La Journée mondiale de la lèpre se déroulera les 24, 25 et 26 janvier 2025

journee lepre

La Journée mondiale des malades de la lèpre, qui aura lieu vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 janvier 2024, rappelle une dure réalité : la lèpre touche une personne toutes les trois minutes dans le monde, ce qui représente encore à notre époque trois millions de vies marquées à jamais par un handicap et la stigmatisation. 

Acteur principal de ce combat, l’Ordre de Malte France intervient dans treize pays touchés par la lèpre en Afrique et en Asie du Sud-Est, avec : le dépistage ; les soins ; le traitement chirurgical des séquelles ; la réhabilitation et la réinsertion des malades ; et la formation du personnel soignant. Chaque année, ce sont en moyenne 20 000 personnes qui sont traitées de la lèpre et de ses complications : au Bénin, au Cameroun, au Cambodge,  en Côte d’Ivoire, au Laos, à Madagascar, en Mauritanie, en République Centre Afrique, en Guinée, au Sénégal, au Togo, au Vietnam. l’Ordre de Malte France, a formé au cours des cinquante dernières années, plus de 500 médecins africains, français, vietnamiens et cambodgiens.

La lèpre avec sa mauvaise réputation est la maladie de la misère, de l’ignorance et de la honte. Elle touche les populations isolées, coupées des systèmes de santé. Stigmatisés, les lépreux souffrent de cette maladie et aussi d’exclusion. La lèpre est une maladie chronique d’origine bactérienne. Elle fait partie des maladies tropicales négligées ; la bactérie Mycobacterium leprae est transmise par des gouttelettes d’origine nasale lors de contacts étroits et fréquents avec des personnes infectées et non soignées. Le bacille se multiplie très lentement ; la période d’incubation de la maladie est de cinq ans en moyenne et les symptômes peuvent apparaître une vingtaine d’années plus tard. La lèpre provoque des lésions cutanées et nerveuses. Sans traitement, les lésions deviennent permanentes : elles touchent la peau, les nerfs, les membres et les yeux.

Il semblerait, selon les historiens, que la lèpre tire son origine de l’Afrique de l’Est et du Proche-Orient ; elle se serait propagée au gré des migrations humaines successives au cours de l’Histoire. Les textes anciens témoignent de la présence de la lèpre en Chine, en Inde et en Egypte environ 600 ans avant Jésus Christ. Elle aurait été introduite en Europe par des soldats grecs au retour de la campagne d’Alexandre le Grand (356-323 avant JC) en Inde et au retour des croisades en Palestine. Les Européens ont introduit la maladie en Afrique de l’Ouest et dans les Amériques au cours des cinq derniers siècles.  

En France, la lèpre se développe surtout au XIIIe siècle, où le royaume totalise 60 000 malades abrités et isolés dans 4 000 léproseries ou maladreries. A cette époque, la lèpre est incurable et très mutilante, ce qui explique l’exclusion systématique des malades. Il a fallu construire des léproseries en grand nombre dans notre pays, notamment en Bretagne, tant cette maladie infectieuse est contagieuse 

En Bretagne, à Ploërmel dans le Morbihan, la léproserie se situait dans le village de Saint-Denis, autour de la chapelle du même nom (qui existe toujours). Les lépreux vivaient isolés des autres habitants, avec leurs propres logements et leur propre cimetière. Ils étaient dans l’obligation de respecter certains interdits : ne pas se servir à la fontaine en utilisant leurs mains, ne pas entrer dans l’hôpital, dans un moulin ou encore dans l’église. Une fontaine, réservée aux lépreux, se trouvait au village de Bezon, ce qui laisse à penser qu’il existait peut-être une autre léproserie dans cette zone. Les lépreux se différenciaient par leur apparence : ils étaient vêtus d’habits noirs, recouverts d’un morceau de drap rouge, bien visible. Les lépreux exerçaient les métiers de tisserands et de cordiers. Ils devaient se marier entre eux ! La chapelle Saint-Denis, appelée le temple des lépreux les accueillait pour prier.

La lèpre régresse en France à partir du XVe siècle, et disparaît au cours du XVIIe siècle dans la majorité des pays européens.

C’est en 1953, que l’écrivain et journaliste Raoul Follereau (1903-1977), que l’on appelait le vagabond de la charité, lance avec sa femme Madeleine (1902-1991) une initiative spectaculaire contre le fléau qu’est la lèpre, avec la Journée mondiale des lépreux, une mobilisation des esprits et des cœurs. Raoul Follereau fait 32 fois le tour du monde pour adapter l’aide aux problèmes réels. Pour les lépreux, il oublie les fatigues et les inquiétudes et se rend dans les endroits les plus reculés. À la manière d’un grand reporter, il alerte l’opinion et dénonce l’exclusion dont sont victimes ces malades. Orateur d’exception, Raoul Follereau révèle des drames ignorés, des vérités crues et lance un signal d’alerte à la communauté internationale. Il crée la Fondation Raoul Follereau, qui lutte contre la lèpre et la pauvreté et promeut l’accès à l’éducation. Enfin, grâce à lui, les lépreux ne sont plus des parias ! 

Deux ans plus tard, en 1955, la Journée mondiale des lépreux est célébrée dans une soixantaine de pays à travers le monde. Les progrès sont considérables. Depuis les années 1980, près de seize millions de lépreux ont reçu un traitement. La lèpre a été éliminée dans 108 des 122 pays où elle était considérée comme un problème de santé publique par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Néanmoins, on dénombre encore de nos jours trois millions de lépreux vivant avec une infirmité, du fait que le temps d’incubation de l’infection dure plusieurs années, ce qui rend son élimination difficile à l’échelle mondiale.

L’OMS a lancé La Stratégie mondiale contre la lèpre 2016-2020, reconduit en 2021 avec la Stratégie mondiale de lutte contre la lèpre 2021-2030, vers zéro lèpre.

INFOS PRATIQUES

Vous souhaitez vous engager et participer à la journée mondiale des malades de la lèpre : contactez le délégué de votre département pour intégrer les équipes de bénévoles de l’Ordre de Malte France. Faites-un don à l’Ordre de Malte ici

Article précédentViolences à Rennes. Nathalie Appéré demande un vrai plan de lutte national contre le narcotrafic
Article suivantLe Fantôme de l’Opéra sublimé dans le noir et blanc des frères Brizzi
Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici