Le Grand Orchestre du Mont Kulala, le groupe de karaoké le plus chaud d’Ille-et-Vilaine

Le Grand Orchestre du Mont Kulala apporte un peu de tenue à la scène karaoké du grand Ouest. Actif depuis 2019, ce supergroupe rennais formé de dix musiciens, musiciennes et présentateurs, aux performances rares mais précieuses, revisite la discipline japonaise en lui insufflant un esprit débridé et rock’n’roll.

Le Grand Orchestre du Mont Kulala, ce sont dix musiciens et musiciennes rennaises réunis dans une formation qui réinvente le karaoké. Le terme japonais qui donne son nom à cette pratique mondialement populaire, rejeton de la musique enregistrée et du juke-box, signifie littéralement « sans orchestre ». À l’inverse, Le Grand Orchestre du Mont Kulala, comme son nom l’indique, est doté d’un arsenal d’instruments à même d’apporter à la musique en boîte un grain de folie.

C’est en 2018 que Benjamin Bessé et d’autres amis font une première tentative de karaoké live band, à l’occasion d’une soirée privée. L’idée fait son chemin et se mêle au groupe de reprises Les Autres sont jaloux de Rónán et Jeanne Larue, alias Keen Kay. Cette dernière organise en janvier 2019, avec l’association Capital Taboulé, un Grand Karaoké de l’Épiphanie au bar Le Terminus. Ce sera la première date officielle du Grand Orchestre de Mont Kulala, le début d’une aventure musicale décalée, mais jamais à contretemps, ou presque.

L’ensemble se compose de musiciens et musiciennes membres de plusieurs groupes, parmi lesquels Ben&Tom, Rouge Gorge, Le Groupe obscur, Channel + et Châtillon. Cette nébuleuse d’artistes et d’amis issue de la scène rock alternatif forment un supergroupe de l’underground rennais qui n’a rien à envier à This Mortal Coil, Prophets of Rage ou USA For Africa. On retrouve Ronan à la keytar et aux chœurs, Benjamin au synthé, guitare et chœurs, Robin au synthé et vocodeur, Johan au SPD (un pad percussif qui déclenche des samples), Thomas à la batterie, Colin à la guitare, clavier et basse, Manon à la basse et clavier, Kin Kay aux chœurs, et Sam et Éric comme présentateurs.

L’orchestre rennais tiendrait son nom, tout naturellement, de Kulala, une île du Japon, selon Ronan Osuala — à moins qu’elle ne se trouve au large de Bornéo, comme le suggère Benjamin Bessé — où aurait été inventé le karaoké. Interrogé, Internet nous informe que Kulala est soit une partie du désert de Namib en Afrique, soit une caste hindoue de fermiers et fabricants de poteries, descendants du dieu Brahma. De plus, l’histoire polémique de l’invention du karaoké ne mentionne nulle part l’île légendaire de Kulala et son mont. Mais, comme le rappelle Ronan Osuala, il ne faut pas toujours croire Internet.

À chacune de ses dates, le Grand Orchestre du Mont Kulala propose à son public une liste de titres issus d’un répertoire bariolé. « Du gros tube : Britney Spears, Eddie Mitchell, Diam’s… », résume Ronan. En répétition, l’ensemble travaille à la reprise de ces morceaux d’histoire de la musique, au prix d’une intense préparation. À titre d’exemple, pour leur dernier concert, au Vauban à Brest le 14 octobre 2022, à l’invitation du Karaoké Social Club, les Mont Kulala ont dû plancher sur 70 morceaux en trois jours. Mais le nombre important d’instrumentistes, et la multitude d’instruments permet de trouver des arrangements qui rehaussent l’interprétation de nos airs bien-aimés.

Sur scène, c’est le show. Chacun vient déguisé à sa fantaisie, qui en explorateur, qui en Hitman, qui en jeune mal dans sa peau dévorant des burgers tirés de sa poche. Sam et Éric, les présentateurs, jouent sur la mise en scène et l’improvisation pour amuser la galerie, parfois au prix de la concentration des interprètes. Redoutablement efficace, la formule a fait ses preuves au Bar en Trans, édition 2019, ainsi que dans plusieurs bars et festivals, sans oublier cette soirée spéciale karaoké dans la magnifique salle du Vauban à Brest. On pourra les retrouver encore dans leur rade d’origine, Le Terminus à Rennes, le 3 décembre 2022, et au Coquelicot à Fougères le 16 décembre.

On pourrait s’interroger sur les raisons qui poussent des musiciens et musiciennes aguerris à se lancer dans cette farce. Benjamin Bessé avance l’idée d’un exercice complètement différent duquel ils et elles sont habitués. « On fait tous des concerts où on se met en avant. Là, la relation avec le public est tout autre parce qu’il fait aussi partie du concert. On permet à n’importe qui, quelqu’un qui n’a pas l’habitude et qui en a toujours rêvé, de jouer avec un groupe son morceau préféré. » Ronan Osuala est terriblement amusé par cette pratique, « mais quand les gens chantent, c’est pour de vrai. Des fois, on a des interprétations très personnelles, le fait d’être soudain projetés en situation galvanise les participants ».

Et pour ces artistes venus du rock alternatif, de musiques de niche, c’est aussi un exutoire. « Ça nous donne la possibilité de jouer des choses qu’on n’assumerait pas autrement. On a tous des plaisirs coupables, on aime plein de morceaux hyper kitsch. Le karaoké permet justement de se décomplexer là-dessus », témoigne Benjamin Bessé. Et Ronan Osuala d’ajouter : « Avant c’était ringard le karaoké. Mais on est dans une époque tellement post-post-moderne que le concept même de ringardise tombe en désuétude et que les gens veulent se marrer. Il n’y a plus vraiment de critère de hype, en tout cas ils ne sont pas aussi exclusifs qu’avant ».

Si l’envie vous vient de vous amuser sur la nostalgie des tubes d’hier et d’aujourd’hui, ne manquez pas le prochain show du Grand Orchestre de Mont Kulala.

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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