Gestion du Centre Avicenne Rennes, Avis qu’elle n’est pas saine

Le Collectif pour la Transparence à Avicenne dénombre près de 80 sympathisants. Il a souhaité porter à la connaissance des lecteurs d’Unidivers son travail d’investigation pour tenter de clarifier la gestion du Centre Avicenne. Une gestion qui serait dans le collimateur de la justice et viendrait d’arriver sur le bureau de la Cour des Comptes. Le Collectif dénonce la situation suivante : opacité et irrégularités de la gestion financière ; climat tendu et fondé sur l’insulte, l’intimidation et l’agression ; irrégularités répétées dans l’organisation. Dans le cadre du respect du contradictoire, Unidivers a sollicité le point de vue de la direction du Centre Avicenne et de l’élue de Rennes en charge des cultes. Le Centre Avicenne Rennes n’a pas répondu à notre demande au contraire d’Anne-Marie Chapdelaine qui livre sa vision des faits (voir également Entretien).

Tout d’abord, il peut être utile de rappeler que le Centre Culturel Avicenne a été créé en 2006 et a bénéficié d’environ 450 000 euros de subventions pour, entre autres :

  • assurer 2 demi-postes de salariés (homme d’entretien et animateur). Il est à noter que pour ces deux salaires le Centre reçoit une aide de l’Etat,
  • organiser quelques conférences par an,
  • donner des cours d’arabe et de civilisation (pour lesquels il est demandé une participation aux parents).

Depuis plusieurs mois, le Collectif demande au conseil municipal de Rennes des éclaircissements quant au fonctionnement du Centre culturel Avicenne, fonctionnement qui apparaît des plus opaques et en porte-à-faux avec ses missions premières et la législation en vigueur.

  • le premier Conseil d’administration a eu lieu au mois d’octobre 2010 (dans une atmosphère électrique).
  • il est impossible d’obtenir les comptes financiers et le rapport moral dignes de ce nom.

Un Conseil d’Administration a eu lieu trois jours avant l’Assemblée générale au mois d’octobre 2010. Des demandes d’éclaircissements sur différents points ont pris place. Sans succès. Voilà 6 exemples significatifs :

  1. Un voyage en Turquie a été organisé par l’association en 2009 dont on profité un public restreint. Le bilan financier a été demandé à plusieurs reprises au président de l’association. Après moult mois passés à batailler, il est apparu « qu’il y avait un petit problème sur une somme de 6900 euros dépensée en liquide pendant cette semaine et pour laquelle il n’y a aucun justificatif ». Est-ce anormal de demander les justificatifs de cette somme de 6900 euros dépensée en liquide. Et puis, pourquoi autant de mystères sur le nombre d’adultes accompagnateurs : 14 enfants pour 7 adultes ? Mieux : les deniers du Centre financent d’autres voyages, notamment au ski. Ce voyage au ski entre-t-il dans le cadre des missions pour lesquelles le Centre Avicenne a été créé, à savoir promouvoir la civilisation arabo-musulmane ?
  2. Les comptes font montre de frais de déplacement exorbitants. Pourquoi ? Réponse : ce sont des personnes qui viennent de très loin pour donner des cours d’arabe. Après enquête, ces personnes s’avèrent venir de La Guerche et Janzé.
  3. Des factures d’alimentation (boucherie et supermarchés) sont réglées par le Centre culturel Avicenne, elles représentent des sommes conséquentes. Comment se fait-il que les repas de rupture de jeûne pendant le mois du ramadan soient payés par le centre culturel car il s’agit d’une dépense cultuelle ?
  4. Comment se fait-il que de la viande soit vendue dans le Centre aux mépris des règles d’hygiène et de commerce ?
  5. Pourquoi les membres du CA n’ont-ils pas le droit de connaître l’identité des adhérents de l’association ?
  6. Reste l’argent du culte, la zakat, soit environ 100000€/an. Plusieurs voix se sont fait entendre pour ouvrir un compte destiné à recevoir l’argent du culte et les dons des fidèles. Malgré de nombreuses demandes, le trésorier, M. Talibi, s’est opposé fermement à ce projet. Résultat : l’argent cultuel n’a jamais fait partie des bilans financiers ! Pourtant, il n’ y a pas deux associations au sein du centre culturel Avicenne, l’une culturelle et l’autre cultuelle, il n’y a qu’une seule et unique association. Aussi, tous les aspects financiers – y compris les dons en espèces – doivent figurer dans la comptabilité. Où sont passés cet argent du culte et les dons manuels dont il n’y aucune trace dans le bilan financier ? Le plus étonnant est que deux élues de la municipalité sont administratrices de l’association et sont au courant de ce fait mais ne font rien.

Grâce à des subventions importantes depuis plusieurs années, le Centre culturel Avicenne pourrait être un espace culturel exceptionnel. Nombreux sont les femmes et les hommes, musulmans et non-musulmans, qui désirent être acteurs de ce Centre. Nombreux sont les femmes et les hommes de Rennes qui désirent réaliser des oeuvres à hauteur de la subvention attribuée par la Ville.

La réalité : le Centre n’a guère de rayonnement culturel, il n’y a pas de rapport d’activités et le nombre de ses membres est passé de 400 à 150 en deux ans. Si le fascicule que la Mairie de Rennes a édité sur le Centre en 2007 affirmait que « l’objectif est que les musulmans de Rennes soient considérés par tous comme des citoyens ordinaires », on peut exiger de responsables d’une association Loi 1901 généreusement subventionnée qu’ils proposent des activités en fonction des missions premières. Le tout géré avec transparence.

Ainsi, le Collectif pour la transparence à Avicenne est fondé à se poser la question suivante : que recherche la Mairie de Rennes en couvrant les dysfonctionnements du Centre ? La seule chose que réclame le Collectif est pourtant simple : un audit réalisé par un organisme indépendant. Est-ce trop demandé à une collectivité territoriale, démocratique, transversale et de proximité qui se targue de « Vivre en intelligence » ?

Pour télécharger le communiqué du Collectif, cliquer sur le lien suivant : communiqué CTA

Article précédentSaint-Malo > Des hommes et des dieux | Conférence de Lonsdale le 19 juillet
Article suivantAssociation juives versus Hachette > la narration de l’histoire en question
Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici