John Marcus > L’homme qui rêvait, Aristote ou de la Politique

Après le remarqué L’Éclat du diamant – un coup de projecteur sur la collusion entre médias et industrie – John Marcus revient avec un diptique intitulé L’homme qui rêvait, deuxième enquête du commissaire Delajoie. Dans le premier tome, Aristote, l’auteur livre un essai romancé économico-policier afin de sensibiliser le grand public à des questions et réformes sociales qui demeurent habituellement le pré carré de quelques experts patentés.

« Une société meilleure est-elle possible ? Maintenant ? C’est en tout cas ce que pensait le sénateur Aristote avant d’être retrouvé sauvagement assassiné dans la célèbre villa Arabe, quelques jours à peine après l’annonce de la création du PIB, le nouveau Parti international du bien-être. Dans l’agitation qui suit la mort du vieux sénateur, candidat à l’élection présidentielle, la fine équipe du 36, quai des Orfèvres, dirigée par le commissaire Delajoie, est aussitôt lancée sur la trace des meurtriers.
Quelles relations pouvait bien entretenir le politicien avec un joueur invétéré de poker et un jeune trader londonien, eux aussi retrouvés à l’état de cadavres ? Quels puissants intérêts menaçait donc Aristote, celui que tous nommaient « L’utopiste du Luxembourg » ? Qui pouvait avoir peur des propositions originales énoncées dans son programme et des changements radicaux de société qu’elles auraient engendrés?
Traquant la main invisible du Marché, l’équipe du commissaire Delajoie entreprend alors un voyage insolite au coeur de l’économie politique. D’Adam à Lycurgue, de Sismondi à Gesell, d’Owen à Proudhon, de Veblen à Duboin, de Keynes à Sen, autant de témoins improbables qui aideront pourtant les policiers à comprendre le mobile des meurtres et à retrouver le ou les coupables. »

Fonctionnement : Après le constat d’un meurtre dans chacun des deux premiers chapitres, l’enquête démarre au troisième avec la mort du sénateur Aristote. Dès lors, l’intrigue devient politique ; si la tête d’un « Parti international du bien-être » a été décapitée, c’est qu’elle menaçait les principes de fonctionnement de la société. Voilà le motif narratif qui permet à l’écrivain de déconstruire les rouages économiques de notre monde.

Unidivers a goûté : Une association originale des genres, une intelligence didactique, un regard décalé, une fiction qui fonctionne bien et de l’humour… parfois noir (« On avait bel et bien émasculé le sénateur, avant de lui enfoncer ses parties dans le gosier. Et de l’éventrer. De quoi donner un haut-le-coeur, même au professionnel le plus aguerri. Et provoquer ainsi une première pollution de la scène de crime par un déversement biliaire non autorisé. »)

Unidivers a moins goûté : Un excès de thèmes, une insuffisance de points de vue contraires, une exposition un peu déséquilibrée, démonstrative, voire moralisatrice.

Au final, notre rédaction a aimé le style de pamphlet divertissant déployé par John Marcus, l’ensemble est tout à la fois éducatif et revigorant. Un très bon polar à emmener avec soi cet été et qui donne envie de découvrir le tome suivant, lequel promet à coup sûr une parfaite maîtrise.

L’Autre Édition, 396 pages, 19,90 €


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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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