Pour tous ceux qui aiment l’Histoire, mais aussi pour les autres (qui du coup vont se mettre à l’aimer), ce recueil intitulé L’histoire c’est trop con est un vrai régal !
Thierry do Espirito nous fait voyager à travers le monde entier et dans le temps en nous présentant quelques personnages qui ont marqué, parfois beaucoup, parfois bien peu, la grande Histoire. Et ce, en nous narrant un détail de leur vie, une aventure, une courte histoire qui s’avère être… trop con !
Eh oui, car parfois le hasard ou la bêtise des hommes font que les choses ne tournent pas comme nous l’avions espéré et que les situations se retournent à notre désavantage. Ou bien nous retiendrons juste un fait bête et stupide au lieu de se souvenir de la vie entière d’un personnage… Une bourde, un oubli, une maladresse dans la façon de s’exprimer ; et voilà que l’Histoire ne retiendra que l’anecdote…
Pas de chance pour les personnages dont il est question ici : Lucrèce Borgia, que tout le monde connait sous le surnom de la belle empoisonneuse, Léonard de Vinci, génie créatif, Henri VIII et les femmes qui l’entourent, Isadora Duncan, danseuse fabuleuse et scandaleuse, le musicien Lully, aimé de Louis XIV, ou les soldats grecs qui ont participé à la guerre du Péloponnèse…
On aurait aimé avoir un professeur tel que Thierry do Espirito sur les bancs de l’école ! Un passionné qui est capable, en nous racontant une histoire ou une petite anecdote, de donner envie d’en savoir plus sur l’époque, les faits… Chaque chapitre, assez court et facile à lire, est d’ailleurs suivi d’en encadré qui permettra aux curieux d’en apprendre un peu plus : « si vous voulez bouquiner un peu » propose des livres pour approfondir le sujet et « si vous passez dans le coin » vous emmène en voyage, jusque sur les sommets de l’Himalaya !
Alors, n’hésitez pas une seconde et suivez les traces de ces hommes et femmes qui ont marqué notre mémoire, mais à qui il est arrivé des mésaventures. L’histoire, c’est trop con, mais c’est passionnant ! On ne peut qu’espérer que l’auteur continue à fouiller le passé pour nous régaler encore dans un prochain recueil.
L’Histoire… C’est trop con ! : Gaffes, caprices et actes manqués, Editions de l’Opportun, mars 2013, 15€, 235 p.
Thierry do Espirito a bien voulu répondre à quelques questions (Vous pouvez également visionner la vidéo dans laquelle il parle de son ouvrage)
A.B. – Cette passion de l’histoire, pourquoi n’en avoir pas fait un métier ? Un prof passionné, le rêve de tous les élèves, non ?
T.d.E – Cette passion de l’Histoire est une… histoire de famille. Je suis issu d’une famille nombreuse, l’avant-dernier de huit frères et sœur. J’adorais quand ils en parlaient en revenant du Lycée. Peut-être parce que c’était eux, que je voyais que ça les passionnait aussi, et que je voulais confusément ressentir cette émotion. Par-dessus tout, ils étaient curieux. Je me souviens, un jour, j’étais enfant, on parlait de Sainte-Hélène, et je ne savais pas où c’était situé. Mon frère a sorti le dictionnaire et m’a mis le nez dessus. On ne devrait jamais rester sur une ignorance.
J’aurais pu en faire mon métier, être prof (je l’ai été quelque temps) mais le programme encyclopédique à faire ingurgiter aux élèves me déprimait. L’idée de ces « histoires de l’Histoire » est venue avec le temps, quand je me suis rendu compte que les gens m’écoutaient avec des yeux brillants quand je racontais des anecdotes historiques. Ou me lisaient quand je les écrivais à ma façon sur mon blog. Un jour, quelqu’un m’a dit : « Ah ça, c’est bien ! » quand j’ai parlé de l’histoire du gars qui a raté la seule photo possible de Napoléon. Ça a été le déclic.
Ces anecdotes sont elles connues et oubliées ou bien les as-tu dénichées par hasard, ou après le fruit d’un long travail de recherche ?
Ces anecdotes sont pour certaines connus des initiés, comme le terrible bal des Ardents ou la mort idiote d’Evariste Galois. D’autres sont tombées dans l’oubli. Comme la bataille des Arginuses ou les suites désolantes de la conquête de l’Everest. Quand on écrit sur ce thème des gaffes, caprices et actes manqués de l’Histoire, on est à l’écoute des autres en permanence pour dénicher ce dont on a besoin. C’est un de mes frères (encore) qui m’a inspiré l’étrange choix des villes atomisées au Japon. Il avait lu un livre qui racontait que ce jour-là, il faisait beau sur Nagasaki et que c’est pour ça qu’ils y avaient lâché la bombe H. J’ai fouillé le sujet et je suis tombé sur les archives américaines qui étaient une véritable mine sur ce sujet effroyable. Le plus dur, c’est de trouver un sujet. Après, je suis tenace, je ne le lâche plus.
J’imagine que tu as dû recouper les documentations pour être certain de la bonne version des choses…
Il y a en effet un gros travail de documentation et il faut être très rigoureux, tout recouper. On trouve beaucoup de choses sur Internet, maintenant, mais aller dans une bibliothèque vous permet d’avoir les ouvrages qui ne sont pas en ligne. J’ai donc passé des heures à Beaubourg, à la Bibliothèque François Mitterrand, à la bibliothèque de l’Institut, dans les archives de l’Assistance Publique… C’est un tel régal que j’y allais aussi pour être dans cette atmosphère studieuse. Après, il y a un moment que j’adore, c’est quand j’écris le texte d’un trait, en faisant ma propre composition sur la trame que j’ai en tête, et en laissant aller mon style.
Un autre ouvrage en préparation ? Il doit y en avoir un paquet, des bourdes connes, dans l’histoire !
Si ce livre marche, je pense que je ferais la suite, « C’est trop con, le retour »… J’en ai déjà écrit quelques chapitres. Mon éditeur m’a également commandé un autre ouvrage, sur un autre sujet historique. Mais chut, c’est encore un secret. Il paraitra début 2014. Je finis aussi un roman sur Robert Capa et j’ai un projet de livre dont j’écris actuellement le synopsis avant d’aller faire le tour des éditeurs. C’est encore un gros travail et je ne veux m’y lancer qu’à coup sûr.
Et pourquoi pas le même style de livre avec un aspect coquin ???
Tu ne crois pas si bien dire : depuis longtemps, j’ai en tête l’idée d’écrire un livre érotique. Ça pourrait être des histoires où il ne s’est pas passé ce que l’on supposait. Tu me donnes une excellente idée !
J’adore les encadrés à la fin de chaque chapitre. Es-tu es allé te balader partout ?
Je suis allé à quelques endroits (la tombe de Galois, les lieux de Lully, Omaha Bach…). Mais je n’ai pas pu aller sur L’Everest, sur les traces de Cook en Australie ou à Hawaii ! Ni à Rome ou sur les pas de Lucrèce Borgia. J’ai utilisé beaucoup internet, Street View, des guides, mes sources documentaires. Et parfois des témoins sur place. Le fils de Tenzing Norgay m’a donné l’adresse précise de la maison de son père à Darjeeling. Une employée de la Reserve Bank of New Zealand d’Australie m’a renseigné sur les timbres à l’effigie de Sir Edmund Hillary. Et la fondation Isadora Duncan de San Francisco a vérifié ma liste d’adresses de la famille d’Isadora dans cette ville. Et ils m’ont même dit que j’en savais plus qu’eux ! J’ai voyagé en vrai et en rêve grâce à eux, grâce à ce livre, et c’est pour moi la plus belle des récompenses.