Gabriella Zalapì remporte le prix Fémina des lycéens avec Ilaria

Gabriella Zalapi ilaria

Plasticienne d’origines anglaise, italienne et suisse, Gabriella Zalapì puise son inspiration dans sa propre histoire familiale. Formée à la Haute école d’art et de design à Genève, elle se révèle à travers l’image, l’iconographie et la photographie. Mais pour Ilaria ou la conquête de la désobéissance, ce troisième récit plus intime, elle joue surtout avec le pouvoir visuel de l’écriture. Jeudi 28 novembre 2024, les lycéens de l’Académie de Normandie ont décerné à l’écrivaine le Prix Fémina des lycéens pour ce roman.

Depuis la séparation de ses parents, Ilaria, huit ans, vit avec sa mère et sa sœur en Suisse. Un jour, alors qu’elle fait le cochon pendu dans la cour de récréation en attendant sa sœur, elle voit les pieds de son père. Elle ne l’attendait pas. Mais il est venu la chercher pour leur rendez-vous familial mensuel chez Léon. Il lui promet que sa mère passera prendre sa sœur à l’école. Mais en chemin, le programme change. La mère a un empêchement. Aussi emmène-t-il Ilaria en week-end à Turin. Mais le week-end se prolonge indéfiniment. Et l’escapade devient un voyage de deux ans dans toute l’Italie.

« Routes, cabines téléphoniques, bureaux de poste, petits hôtels, bars. Les journées s’empilent. »

Gabriella Zalapi ilaria

La beauté et la force de ce récit vient de l’innocence de l’enfance. Car c’est Ilaria qui parle. Une enfant qui ne comprend pas toujours ce qui se passe mais qui vit le présent. Bien sûr, elle demande sa mère, s’étonne qu’elle ne lui parle pas au téléphone. Mais elle vit une véritable aventure avec son père. Même si parfois, elle craint ses colères, ses égarements, elle l’aime profondément.

« Qu’est-ce qui m’empêche de haïr Papa ? La honte que j’ai vue dans son regard le jour où, exaspérée par ses whiskys, j’ai vidé sa bouteille de Ballantine’s dans le lavabo de la salle de bains. »

Alors, oui, parfois, elle joue la désobéissance. Pour attirer son attention, pour montrer qu’elle existe, pour combler le vide d’une mère dont elle parle peu mais qui occupe naturellement son esprit. Elle voit bien que parfois, elle est un « paquet encombrant » pour ce père qui ne se remet pas de son divorce. Accepte-t-elle pour autant les mensonges et les arnaques de son père ? On ne le sait pas vraiment. Mais elle s’adapte à toute situation. Elle goûte à l’amitié lors d’un séjour en pensionnat, apprend les bonnes manières chez sa grand-mère paternelle, vit le bonheur des vendanges à la campagne. Elle trouve la tendresse là où elle peut. Ne serait-ce qu’auprès de son ours en peluche qui recueille tous ses secrets enfouis dans un trou de son cou.

Turin, Gênes, Naples, Rome. Ce roman est aussi un beau voyage au rythme des lieux et des rencontres. Dans la voiture, l’autoradio crache parfois quelques notes de chansons italiennes ou un scoop d’information, moment sombre de l’Italie des années de plomb. Le style de Gabrielle Zalapì nous fait vivre toutes les émotions d’une enfant, d’un pays, d’une époque. De cette succession d’étapes, l’auteur crée un visuel émouvant qui nous place au plus près de cette jeune enfant.

Gabriella Zalapì vient de recevoir le Prix Femina des Lycéens pour ce roman, Ilaria ou la conquête de la désobéissance.

Biographie :

Gabriella Zalapì vit à Paris. Elle est déjà l’auteure de deux romans très remarqués. Antonia (Zoé, 2019, Le livre de poche, 2020), son premier roman, a reçu le Grand prix de l’héroïne Madame Figaro et le prix Bibliomedia. Dans Willibald, l’écriture précise et réduite à l’essentiel de Gabriella Zalapì peint les plis et les replis d’un homme dont la vie aussi tragique que romanesque a fait de sa famille la victime collatérale. Ilaria ou la conquête de la désobéissance est son troisième roman.

Ilaria ou la conquête de la désobéissance de Gabriella Zalapi, éditions Zoé, 176 pages, 17 euros, ISBN 978-2-88907-411-2. Parution : 21 août 2024

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Marie-Anne Sburlino
Lectrice boulimique et rédactrice de blog, je ne conçois pas un jour sans lecture. Au plaisir de partager mes découvertes.

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