Pierre Boulez est né le 26 mars 1925 à Montbrison. Il est mort le 5 janvier 2016 à Baden-Baden. Compositeur et chef d’orchestre français exceptionnel, Unidivers rend hommage à celui qui alla de la table rase au Marteau sans maître…
Au début des années 1950, influencé par le « Mode de valeurs et d’intensités » d’Olivier Messiaen (1949), Boulez s’oriente vers un sérialisme généralisé à d’autres paramètres que les hauteurs dans Polyphonie X et surtout dans l’austère mais fondamental 1er livre des Structures dont l’aridité se fait source d’une sève nouvelle : dans cette œuvre pour deux pianos, il fait table rase de toutes réminiscences stylistiques et vise ce qu’il appelle une « pulvérisation furieuse de la continuité », cherchant d’abord à faire « cligner les oreilles » afin de reconquérir une symbiose nouvelle entre hauteurs, dynamiques et durées. Avec ses « Deux études » pour bande magnétique, Boulez poursuit sa quête d’un sérialisme généralisé en se livrant à des expériences au studio de musique concrète de Pierre Schaeffer mais l’entente avec ce dernier n’est pas aisée « Je te raconterai toutes les engueulades que j’ai eues avec Schaeffer : ce serait matière à un énorme in folio ! » rapporte-t-il à John Cage en 1953 lors de leurs échanges épistolaires avant que la prise de conscience de leurs propres divergences esthétiques finisse elle aussi par avoir raison de leur amitié par-delà l’Atlantique. Composé en 1954, on peut considérer Le Marteau sans maître comme le fruit de toutes ces réflexions. La grande inter-dépendance des relations de hauteur, de rythme, de dynamique et de timbre font du Marteau sans maître une œuvre emblématique, probablement l’une de ses plus achevées. Pourtant, l’imbrication complexe des neuf pièces qui la composent évoque déjà l’image du labyrinthe dont il finira les années suivantes par rendre les parois plus amovibles avec la notion d’œuvre ouverte, apparemment aux antipodes de celle d’achèvement.
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