Groupenfonction, The Playground, la cage et l’aire du jeu – ça déchire expérimental

Playground, c’est huit acteurs-danseurs, une cage et l’espace autour… Et puis, le public. La nuit qui tombe. Du 4 au 6 juillet, à 22 heures, il vous faudra trouver le stade Jean Coquelin situé square Louis Armand à Rennes… Il s’agit du complexe sportif du CE de la SNCF. Il suffit longer les rails, regarder au déclin du jour la ville par delà la voie. Drôle d’endroit pour un spectacle, mais n’est-ce pas un peu ça les Tombées de la nuit ?

Sur le lieu se déploie un terrain (de hand-ball?) avec une cage métallique, ouverte par endroits. Il y a un gars. A vélo. Il éparpille les spectateurs en accélérant parmi eux, freinant, dérapant… il « se la joue un peu » comme on dit. Et puis, il y a d’autres personnes sapées bizarrement. Acteurs, pas acteurs ?

Les spectateurs s’installent à proximité de la cage. Logiquement, c’est là que ça devrait se passer. Les haut-parleurs débitent un battement sourd. Le cycliste délaisse sa monture et entre en cage et… en transe : il danse. Est-il seul ? A force de se démener, voilà… les « autres ». Les autres, ça les entraîne. On finit par les remarquer, à l’extérieur, là où on est, en somme.

Et puis tout s’enchaîne : on ne sait plus où tourner son regard. Les acteurs se cherchent, se regroupent, se dé-groupent, dansent, courent, sautent, chantent, tapent sur la batterie isolée mais illuminée. Ils modèlent l’espace du public, le transpercent, en jouent… et en jouissent ? Acteurs et spectateurs se mêlent. Certains suivent, d’autres pas. L’invitation est promesse :  dépasser la structure, l’enfermement de la cage. La cage qui reste le point de mire. Cette limite, ouverte, qui ne cesse d’être présente et de fasciner même le dos tourné.

Les trains continuent de couler bruyamment dans la nuit. Le spectacle est en ville, intégré et hors les murs puisque caché. Dans la cage, hors la cage, ça mime la vie, les soubresauts, les excès, les envies, les ennuis… Sans paroles, ça dit quelque chose de nos vies, de notre urbanité et de nos corps dedans-dehors. Le public suit. Se faisant, il ajoute quelque chose de cette vie entre ceux qui entrent dans la danse et les autres.

L’expérience, bien qu’intéressante, ne parvient pourtant pas, à faire la déchirure entre la cage et l’en-dehors.

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Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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