de X-Men à Bryan Singer) a-t-il réalisé son pari de faire de Kingsman le Cercle d’Or une suite digne du premier tout en se renouvelant ?
Un scénario divertissant, assez crédible, mais sans grande ambition
Le Cercle d’Or ? Une association de méchants très méchants qui déboule dans le scénario, comme un peu sortie de nulle part… Cela permet à ce Kingsman 2 de réutiliser facilement les thèmes du premier film autour de l’axe principal : la place du sacrifice (un Kingsman est prêt à sauver le monde). Dans ce but, le scénariste fait table rase du premier volet en détruisant les Kingsmen et tout ce qui les rattache au sol britannique afin d’introduire leurs équivalents américains dont la couverture est une joyeuse distillerie (loin des tailleurs anglais…). Bref, le scénariste a repris les mêmes et recommence l’histoire sur un autre continent. L’arrivée des agents Tequila, Whiskey ou encore Champagne, est l’occasion d’expliquer le passé des deux agences et leur connexion. À la clé : de nouveaux gadgets, un nouveau mode de fonctionnement et donc, une nouvelle intrigue.
Ici, il ne s’agit plus d’un milliardaire effrayé par la peur du sang et de la violence, mais d’une dealeuse détenant le monopole mondial de la drogue. Matthew Vaughn utilise ces grands méchants gaillards du Cercle d’Or pour construire une critique (approfondie ?) de la société. Alors que Kingsman 1 s’axait sur les nouvelles technologies, Kingsman 2 se concentre sur la société de consommation, de l’alcool à la drogue. Vaughn émet également de loin en loin une dénonciation de la politique américaine menée par le président des États-Unis nouvellement élu. Mais cette critique pourra paraitre un tantinet légère…
Question violence, Kingsman 2 en regorge à l’image du premier. Mais le tout est voilé par des points de vue assez audacieux. Très peu de sang, plutôt un arc-en-ciel de bleu et d’orange (on se souvient des feux d’artifice dans le premier volet). La couleur permet à Vaughn de minimiser, voire de détourner le regard du spectateur de la violence, et d’apporter une touche de fantaisie à son film. Il est bien aidé par la photographie de Georges Richmond fort agréable à regarder ; les scènes de bagarres sont réussies, notamment la scène de la course poursuite du début scandée par la musique d’Henry Jackman (et accessoirement celle d’Elton John).
Enfin, Kingsman 2 fonctionne avant tout sur l’humour – avec des blagues et des jeux de mots qui fusent à tout-va – et des retournements de situations qui s’enchaînent – certains plus surprenants que d’autres…
Les suites fonctionnent grâce à leurs personnages…
Le public aime suivre les aventures des personnages auxquels il s’est attaché et découvrir leurs passés et leurs actualités. Ce que Matthew Vaughn expliquait au site américain Deadline : « ce sont les personnages qui rendent une franchise unique ».
Ce deuxième opus remplit avec succès ce rôle. Kingsman 2 permet à Taron Egerton d’améliorer son jeu en incarnant un Eggsy amoureux et respecté, bien différent du garçon que les spectateurs avaient connu dans Kingsman, Services Secrets. En tant que digne héritier d’Harry (Colin Firth), Eggsy devient un point de référence dans l’Agence de renseignements britannique, mais également de l’autre côté de l’Atlantique. Son histoire d’amour, un peu envahissante, lui donne une dimension plus humaine et se distingue des films d’espionnage classiques où le héros souvent ne connaît que d’éphémères aventures. C’est un pivot intéressant du film : de quelle manière l’évolution d’Eggsy conduit-elle l’Agence Kingsman à se remettre en question ?
Le choc entre deux générations, illustrées par la relation qu’entretiennent Harry et Eggsy, prend alors tout son sens. Dans Kingsman Le Cercle d’Or, le rôle de chacun est redéfini. Harry, de retour (comme l’avait révélé la promo du film), devient l’élève et Eggsy le maître alors que ce dernier doit aider son mentor dans la quête de son ancienne identité. Ils apprennent beaucoup l’un de l’autre. Le public était en droit d’être dubitatif quant au rôle que Colin Firth pouvait tenir dans ce deuxième volet, mais Vaughn parvient à fournir une histoire correcte sur son retour et sur son utilité.
Dans un autre contexte, le personnage de Merlin obtient enfin un statut à sa hauteur. Lui qui, dès le premier film, menait de façon adroite le lien entre Kingsmen et technologie ; son tandem avec Halle Berry est plaisant à suivre. A contrario, les autres personnages sont peu mis en avant, ce qui est dommage. Il est indéniable que Julianne Moore s’éclate en super vilaine (à l’image de Samuel L. Jackson dans le premier film), mais le traitement de Poppy Adams reste malgré tout superficiel et son personnage devient trop rapidement unidimensionnel. Même constat pour les Statesmen : alliés de taille pour nos héros, ils restent néanmoins dans l’ombre et on apprend peu de choses sur eux. Le seul qui tire réellement son épingle du jeu est Pedro Pascal (il interprète l’agent Whiskey). À noter également la présence d’Elton John, complètement déjanté dans un rôle qui lui sied à merveille. De quoi satisfaire les fans du chanteur et compositeur britannique !
Kingsman, Le Cercle d’Or est un bon film de divertissement, dans la veine décalo-déjantée du premier volet. L’histoire est entrainante et la réalisation soignée. Mais reste une impression d’inachèvement. (Si un troisième volet Kingsman voit le jour, il se concentrera certainement l’histoire des Américains). Matthew Vaughn a-t-il réussi son pari ? À voir…
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Titre original : Kingsman The Golden Circle
Titre français et québécois : Kingsman Le Cercle d’or
Réalisation : Matthew Vaughn
Scénario : Jane Goldman et Matthew Vaughn, d’après les personnages du comic book
Kingsman : Services secrets de Dave Gibbons et Mark Millar édité par Icon Comics
Directeur artistique : Grant Armstrong
Décors : Darren Gilford
Montage : Eddie Hamilton
Musique : Henry Jackman et Matthew Margeson
Production : Matthew Vaughn, Adam Bohling et David Reid
Sociétés de production : Marv Films et Cloudy Productions ; 20th Century Fox (coproduction)
Société de distribution : 20th Century Fox
Budget : 104 000 000 de dollars
Pays d’origine : États-Unis / Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : comédie d’espionnage
Durée : 141 minutes
Dates de sortie : États-Unis, Royaume-Uni : 22 septembre 2017
France : 11 octobre 2017
Distribution
Colin Firth (VF : Christian Gonon ; VQ : Jean-Luc Montminy) : Harry « Galahad » Hart
Julianne Moore (VF : Ivana Coppola ; VQ : Marie-Andrée Corneille) : Poppy Adams
Taron Egerton (VF : François Deblock ; VQ : Louis-Philippe Berthiaume) : Gary « Eggsy » Unwin, alias « Galahad »
Mark Strong (VF : Eric Herson-Macarel ; VQ : Marc-André Bélanger) : Merlin
Halle Berry (VF : Annie Millon ; VQ : Isabelle Leyrolles) : Ginger Ale
Pedro Pascal (VF : Loïc Houdré ; VQ : Christian Perrault) : agent Whiskey
Channing Tatum (VF : Axel Kiener ; VQ : Frédérik Zacharek) : agent Tequila
Jeff Bridges (VF : Patrick Béthune ; VQ : Guy Nadon) : agent Champagne
Elton John (VF : Philippe Ariotti ; VQ : Thiéry Dubé) : lui-même
Bruce Greenwood (VF : Bernard Lanneau ; VQ : Mario Desmarais) : le Président des États-Unis
Emily Watson (VQ : Chantal Baril) : Fox, le chef de cabinet de la Maison-Blanche
Edward Holcroft (VF : Donald Reignoux ; VQ : Renaud Paradis) : Charlie Hesketh
Hanna Alström (VF : Ruth Vega Fernandez ; VQ : Eloisa Cervantes) : la princesse Tilde
Sophie Cookson (VF : Capucine Delaby ; VQ : Sarah-Jeanne Labrosse) : Roxanne « Roxy » Morton, alias « Lancelot »
Michael Gambon (VQ : Hubert Fielden) : Arthur
Poppy Delevingne (VF : Valérie Decobert ; VQ : Catherine Brunet) : Clara von Gluckfberg
Björn Granath (VQ : Frédéric Desager) : le roi de Suède
Samantha Womack : Michelle Unwin, la mère d’Eggsy