Sur la côte ouest de la presqu’île de Roscanvel, dans le Finistère, l’îlot des Capucins repose au pied de la falaise… De cet ancien fort militaire en partie creusé à même la roche, il ne reste aujourd’hui que des ruines. Édifié pour la défense du port de Brest, les lieux se fondent dans le paysage et offre un spectacle impressionnant. Direction le littoral breton pour une bouffée d’air frais.
L’Îlot des Capucins, Finistère. C’est dans la petite ville de Roscanvel, moins de 1000 habitants en basse saison, que se trouve certainement l’un des plus beaux sites de Bretagne, inscrit aux Monuments Historiques en 2016. Situé sur une presqu’île, la commune fait partie du parc naturel régional d’Armorique et son histoire est principalement liée aux événements militaires et à la défense du port de Brest.
Si l’on sort de l’interminable route en ligne droite et que l’on s’aventure hors des sentiers battus, le trajet pour arriver à destination s’écrit entre les routes au cœur de la nature bretonne, dévêtue par l’hiver, et les petites communes typiques. De l’Ille-et-Vilaine au Finistère, le paysage se transforme et dépayse agréablement.
« Son nom vient d’un rocher à proximité de l’îlot, qui a la forme d’un moine en prière. Sa position est stratégique à l’entrée du goulet de Brest. Le fort contrôle la totalité de la baie de Camaret », apprend-on sur le site internet de Roscanvel. Après avoir emprunté le chemin de terre pour longer la falaise, sommes-nous prêts à la surprise que le littoral breton réserve ? La vue de l’Océan Atlantique, entièrement dégagée de la pointe du Grand Gouin au fort de Bertheaume, est tout simplement à couper le souffle. En contrebas, le fort aujourd’hui en ruines repose fièrement. Le silence des lieux est seulement accompagné par le bruit des vagues qui se fracassent contre les rochers.
Face à ce spectacle, la beauté de la région ne peut qu’une nouvelle fois être confirmée.
L’îlot est relié à la terre par un magnifique pont construit par le génie militaire (GM) en 1859, avec le schiste du rocher lui-même et en kersantite, ou pierre de Kersanton, comme l’ensemble du site. Creusé à même la roche, le site a été fortement endommagé par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), mais le charme des ruines plonge le visiteur dans une ambiance particulière. Face à l’océan, ces vestiges racontent une histoire de la Bretagne. Comment ne pas se sentir petit ? On ne peut que déambuler dans les bâtiments en pierre, aujourd’hui à ciel ouvert, marcher sur les traces de ces individus qui ont un jour côtoyé ce lieu et s’imaginer le passé de ce site militaire. De quand date-t-il exactement ?
Des inscriptions par-ci par-là permettent de situer une partie de la construction : « 1848 » sur une façade, « 1861 » sur le pont. Pour autant, l’histoire de cet îlot en contrebas de la falaise remonte au XVIIe siècle. Dans cette partie la plus large de l’entrée du goulet de Brest, l’ingénieur et architecte militaire Sébastien Le Prestre de Vauban (1633 – 1707) avait prévu en 1694-1696 la construction de deux batteries (unité militaire désignant un petit groupe de pièces d’artillerie) : celle du fort du Petit Minou sur la rive nord et celle des Capucins sur la rive sud. Celui-là même qui nous intéresse, « il ne reste rien sur l’îlot des Capucins de ces projets, mais ils furent repris et exécutés, en suivant les plans de Vauban, en 1847-1849 », peut-on lire sur le site du Ministère de la Culture. Au XIXe siècle, le site évolue et s’adapte à la modernisation des armements. « Plusieurs batteries de mortiers, elles-mêmes remaniées, ont remplacé la batterie de gros calibre restée active jusque vers 1870 […], un système de projecteurs alimentés à l’électricité en 1891-1893 », apprend-on encore.
Sous la partie émergente du rocher se dissimule de nouveaux secrets, des chemins qui laissent entrevoir un peu plus de cette histoire. Un escalier, en partie creusé dans la roche, vous aspire dans les entrailles du site, direction la batterie de rupture, construite en 1888, à la même période qu’un magasin à poudre (1890-1891). Pour ceux qui, comme une partie de la rédaction, ne maîtrise pas le vocabulaire militaire, la batterie de rupture consistait en l’usage d’au moins un canon, généralement plusieurs, installés sur la côte juste au-dessus du niveau de la mer. Contrairement à une batterie de bombardement édifiée sur les hauteurs de la falaise. Dans ses salles creusées dans la roche trônent encore quelques vestiges de l’époque, rouillés et usés par le temps, tel un canon, du moins ce qu’il en reste, qui pointe en direction d’une petite ouverture. C’est de cet endroit qu’étaient envoyés les projectiles avant d’entrer en collision avec les cuirassés de l’époque.
Un wagon descendait également la pente abrupte d’en haut de la falaise jusqu’au fort pour l’approvisionnement. Il n’en reste aujourd’hui que des rails rouillés. Ce ne sont pas les seuls vestiges rouillés que l’on découvrira sur le site, tous témoins de ce temps passé…
Le Fort est en grande partie en ruine. Anciennement propriété du Ministère de la Défense, il appartient désormais au Conservatoire du Littoral (depuis 2012). L’accès au Fort reste officiellement interdit pour des raisons de sécurité, les accès et le pont n’étant pas sécurisés. Les vestiges ne sont pas stabilisés. Les visiteurs y accèdent sous leur propre responsabilité et dans le respect des lieux.
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