Parmi les grandes figures de l’automobile française, Gabriel Voisin est rarement cité. On pense plus à lui pour son rôle dans l’aéronautique puisque ce fils d’industriel de la fonderie en fut aussi l’un des pionniers. Mais à cette époque, l’un n’allait pas sans l’autre…
Né en 1880, Gabriel Voisin s’intéresse à l’aéronautique dès 1905 avec un vol en hydravion. Mais les avions Voisin ne se font un nom dans l’histoire qu’en 1908 avec un premier kilomètre parcouru en circuit fermé et surtout la 1re Guerre mondiale où les avions Voisin s’illustrèrent dans les premiers combats aéronautiques. Comme beaucoup d’industriels ayant développé une activité pendant le conflit, Voisin dut convertir son outil aux nouveaux besoins du civil. Il choisit l’automobile, alors en plein essor et sortit un premier véhicule, la C1 en 1919.
Après des balbutiements, les automobiles Voisin reconnaissables à leurs calandres surmontées de deux ailes verticales se différencièrent par leur inspiration aéronautique. Dans les années 20, Voisin fut un des premiers à imposer sa propre carrosserie contrairement aux usages qui étaient de sous-traiter à un carrossier de renom.
Mais les Voisins n’étaient pas des véhicules de grande série comme les leaders de l’époque, Renault et Citroen. Voisin visait le prestige, l’innovation et le haut de gamme, fournissant d’ailleurs la présidence. La carrosserie en aluminium fut utilisée dès 1930 pour des raisons de légèreté et pour compenser un mal de la marque : La faiblesse de ses moteurs. Car au contraire de Bugatti qui se penchait plus volontiers sur la mécanique Voisin se passionnait plus sur la carrosserie et les autres éléments techniques du véhicule comme les boites de vitesse (une séquentielle avant l’heure) ou sur la souplesse et l’élégance de fonctionnement. L’aérodynamisme de ses véhicules était prépondérant, leur donnant une allure unique qui trouve son chez d’oeuvre dans l’Aerodyne C25 de 1934. On doit aussi à Voisin l’arrivée des carrosseries dites « ponton » en 1935, un style qui sera généralisé après 1945 dans toute la production mondiale. L’ingénieur André Lefebvre y fera ses débuts et il y a un peu de l’esprit voisin dans la Traction Avant et dans la DS qu’il contribua à concevoir.
Mais Gabriel Voisin, négligeant assurances et financement, dut laisser sa société aux banquiers et à Gnome-et-Rhône, avant que l’entreprise ne périclite avec la Seconde Guerre mondiale. Mais il poursuivit pourtant ses activités automobiles avec un étrange véhicule, le biscooter, voulu léger et économique dans une France en reconstruction. Oublié de l’histoire, mais chéri par les passionnés, Gabriel Voisin meurt en 1973 dans la région qui l’a vu naître.