Forges-de-Lanouée Morbihan. Les amis des chauves-souris en guerre contre les éoliennes

chauve souris - éoliennes
Pipistrelle

L’association Bretagne Vivante a, parmi ses objectifs, la protection des chauves-souris au sein du parc forestier de Forges-de-Lanouée dans le Morbihan, en lien avec les éoliennes implantées sur le site et opérationnelles depuis début 2023. Pour faire suite à une forte mortalité de chiroptères, une plainte a été déposé en octobre par l’association, en partenariat avec le Groupe Mammalogique Breton et avec France Nature Environnement Bretagne. Le préfet du département avait alors pris un arrêté de mesure conservatoire qui obligeait l’exploitant du parc éolien à stopper le fonctionnement des dix-sept éoliennes la nuit. Depuis mi-décembre, les éoliennes fonctionnent de nouveau la nuit, mais avec un bridage conditionné.

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Après la forêt de Brocéliande, la forêt de Lanouée avec sa superficie de 4 000 hectares dans le Morbihan est la seconde plus grande forêt bretonne. Mais ce parc forestier gagne aussi, hélas, le triste record du second parc éolien le plus mortifère de Bretagne. L’implantation sur le site des Moulins du Lohan de la société Boralex de dix-sept éoliennes géantes (de 200 m de hauteur, d’une nacelle à 132 m et un rotor de 126 m) mises en service en février 2023, offre une puissance de 65 mégawatts, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle pour 60 000 personnes. Cependant, le parc éolien représente aussi un danger massif pour la biodiversité et les espèces animales, en particulier pour les chauves-souris.

Vivement opposées à ce projet d’éoliennes à l’étude depuis 2012 sur un lieu écologiquement sensible, les associations Bretagne Vivante et Groupe Mammalogique Breton n’ont cessé d’alerter l’exploitant et les services de l’Etat sur l’incompatibilité de l’implantation de ce parc avec la préservation de la biodiversité et la conservation des espèces protégées. 

Ce plan d’envergure aura demandé dix ans pour aboutir au parc éolien, avec dix ans de bataille judiciaire entre les différents opposants et les porteurs de projet. De nombreuses contestations et manifestations avaient été organisées pour se mobiliser contre ce projet. Le permis de construire, délivré en février 2014, est annulé en juillet 2017 par le tribunal administratif de Rennes (35). Ce dernier annule l’autorisation d’exploiter, de défricher et de déroger à l’interdiction faite par le Code de l’environnement de détruire des espèces protégées. La cour administrative d’Appel de Nantes (44), saisie par les Moulins du Lohan, annule en mars 2019 la première décision et autorise à nouveau le projet. Cette décision est confirmée un an plus tard par le Conseil d’Etat et les travaux du parc éolien reprennent en 2021. Il dispose d’une superficie de 0,3 %, soit 11,4 hectares sur les 4 000 hectares de forêt. Cette surface sera reboisée avec des essences feuillues.

Pour Boralex, le parc éolien de Forges-de-Lanouée représente le symbole d’un futur qui conjugue production d’énergie verte, compétitivité et intégration dans son environnement avec un moindre impact environnemental.

Pour les associations et les défenseurs de la nature, c’est un danger pour la biodiversité, car la forêt regorge d’animaux sauvages, avec un total de soixante-six espèces protégées recensées.

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Dans leurs rapports de 2023, les associations de protection de la nature  communiquent les impacts du parc éolien sur la biodiversité : ils sont majeurs pour les populations de chauves-souris, notamment sur l’espèce protégée : les Pipistrelles. Le suivi de cette mortalité inacceptable a mis en évidence un bien triste bilan avec plusieurs centaines de décès de chauve-souris pour l’année 2023. “Les chauves-souris meurent de barotraumatisme, c’est-à-dire d’un changement de variation de pression trop rapide, que les organes internes des chauves-souris ne supportent pas. Ce changement de pression entraîne la mort de ces chauves-souris qui ne pèsent pas plus de 5 grammes pour certaines” : une précision que donne Thomas Le Campion, expert chauves-souris au Groupe Mammalogique Breton. De plus, les chauves-souris se reproduisent lentement. Leurs populations sont peu abondantes et dispersées sur le territoire. Les hivers étant de plus en plus doux, les chauves-souris restent actives plus longtemps et donc hibernent de moins en moins ! Les colonies vivant dans la forêt de Lanouée ne pourront, de toute évidence, pas supporter une telle mortalité pendant plusieurs années, assurent les associations.  

Face à cette hécatombe massive, les associations bretonnes de protection de la nature ont alors sollicité l’arrêt nocturne immédiat de toutes les éoliennes du parc de la forêt de Lanouée sans conditions météorologiques d’une part, et d’autre part un engagement de la part de l’Etat pour un arrêt du développement des parcs éoliens en forêt.

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Après la plainte déposée par Bretagne Vivante et le Groupe Mammalogique Breton, le préfet du Morbihan prenait une mesure d’urgence en novembre 2023 et obligeait l’exploitant du parc éolien de la forêt de Lanouée à arrêter ses dix-sept turbines à raison de 30 minutes avant le coucher du soleil et jusqu’à 30 minutes après le lever du soleil, de manière à protéger les chauves-souris la nuit, sans condition météorologique et jusqu’au 31 mars 2024. Mais le 16 décembre dernier, la mesure d’urgence a été assouplie pour répondre à la demande du promoteur. L’arrêt des pales est maintenant partiel la nuit avec une augmentation de leur garde au sol à soixante mètres. Elles fonctionnent toute la nuit, quand la température ne dépasse pas 6 degrés.

Les deux associations considèrent que l’actuel bridage des éoliennes n’est pas une mesure suffisante de réduction des risques. En parallèle, une autre plainte pour destruction d’espèce protégée a été déposée par les mêmes associations auprès des services de l’Office Français de la Biodiversité du Morbihan.

Comme de nombreuses autres espèces animales, les chauves-souris sont en danger. “Leur population a diminué de près de 40 % en dix ans en France”, a annoncé l’Office national de la biodiversité dans un rapport ! Les chiroptères doivent faire face depuis plusieurs années à cet ennemi mortel que sont les parcs éoliens, qui se développent un peu partout sur le territoire. Il reste encore beaucoup à découvrir sur les chauves-souris en Bretagne qui représentent un tiers des espèces de mammifères de la région. Les naturalistes se concentrent surtout sur les quatre espèces menacées : le petit Rhinolophe, le grand Rhinolophe, le grand Murin et le Murin à oreilles échancrées.

La France, quant à elle, n’a pas atteint les objectifs fixés pour le déploiement des énergies renouvelables électriques pour la période comprise entre 2019 et 2023. Cependant et après des années de concertation et d’études, le projet du parc éolien flottant au large du Morbihan va entrer en conception en février 2024 pour être exploité à partir de 2030. Sept candidats ont répondu à l’appel d’offres qui imposait la localisation et la puissance du parc, 250 mégawatts. Ces éoliennes seront installées à 28 km au sud-ouest de l’île de Groix et à 20 km à l’est de la pointe des Poulains sur Belle-Île-en-mer. Elles seront espacées de plus d’un kilomètre entre elles.

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Un défi de taille attend les membres de l’Union européenne : Il va falloir multiplier par dix le rythme actuel de déploiement d’éoliennes en mer pour tenir leurs objectifs fixés à l’horizon 2030.

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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