Dans le film Un Homme idéal, Pierre Niney incarne Mathieu Vasseur : un jeune homme velléitaire qui cherche à devenir écrivain. À tout prix, même au prix du vol et du mensonge, au prix de vies humaines et de la sienne. Comme dans un roman policier, le rêve tourne vite au cauchemar et révèle les limites ténues qui séparent l’ambition de la perdition.
Mathieu Vasseur, jeune homme sans histoire travaille pour l’entreprise de déménagement de son oncle. Toutefois ce qui semble le travailler réellement c’est l’écriture… « Écris, 2500 signes par jour ». Cette phrase de Stephen King trône au-dessus de son petit bureau dans un appartement rempli de livres. Attelé à sa tâche, fébrile il termine un manuscrit qu’il adresse aux éditeurs…
Du moins le suppose-t-on, car le réalisateur nous montre son personnage envoyer UN exemplaire de son manuscrit et recevoir, désespéré, UNE réponse négative. Dès lors se demande-t-on, sommes-nous face à une véritable vocation ou bien à un rêve un peu puéril de succès et de « gloire facile » ? La réponse arrive rapidement.
Au cours d’un déménagement, le jeune Mathieu découvre le journal d’un homme qui vient de décéder. Le journal de guerre d’un soldat français en Algérie. Léon Vauban est mort seul, sans famille. Le jeune wannabe s’empare du manuscrit et, apparemment, sans de trop longues tergiversations se l’approprie en l’intitulant Sable Noir. C’est le succès, le prix Renaudot, l’argent et un éditeur fort bien disposé question avances sur droit.
La belle vie, car, en outre, Mathieu gagne aussi le cœur d’une jeune femme ravissante, Alice (Ana Girardot) experte férue de littérature. Au bout de trois ans, Mathieu, déjà acculé à son mensonge à cause d’un « second » roman qui ne vient pas, voit son beau rêve mensonger se lézarder lors d’un séjour dans la luxueuse villa de ses beaux-parents. Pour préserver sa vie rêvée, il ajoute mensonge aux mensonges et bascule dans une violence qui ne laissera personne indemne.
« Malédiction que la littérature, plus grande malédiction encore quand il n’y en a pas » considérait le poète Georges Haldas. Le sujet aurait mérité un traitement moins saccadé, un découpage plus subtil, un film des caractères et de la psychologie des personnages. Le premier plan de Un homme idéal : une route sinueuse et une bande blanche vues d’une voiture lancée à grande vitesse, comme un souvenir des fameuses images de David Lynch, laissait présager une œuvre où tension et noirceur emmèneraient les spectateurs dans les méandres douloureux du menteur pris au piège de sa mise en scène. Mais non. L’enchaînement des événements est toujours prévisible. L’ensemble se laisse néanmoins agréablement regarder et la présence de Pierre Niney (plus jeune acteur césarisé en tant que meilleur acteur pour son rôle dans le Yves Saint Laurent de Jalil Lespert) et Ana Girardot retient assez l’attention pour sauver l’œuvre de ses faiblesses.