Les tribus des Sioux, Cheyennes, Comanches, Pawnees et autres Indiens des plaines ont investi le musée du quai Branly depuis le 8 avril. Un vaste ensemble de 130 objets est présenté au public : coiffes à plumes d’aigle, calumets divers, habits en peau de bison, pièces d’œuvres contemporaines, témoignages de la vie dans les réserves…
L’exposition, qui se déroule jusqu’au 20 juillet, déploie l’environnement des Indiens des grandes plaines : zone immense, d’herbe et de vent, qui s’étend des provinces canadiennes du Saskatchewan jusqu’au Texas, et du bassin du Mississippi jusqu’aux montagnes Rocheuses. La scénographie, conçue par Jean-Michel Wilmotte, sobre et épurée, est une réussite. Elle permet au visiteur de se concentrer facilement sur la qualité esthétique des pièces présentées, notamment de nombreuses divinités. Là, une pipe en argile représentant un jeune homme démontre la la hauteur créatrice des Indiens en ces temps anciens. Plus loin, c’est le tabac ; élément qui joue un rôle majeur pour ces tribus du Midwest américain : sa fumée constitue une offrande accompagnant les prières pour la paix ou la guérison.
L’exposition est composée de 7 parties: Le renouveau artistique dans la vie contemporaine, 1965-2014 |
C’est une promenade pédagogique à travers l’histoire à laquelle est également convié le visiteur. Dès 1540, les conquistadors espagnols explorent les territoires situés au nord du Rio Grande et lancent des missions de reconnaissance jusqu’aux grandes plaines centrales. Certaines tribus indiennes installées le long des rivières pratiquent l’agriculture et sont prospères. D’autres tribus, semi-nomades, chassent le bison à pied. Cet équilibre est bouleversé avec l’apparition du cheval, introduit au Nouveau-Mexique par les Espagnols. À la fin du XVIIe siècle, certains équidés s’échappent, deviennent sauvages et s’épanouissent dans ces vastes prairies.
Au XVIIIe, les Indiens sont devenus d’excellents cavaliers et ils se mettent à chasser activement le bison. Les échanges commerciaux s’intensifient. Et voilà que l’homme blanc s’en mêle. « Les Européens ont apporté deux choses aux Indiens: les chevaux et les fusils », commente Gaylord Torrence. Sans compter les maladies qui vont décimer à plusieurs reprises les tribus.
Mais les femmes accèdent à de nouveaux outils (aiguilles d’acier, perle de verre) pour décorer les vêtements, les mocassins, les équipements pour chevaux. Plusieurs robes exposées, aux motifs peints sur des peaux de bison, proviennent des collections royales françaises et appartiennent au musée du quai Branly. L’une de ces robes, réalisée vers 1740 par un artiste quapaw de l’Arkansas pour les colons français, montre des danseurs autour d’un scalp humain, alors que sur la bordure sont dessinées des églises. L’art est différencié selon le sexe: les hommes réalisent des décors figuratifs tandis que les femmes sont chargées des motifs géométriques. Certaines robes racontent les hauts faits des guerriers et se lisent comme une bande dessinée.
Symboles des Indiens des Plaines, les coiffes sont d’abord faites en plumes de corbeau puis en plumes d’aigle. Elles peuvent être très longues, chaque plume représentant un exploit de son propriétaire. Au XIXe, la guerre fait désormais partie du quotidien des Indiens des plaines. Mais les guerres intertribales sont nettement moins meurtrières que la Conquête de l’Ouest. Après la guerre de Sécession (1860-1865), l’implantation des colons s’intensifie, les Indiens sont cantonnés dans des réserves. Le bison disparaît. Une page est tournée.
Indiens des Plaines, Musée du quai Branly, du mardi 8 avril au dimanche 20 juillet 2014
Après Paris, l’exposition partira pour un grand tour américain en étant proposée à Kansas City à l’automne, mais aussi au Metropolitan Museum of Art de New York début 2015.