Une nouvelle mode : le Headbang ou Headbanging ? Mais enfin, de qui se moque-t-on ? Chouette ! Le vieux rocker que je suis ne peut s’empêcher de se réjouir à l’idée d’une nouvelle querelle avec ces petits jeunes, moutards abrutis aux vapeurs délétères d’herbes suspectes d’origine orientale. Et la bière, nom d’un larsen ! C’est quand même mieux que la beuh. Je t’en donnerai moi du Headbanging !…
Vous vous posez la raison de cette sainte colère sortie tout droit d’un album de Margerin… C’est simple, la nouvelle génération veut s’emparer d’un des sacro-saints codes du hard rock auquel nous n’avions pas donné de nom et que nous pratiquions avec vigueur. Ces godelureaux sans vergogne et qui n’ont rien inventé l’ont appelé Headbanging.

Motley Crue, Judas priest, et cerise sur le gâteau (que nous avons préalablement sauvagement piétiné), le délicat et si attachant Alice Cooper et ses petits camarades de jeu de Sepultura. Et pour se remémorer tout cela, tous ces groupes mythiques, il faut avoir vécu sa jeunesse dans les années 70 à 80, alors franchement pas besoin de développer cette théorie plus longtemps pour démontrer que les jeunots n’ont rien inventé !
Cela dit, n’allez pas penser que nous en soyons sortis indemnes, car par excès d’enthousiasme ou par une pratique prolongée plus que de raison, nos organismes ont quelquefois subi « du temps l’irréparable outrage », et c’est dans certains cas peu de le dire. Le très sérieux journal médical « the lancet », cité dans Blake et Mortimer, donc forcément incontestable, donne l’exemple d’un Allemand de 50 ans se plaignant de maux de tète lancinants après avoir pratiqué un vigoureux Headbanging lors d’un concert de Motörhead. Après examen, c’est un hématome sous dural qui a été diagnostiqué et le virulent Tudesque a du être trépané pour extraire la poche de sang qui s’était formée…
Les traumatismes de la région cervicale, coup du lapin, les dissections de l’artère carotide ou la fracture de la deuxième cervicale sont également fréquents. N’oublions pas que le cerveau est mobile dans la boite crânienne et le secouer comme un panier à salade n’est pas vraiment indispensable si l’on souhaite préserver un esprit clair et une bonne motricité ! Aucune forme de headbanging ne vous met à l’abri, que vous pratiquiez le up and down, le side to side ou le spectaculaire circular wing, il y a toujours un petit risque. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que Jason Newsteed de Métallica a quitté son groupe, mais bien à cause de problèmes physiques. Même combat pour Dave Mustaine, guitariste de Mégadeth en 2011, obligé de quitter sa formation à cause de douleurs causées par de nombreuses années de pratique agressive.
De toute manière si elle n’avait, jusqu’alors, jamais porté de nom, cette pratique relevant de la danse se retrouve dans d’autres cultures. Objectif : atteindre une situation de transe. Pensez aux épisodes frénétiques du flamenco espagnol ou aux montées en puissance du vaudou ou, encore, de la Santeria. À la fin des comptes, la nouvelle génération n’a fait que mettre un nom sur ce que le monde connaissait depuis bien longtemps. Pas vraiment de quoi s’émouvoir. En un mot comme en cent, le rock c’est nous !
