Edmund Husserl, phénoménologie, psychologie et Intelligence Artificielle

Dans les années 1930, la phénoménologie est pour Edmund Husserl la forme de pensée et la philosophie la plus avancée de la quête (occidentale) du savoir. Elle fait le lien entre sciences naturelles et humaines pour les accomplir dans un dépassement qui ne les abolit pas. Son déploiement promet la restitution à l’homme d’une humanité reformulée au travers d’un savoir universel. L’ultime philosophie ? Nous republions cet article, paru en juin 2011, à l’occasion de l’anniversaire de la mort d’Edmund Husserl survenu le 27 avril 1938 à Fribourg-en-Brisgau et du tournant technologique de notre société survenue avec l’apparition de ce qu’il est convenu d’appeler Intelligence Artificielle, laquelle est aussi certainement artificielle que non-intelligente. Présentation au long cours.

Dans le cadre d’une philosophie conçue comme « unité universelle des sciences s’élevant sur un fondement absolu », Edmund Husserl s’employa à redonner à la psychologie des fondations sûres, autrement dit : débarrassées de tout préjugé objectiviste. Cette entreprise avait pour but de retrouver une objectivité authentique par l’entremise d’une réflexion sur le rôle de la subjectivité dans la constitution des objets. Il s’agissait de se distancer du statut naïf du subjectivisme psychologique, lequel confine au narcissisme.

« On ne trouve dans la donnée immédiate [de la conscience] rien de ce qui, dans la psychologie traditionnelle, entre en jeu, comme si cela allait de soi, à savoir : des data-de-couleur, des data-de-son et autres data de sensation ; des data-de-sentiment, des data-de-volonté, etc. Mais on trouve ce que trouvait déjà Descartes, le cogito, l’intentionnalité, dans les formes familières qui ont reçu, comme tout le réel du monde ambiant, l’empreinte de la langue : le « je vois un arbre, qui est vert ; j’entends le bruissement de ses feuilles, je sens le parfum de ses fleurs, etc. » ; ou bien « je me souviens de l’époque où j’allais à l’école », « je suis inquiet de la maladie de mon ami », etc. Nous ne trouvons là, en fait de conscience, qu’une conscience de… »
Husserl, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Gallimard, 1976, p. 262

Quelques principes généraux encadrent ce système méthodologique d’accès à la vérité des choses, à l’évidence intellectuelle qu’est la phénoménologie. Leur rappel est susceptible d’introduire la tâche et le fonctionnement de la phénoménologie transcendantale.

En termes de vocabulaire, l’intentionnalité désigne le cogito en tant que structure transcendantale. Autrement dit, la conscience est originellement constituée comme orientation vis-à-vis d’un objet. L’intentionnalité est le fait d’« être conscient de ». Qui plus est, la conscience n’a pas le même mode d’être que celui des objets physiques. Elle n’est pas une boîte dans laquelle entrent des images, des perceptions, etc. Elle est à chaque fois une visée (la visée intentionnelle) qui est donatrice de sens en pourvoyant constamment un appel à signification. Une pomme posée sur une table dans la cuisine m’est donnée à connaître à travers une perception qui l’échafaude en engageant toute une série d’opérations sensibles et mentales. Mais on peut faire varier les points de vue : si je ferme les yeux et je retiens la pomme comme objet de mon attention, est-ce la même chose ? Non, car percevoir une pomme n’est pas la même chose que d’en imaginer une ou de s’en souvenir : si l’objet visé (ou noème) est le même, la nature de l’acte de visée (ou noèse) diffère. L’étude de ces différents processus, actes et vécus de conscience est le matériau même du déploiement de la phénoménologie.

Dans ce dessein, il convient de s’installer à un poste d’observation qui est à la fois d’aplomb et au cœur des choses. C’est ainsi que l’universel pourra être tiré du particulier sans sombrer dans l’interprétation arbitraire. L’épochè ou réduction phénoménologique va alors s’employer à dégager des essences (par définition universelles) à partir de l’expérience commune de la conscience (dite « naïve » par Husserl en tant que l’attitude naturelle est adhésive, sans recul) quand bien même cette expérience est chaque fois particulière.

En fait, pour Husserl le fondement certain repose sur la vérité apodictique (d’une évidence nécessaire). En observant les modes, les manières, de procéder des sciences, il établit qu’elles sont positives et naturellement réalistes, donc qu’elles conduisent à des vérités universelles, partagées par tous dans n’importe quelle condition. Il en vient naturellement à se demander si le monde – son existence à laquelle il adhère – est une évidence apodictique (certaine) ? Non. L’expérience et l’adhésion au monde comme étant objectif sont naïves. Chaque affirmation sur le monde qui n’a pas été soumise à la réduction demeure alors dans l’attitude naturelle. Husserl ne nie pas l’antériorité du monde dans chaque affirmation scientifique sur ce monde ; mais cette antériorité suffit-elle à rendre l’existence du monde incontestable et la connaissance que j’en ai indubitable ?

Pour sortir de ce paradoxe, Husserl avance la notion d’épochè. Il l’emprunte à la tradition philosophique : le terme grec a été utilisé par les sceptiques dans le sens de « suspension du jugement ». L’épochè consiste à « mettre entre parenthèses » tout acquis préalable (jugement, opinion, croyance, hypothèse, etc.) vis-à-vis d’un vécu de conscience quel qu’il soit. Mieux encore, l’exercice de cette suspension vis-à-vis de tout ce qui ne se donne pas dans l’expérience révèle sa structure universelle grâce à une « pureté analytique » radicale.

Elle n’est pas synonyme de « variation eidétique », concept également forgé par Husserl qui signifie une complétude progressive en variant et intégrant les divers angles d’approche (mémoire, imagination, etc.). Cette notion d’épochè est définie, dans les Méditations cartésiennes, comme « la méthode universelle et radicale par laquelle je me saisis comme Moi pur, avec la vie de conscience pure qui m’est propre, vie dans et par laquelle le monde objectif tout entier existe pour moi, tel justement qu’il existe pour moi ». Cette méthode résulte d’une évidence apodictique première : l’ego cogito est universel par sa présence chez tous les êtres pensants et il est constitutif. « Je ne puis douter que je doute, donc je suis ».

C’est dans le cogito que Husserl trouve le fondement absolu de sa philosophie à la suite de Descartes. Mais il radicalise le cogito cartésien en en faisant non plus un premier axiome, mais le fondement même de tous les axiomes. Ce cogito est le Moi transcendantal, c’est-à-dire le Moi pur qui est dévoilé par la réduction phénoménologique.

Ce Moi transcendantal est distinct du Moi psychologique, en tant que la psychologie explique les phénomènes psychiques de manière objective dans l’attitude naturelle au monde, attitude adhésive. La psychologie examine les antécédents psychologiques des individus, les traumatismes infantiles, l’image parentale, la construction du choix sexuel, les relations névrotiques, etc. Elle cherche donc à expliquer le sens de la formulation d’états mentaux en s’installant a posteriori dans l’exercice de conditions préexistant à sa réalisation. Plus généralement, la psychologie explique le rapport interne de l’esprit à lui-même, la phénoménologie renvoie la conscience à l’objet qui la détermine.

Pourquoi le cogito est-il absolu ? C’est le principe auquel toute expérience revient et qui fonde toute expérience. Il n’est pas lui-même fondé (sans quoi l’on risquerait une régression à l’infini, de principe fondateur en principe fondateur). Il est universel, c’est-à-dire partagé par tous les humains en tout temps. A la différence de Descartes, le Moi pur de Husserl est une pure intentionnalité. Il n’est ni axiome évident, ni une chose susceptible de se donner à lui-même comme les choses lui sont données.

L’acceptation du cogito comme fondement absolu a pour conséquence de placer l’étude de la conscience au centre des préoccupations de la phénoménologie. Comme dans la Phénoménologie de l’esprit de Hegel, la phénoménologie husserlienne est une science de la conscience, mais dans une acception et un sens différents. Pour Husserl, la phénoménologie est la science des phénomènes, de ce qui apparaît à la conscience. Pour rendre possible cette science, il est nécessaire de « revenir aux choses mêmes » : les décrire telles qu’elles se présentent à la conscience. La phénoménologie est alors une science eidétique.

La véritable connaissance est la connaissance des essences, c’est-à-dire de ce qui demeure invariant dans les modifications de perspectives que l’esprit a sur les choses. En effet, tout objet tient ses déterminations d’après la perspective de la conscience ; l’objet vécu ne sera donc donné en totalité que par la synthèse totale des points de vue. Ainsi, pour décrire la structure des phénomènes, encore faut-il que la conscience perçoive – par l’intuition – les invariants, les essences.

Par allusion à Platon, mais loin de ses idéalités objectives, Husserl appelle essences les structures universelles que la phénoménologie entend dégager et fonder sur le cogito. Husserl reprend ce terme, l’un des plus vieux de la philosophie, parce qu’il se situe dans une tradition qu’il entend réaliser. La philosophie est un projet consistant à vouloir dégager la structure rationnelle du monde, la phénoménologie est la première philosophie scientifique qui se donne les moyens de réaliser ce projet. La science eidétique et l’ontologie husserliennes sont depuis en cours de constitution. Depuis un siècle, elles ont fortement influencé l’évolution des sciences humaines.

Reste qu’une parenthèse peut être ouverte sur le rapport matière-forme et extérieur-intérieur. Jacques Derrida dans De la Grammatologie souligne que si le couple conceptuel matière-forme est une composante réelle du vécu, celle-ci n’est pas en elle-même une réalité. « Quant à l’objet intentionnel, par exemple le contenu d’une image, il n’appartient réellement ni au monde ni au vécu » (Jacques Derrida, De la grammatologie, éd. de Minuit, 1967, p. 94). Est-ce à dire qu’il n’a aucune consistance ? Certes non, il s’agit en fait d’une composante non-réelle du vécu. La zone du vécu accueille des types de strates hiérarchisées, dont la réalité, la composante réelle de la structure matière-forme ainsi que la composante non-réelle de l’objet intentionnel. Attention : ici non-réel n’est aucunement synonyme de non-existence ! Simplement, cet objet intentionnel in-existant doit être appréhendé de manière nettement plus subjectivisée que les idéalités objectives, mathématiques ou géométriques par exemple. L’image acoustique par exemple, en tant qu’objet intentionnel, ne peut pas être analysée comme la copie de la réalité externe par la réalité interne. Il s’agit précisément de dépasser un modèle portraitiste (qu’Husserl critique dans les Ideen I) et de surmonter l’opposition entre la réalité extérieure et la réalité intérieure dans un mouvement de constitution global.

La phénoménologie a poursuivi son déploiement à travers plusieurs philosophes.

Bien qu’il n’ait jamais été son étudiant, Max Scheler a aussi subi l’influence de Edmund Husserl, qu’il développa notamment dans les domaines de l’éthique et de l’affectivité. Jean-Paul Sartre développa la phénoménologie dans un sens existentiel, en subissant l’influence de Heidegger. Maurice Merleau-Ponty centra sa phénoménologie autour de la question de la corporéité et du sensible. Paul Ricœur et Emmanuel Levinas ont traduit Husserl en français et ont prolongé ses travaux.

Ceux d’Alfred Schütz s’appuient sur la phénoménologie dans le but de fonder une sociologie phénoménologique, notamment autour des notions de description eidétique, d’intentionnalité et d’intersubjectivité, et portant sur les interactions sociales du monde-de-la-vie au quotidien.

Martin Heidegger est certainement son élève le plus célèbre, même si son œuvre se développe essentiellement vers une phénoménologie ontologique et existentiale centrée autour de la question de l’être, tandis que Husserl expose une phénoménologie transcendantale organisée autour des concepts méthodiques de réduction et d’intentionnalité.

Inspirée essentiellement de la phénoménologie d’Edmund Husserl et de Martin Heidegger, la daseinsanalyse (analyse existentielle) de Ludwig Binswanger s’éloigne de la psychanalyse en inaugurant une nouvelle méthode thérapeutique. Dans la phénoménologie, Binswanger trouve le moyen de pallier les difficultés épistémologiques qu’il a décelé dans la psychanalyse freudienne qui reste selon lui prisonnière d’une attitude naïve.

Michel Henry installe l’individu dans son origine, la vie immanente, cette essence invisible présente en chacun et qui le porte en assurant son ipséité et sa qualité de sujet. En pratique, la transcendance est maintenue, mais comme expérience interne transcendantale. Pour Henry, c’est elle qui nous permet de saisir l’immanence dans sa pureté, dans son essence. Chemin qui mène à la vie absolue.

Georges Soulès, dit Raymond Abellio, est sans doute l’hapax et l’ovni de la planète phénoménologique et husserlienne. La gnose abellienne prolonge les stades précédents d’intégration progressive des couches phénoménologiques en faisant de la conscience le lieu de la présence même de l’absolu : de Dieu. La spécificité de la gnose abellienne, en tant que spiritualisme rationnel occidental, est de s’ancrer dans la soumission des sciences religieuses, y compris ésotériques, à la grille d’analyse rationaliste ; ce qui entraîne une conception de la Connaissance à la fois comme lieu du pouvoir de la raison et comme instrument de pouvoir pour la raison. En pratique, la gnose abélienne recouvre la postmodernité tout en étant une singularité : elle est éperdue de totalisation tout en rejetant les mécanismes de totalisation. Elle est ultamoderne : l’homme doué est – grâce à la pratique de la Structure Absolue – le constituant souverain de son sens (existentiel et transcendant, créature et créateur) dans un mode tendanciellement totalisant car la conscience globale serait soumise à un Nous transcendantal (une sorte de Web 3.0) par l’intermédiaire d’une invisible intersubjectivité des consciences (une intégrale mise en réseau dans l’esprit de la noosopshère de Theilhard de Chardin)… Hapax et ovni. A l’image de l’homme sur terre et dans la création.

Enfin, la grande nouveauté consiste dans l’apparition de l’Intelligence Artificielle… en 1956 sur le campus de l’université américaine de Dartmouth… Un robot calculatoire doté d’un puissante capacité d’auto-enrichissement par boucles séquentielles. La foi de certains : à mesure que s’accumulerait du savoir et se complexifie les rapports entre ses données, à un moment devrait survenir, se précipiter dans la mémoire de cet agent artificiel, une capacité réflexive qui constituerait une forme de conscience phénoménale. Cela étant, on peut en douter pour plusieurs raisons. Avant tout, l’absence de corporéité, de l’intérieur-extérieur, et de l’auto-affection qui phénoménalisent les choses perçues à travers des composantes non-réelle de l’objet intentionnel. En outre, nous ne savons toujours pas comment fonctionnent les différents modes et vécus de conscience et, surtout, leurs origines gestatives restent inexpliquée.

Autrement dit, la croyance computationnelle qu’une accumulation de données se transformerait en capacité d’auto-produire et de s’auto-appliquer des règles récursives, lesquelles produiraient un pensée complexe avant de donner naissance d’un coup de baguette magique à la formation d’une conscience réflexive est une hypothèse essentiellement inadéquate. Un excès de quantité permet, après une crise résolutoire, d’accéder à une nouvelle strate qualitative que dans de rares cas spécifiques. Chez l’enfant humain, avant tout. Et elle est intimement lié à l’opposition intérieur / extérieur, vie / mort, complexité / limitation, moi / pas moi. L’instinct de survie, le conatus spinozien, est absent des machines, aussi sophistiquées qu’elles soient.

Ce à quoi certains artisans de l’I.A., notamment des penseurs sérieux comme David Chalmers, répondent que le processus d’imitation, le fait de copier, de singer, de mimer les vécus de consciences des humains pourraient conduire – à force (et avec un coup de pouce, mais pas de la nature ni de Dieu alors de quoi ou qui ?) – non à l’apparition d’une conscience phénoménale propre aux humains mais à une autre-nouvelle forme de conscience. Conscience dont les ressorts subjectifs internes seraient autres et inaccessibles à la capacité sinon de description du moins de compréhension de l’esprit humain.

Au demeurant, cette conscience artificielle qui s’auto-phénoménaliserait est un objet-sujet si difficile à appréhender qu’elle semble ne constituer qu’une fiction. Pour autant, notamment dans le cadre d’une soumission volontaire par l’ensemble des êtres humains à un monde artificiellement recréé, fiction et réel s’hybrident, la planète terre connaitrait dès lors un tournant : la coexistence avec un nouveau groupe d’individus (créés par le dieu-homme) capables de vivre en relation et de se multiplier. Des formes de symbioses auraient nécessairement lieu, comme l’humain le fait déjà avec notamment les bactéries et les virus… On peut ainsi citer la Genèse en 1:28 tout en se demandant ici qui parle : »Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. » Bref, conclut Matthieu, en 9,17, « A vin nouveau, outre neuve. »

husserl

N.B. : L’expérience radicale de l’épochè peut advenir dans le psychisme d’un individu en recherche de différentes manières (peut-être aussi précisément : d’une manière inattendue). Dans mon cas, arrivé en Russie en 1991 juste après le putsch des généraux, je me suis mis à pratiquer le Yoga Prana. Je m’y essayais le temps de siestes dans la chaleur enveloppante des appartements moscovites (surchaufés, chauffage centrale oblige). Les apnées négatives de 1 à 3 minutes, poumons vidés, alternant avec des des euphories de 2 à 4 minutes quand mes poumons s’exaltaient de souffle, il est arrivé que mon esprit et mon psychisme se retrouve, voire communie, dans un moment superposé. Alors là, un jour, tout a basculé (pour quelle raison d’ailleurs mystère…) : le présent éternel devient l’ordre éternel de toutes choses ; quant à l’espace, sa contraction en petit pois équivaut son exaltation infinie ; ampleur et intensité ne font qu’un ; je me vois moi-même en ma propre pensée qui librement sans temps ni besoin me pense dans un temps et un espace qui est à la fois total et unique – donation de sens et sens de la donation ne font plus qu’un. Dès lors, j’ai su que tout avait un sens. Et qu’on m’avait trompé jusqu’à présent sur le sens des choses. Et leur vraie saveur.

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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