Hommage à Jean Michel Jarre, cet oxygène

Dans la très longue carrière de Jean Michel Jarre, il est très difficile de choisir un album représentatif, à part peut-être Oxygène. Mais plus que l’album, c’est ce qu’il a représenté pour une génération de musiciens qui importe. En 1997, des DJ lui rendaient hommage par des remix, démontrant ainsi la portée de son œuvre.

Jean-Michel Jarre, fils du musicien Maurice Jarre, bien connu pour ses musiques de film, a débuté sa carrière par des expérimentations musicales avec le GRM, de Pierre Schaeffer après avoir suivi des études de lettre . Nous sommes au début des années 70 et l’électronique n’est qu’à ses balbutiements. Le jeune Jarre intègre très tôt des sons issus des premiers synthétiseurs ainsi que des enregistrements de bruits de machines et outils. Ces premiers albums sont dans une veine totalement expérimentale tandis qu’il se fait un nom en créant des musiques pour des spectacles, des films, des émissions de TV. Il écrit également des textes ou des musiques pour Françoise Hardy, Christophe ou Gérard Lenorman. C’est la rencontre en 1974 avec l’ingénieur Michel Geiss qui change véritablement sa carrière. Ils expérimentent ensemble de nouveaux instruments avant de concevoir plus tard leurs propres outils. Le premier album « pro » de Jean-Michel en 1976 : Oxygène. Après le succès de Pop-Corn de Gershon Kingsley ou des Allemands de Kraftwerk, Oxygene apporte de la grandiloquence, de la chaleur et de la sophistication à la musique électronique. Le succès est immédiat et propulse Jean-Michel Jarre comme star mondiale. Il confirme en 1978 avec Equinoxe et l’apport des instruments de Geiss et de nombreux « samples » issus de la nature.

Pourtant les albums ne restent que des produits de studio. Jarre a pourtant fait des prestations scéniques auparavant, mais ce n’est que lors du 14 juillet 1979 qu’il se lance dans les grands shows extérieurs qui feront sa gloire. Il voyage en Chine, explore des sonorités orientales, africaines qui trouveront leur prolongement dans Zoolook en 1984. En 1986, c’est encore un carton avec Rendez-Vous qui apporte de la grandiloquence à sa musique, comme le pendant de ses propres spectacles où il utilise pyrotechnie et laser. Mais il revient à des sons plus intimistes et ethniques dans Revolutions, qu’il mêle à la digitalisation vocale. Le déclin s’amorce lentement avec un En Attendant Cousteau moins riche en 1990. On le sent plus investi dans la mise en scène ses spectacles que dans sa musique avec des shows à La Defense, devant des pyramides en Égypte. En 1997, il finit par donner une suite à Oxygène dans Oxygene 7-13.

Est-ce dû à sa vie personnelle compliquée, mais son inspiration semble s’étioler dans Metamorphoses en 2000. Maintenant dépassés par la mode « French Touch » de la musique électronique française, ses albums ne sont plus des évènements. Il ne crée plus de tendances, mais essaye de suivre en s’essayant à la house, la lounge ou à la techno dance floor. Le public ne suit plus. Mais il garde pourtant le respect de la scène electro comme ce Odyssey through O2 de 1997 le montre.

L’album avait la particularité d’être doté d’une partie CD-Rom assez développée pour faire des mix des morceaux. Cette partie montre l’intérêt de l’artiste pour les nouvelles technologies multimédias puis l’internet. L’album réunit des artistes internationaux comme le français DJ Cam, les Allemands de Resistance D, les Anglais d’Apollo Four Forty, le japonais Takkyu Ishino, le très house Claude Monnet ou encore l’américain Hani. Il y en a pour tous les goûts de l’époque en matière de musique électronique, montrant la versatilité de l’artiste. On y trouve ainsi de la trance assez hardcore comme des atmosphères plus éthérées ou des sonorités house lounge. Mais l’album conserve toutefois une cohérence et une ligne « pop ». Si après l’ouverture, on part dans des sonorités indiennes, la rupture est douce pour passer à la house de DJ Cam ou basculer aux sonorités plus répétitives et dansantes d’Hani avant d’évoluer vers plus mélodieux encore. On aborde la trance lentement avec le très dance Oxygene 10 de Resistance D qui se poursuit par un survitaminé transmix d’oxygene 8. La version de Sunday Club apparaît extrêmement fidèle à l’original en apportant de la modernité rendant le morceau inoubliable avec l’apport de quelques lignes de piano. La rupture se fait pourtant plus brutalement avec le son londonien des Apollo 440 dont le Rendez vous 98 paraît impeccablement intégré à l’ensemble. D’autres remix de ces mêmes morceaux seront d’ailleurs intégrés plus tard dans d’autres compilations. Les morceaux Odyssey du maître servent habilement de transition à l’ensemble et montrent qu’en 1997, il était encore totalement au goût du jour avant de se faire avaler par ses propres spectacles.

Après 15 ans, les morceaux restent totalement actuels, la musique électronique ayant connu une régression dans son approche « mainstream ». L’album paraît dont une introduction parfaite à l’œuvre de Jean-Michel Jarre ou même plus largement à son héritage dans ce qu’on appelle maintenant pompeusement « electro », histoire de ne pas faire peur et de flatter le marketing.

  1. Odyssey Overture
  2. Oxygene 10 Transcengenics (Loop Guru at the Shrine Remix)
  3. Oxygene 7 (Dj Cam Remix)
  4. Oxygene 8 (Hani’s Oxygene 303)
  5. Oxygene 8 (Hani’s 303 Reprise)
  6. Odyssey Phase 2
  7. Oxygene 10 (Resistance D Treat)
  8. Oxygene 8 (Transmix)
  9. Oxygène 8 (Sunday Club)
  10. Oxygène 10 (@ 440 Remix DUB)
  11. Odyssey Phase 3
  12. Oxygène 11 (Remix)
  13. Oxygène 12 (Claude Monnet Remix)
  14. Oxygène 8 (Takkyu Ishino Extended Mix)
  15. Odyssey Finale
  16. Rendez-Vous 98 (@ 440 Remix)
  17. Oxygène 13 (TK Remix)
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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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