Depuis le 28 novembre 2024, des personnes, pour la plupart exilées et sans solution d’hébergement, ont trouvé refuge dans le gymnase Félix-Masson situé allée des Cévennes à Rennes ; et ce, dans des conditions précaires. Alertée début 2025 par des associations de solidarité au sujet de la situation sanitaire et les problèmes de sécurité au sein du gymnase, la Ville de Rennes, propriétaire de l’équipement, a saisi la justice. Communiqué de la ville de Rennes.
Dans une ordonnance rendue le 17 mars dernier, le tribunal administratif a estimé que « les modalités d’occupation des lieux en cause ne permettent pas que soient assurées des conditions d’hygiène minimales et portent atteinte à la salubrité et à la sécurité publiques, ainsi qu’à la sécurité des occupants eux-mêmes, tout particulièrement des très jeunes enfants, femmes isolées et mineurs isolés encore présents », et a ordonné l’évacuation du gymnase.
Un recensement des personnes présentes sur place, réalisé le 21 mars, a notamment permis d’identifier une dizaine de familles avec enfants mineurs. En lien avec la préfecture d’Ille-et-Vilaine, qui est en charge de l’hébergement d’urgence, la Ville de Rennes et le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine ont recherché des solutions de mise à l’abri pour les personnes les plus vulnérables, prioritairement les familles. Celles-ci se sont vu proposer une solution d’hébergement à partir de ce lundi 7 avril au soir. L’opération d’évacuation du gymnase a eu lieu ce matin.
Depuis de nombreuses années, avec d’autres grandes villes, Rennes alerte sur la faillite de la politique d’accueil dans notre pays, qui se traduit notamment par la saturation des dispositifs d’hébergement d’urgence de l’État, dont c’est la compétence. Face à cette situation, la Ville de Rennes participe activement à l’hébergement des personnes sans abri depuis près de quinze ans. Chaque soir, ce sont ainsi près d’un millier de personnes (familles avec enfants mineurs) qui sont désormais mises à l’abri, directement ou indirectement, par la Ville et la Métropole. Ce dispositif volontariste, sans équivalent au niveau national, est aujourd’hui malheureusement saturé. Rennes ne peut pallier seule les insuffisances d’une politique nationale d’accueil et d’hébergement qui ne fonctionne pas.
Avec quatre autres grandes villes, Rennes a engagé, début 2024, un recours contentieux afin que lui soient remboursées les sommes dépensées à la place de l’État pour permettre l’hébergement de personnes sans abri. Dans ce cadre, le tribunal administratif a récemment condamné l’État à indemniser la Ville de Grenoble. La décision de justice concernant la situation rennaise n’a pas encore été rendue. Enfin, la Ville de Rennes continue de se mobiliser pour un accueil digne des personnes migrantes en France et en Europe. Elle a ainsi soutenu l’initiative citoyenne européenne initiée par des collégiens du collège Rosa-Parks à Villejean, en lien avec de nombreuses associations, visant à interpeller la Commission européenne et à changer la législation.