Samedi et dimanche 28 et 29 avril, sous un ciel pluvieux, le couvent des Jacobins était ouvert au grand public. Rennais et Rennaises en ont profité pour découvrir le lieu et en savoir plus sur les découvertes archéologiques. Les habitants de la ville sont toujours autant intéressés par le patrimoine. La ville doit le savoir…
Dans la cour ouest du couvent, des chapiteaux blancs, habituellement réservés aux cérémonies du mariage, accueillent des dizaines et des dizaines de personnes. Cela se bouscule au portillon pour écouter le grand chef des fouilles, estampillé Institut national de recherches archéologiques préventives.
Déguisé en agent de l’Equipement, l’homme est des plus intéressants. Il explique aux oreilles attentives les raisons d’un tel chantier. « En ces lieux, la fouille se déroule en amont de l’aménagement du futur centre des congrès de Rennes métropole – explique-t-il – Prescrite par le service régional de l’archéologique, elle va durer jusqu’à la fin de l’année 2012. »
Rien à voir avec les scientifiques de la vieille école. Pas de cheveux gras, ni même de langage châtié et pédant. Le responsable des fouilles trouve les mots justes pour pousser plus loin la visite. Direction un autre tente sous laquelle on découvre les fruits des recherches de son équipe : des pots en terre cuite, des vases et autres mobiliers. « Maman, tu as vu, » crie un garçonnet. « Le pot est tout cassé en mille morceaux ! »
« Une découverte dans les pas des moines »
Un brin gênée, la mère de famille poursuit la promenade vers le premier chantier de la cour ouest où se trouvent les restes d’une chaussée gallo-romaine, un puits du Moyen Âge et des carrières d’argile. À sa droite, une dame trouve le moyen d’enquiquiner (le mot est faible…) une jeune archéologue par des considérations plus que personnelles… Indéniablement, elle a le don d’agacer le garçonnet qui emmène sa mère vers la cour nord.
Passant devant le logis du prieur, la mère et son fils découvrent une autre voie gallo-romaine, orientée cette fois est-ouest. « Tu sais – ex un autre chercheur au jeune garçon.– À l’époque, les rues romaines étaient jouxtées par des galeries piétonnes. C’était bien pratique quand il pleuvait comme aujourd’hui.” Intrigué, le petit homme a bien du mal à voir dans ce tas de pierres les restes de cette galerie couverte. Mais si on lui dit…
Plus loin, les visiteurs pénètrent dans le couvent des Jacobins par une petite porte. Dans les entrailles du bâtiment, la visite continue par le jardin du cloître où, là encore, les fouilles ont mis à jour une voie romaine et des vestiges du temps passé. Tout autour, les archéologues ont nettoyé les arcades qui seront débarrassées des tomettes en terre cuite et retrouveront bientôt leurs fastes d’antan.
Ici, on a du mal à imaginer la vie des moines dévouée à Dieu et aux mendiants. En fait, il faut arpenter le réfectoire et la salle du chapitre pour concevoir un tant soit peu la vie monastique d’antan. Dans ces deux vastes espaces, les Jacobins se retrouvaient pour manger et discuter des affaires de la communauté. C’était un temps où les Rennais aimaient également se rendre dans la chapelle de Bonne-Nouvelle pour y vénérer une Vierge à l’enfant.
Quelques siècles plus tard, leur descendance vient presque en procession pour découvrir un lieu qui sera bientôt transformé en un flamboyant centre des congrès. Le patrimoine va devenir vivant…en espérant que, pour d’autres projets immobiliers même minimes, on privilégie dans notre bonne ville la réhabilitation et non la destruction.
Jean-Christophe Collet