JOURS DE L’ORALITÉ ET DU SON, POÉSIE DE VIVRE A RENNES

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Pour sa deuxième édition, les Jours de l’Oralité et du Son organisés par La Voix Sociale proposent de se ressourcer en apprenant durant trois jours de formations et de concerts à Rennes, du 15 au 17 juin 2018. Ce week-end d’initiation à la prise de son, au chant ou encore au théâtre avec comme thème central la voix sera des moments de détente, dans une démarche « bercée par l’éthique ». Rencontre avec Laurie Dyèvre, présidente de La Voix Sociale.

Qui se cache derrière La Voix Sociale ?

Laurie Dyèvre : Il y a plusieurs personnes. Je suis souvent la référente puisqu’à l’initiative de la création de La Voix Sociale en 2014. C’était un projet réfléchi depuis bien plus longtemps que cela. Je suis la présidente et coordinatrice et je m’occupe de la gestion des parcours. Il y a différentes personnes suivant les secteurs. Pour le secteur édition, il y a Thibault Bâton, Brice Bénédetti. Pour les langues cette année, Rebecca Lesgoirres, Noé Szymczak pour l’italien par l’art. Gaël Faune pour l’ingénierie de la lumière et du son, la préparation de spectacles.

Ces personnes sont-elles salariées ou bénévoles ?

Laurie Dyèvre : Ce sont surtout des salariés. Nous avons assez peu de bénévoles, car ce n’est pas l’enjeu. Nous sommes sur l’émergence par l’économique et la vocation donc ce sont la plupart du temps des salariés. Quand nous avons des bénévoles, ils ont un projet à long terme. L’étude de leur travail et de ce qu’ils envisagent sur le plan de la vocation est plus complexe et plus longue. Dans un premier temps, cela va être de la formation.
Nous estimons qu’il y a un peu trop de bénévolat dans nos générations. La culture et l’art sont déjà mal rémunérés, nous ne pouvons pas nous permettre de cultiver le bénévolat. Les salariés sont quelque part aussi bénévoles puisqu’ils font des heures supplémentaires, des heures en don plutôt.

LES JOURS DE L'ORALITE ET DU SON PAR LA VOIX SOCIALE

Pouvez-vous nous expliquer le nom de l’association, « La Voix Sociale » et sa raison d’être ?

Laurie Dyèvre : La voix a la même racine que la vocation. Elle est déjà sociale dans son principe même. La raison de ce nom est aussi technique. C’est un principe de communication essentiel. Dans la voix, il y a l’identité, les émotions, l’autre, soi, la communauté, la poésie et en même temps la structure. Le travail de la voix est la continuité de l’apprentissage du langage. La voix est l’organe de communication, d’un apprentissage que nous continuons dans la vie. Nous pensons qu’à partir du moment où nous savons parler, nous assemblons des mots et faisons des phrases, que le travail est fini alors que pas du tout. Il y a toute l’écoute des autres cultures dedans. Une langue façonne notre voix d’une façon ou d’une autre. Dedans, il y a l’écoute de toutes les nuances des cultures et des enjeux personnels et globaux.

Ce nom est souvent pris pour être politique. Il y a plein d’a priori sur le social. Dès qu’on pense social, on pense pauvre. Or, la vraie richesse c’est chacun. Pour nous, un être humain est une valeur refuge. Ce n’est pas uniquement au sens du son, mais plutôt celle de l’expression. Un muet est extrêmement expressif. Nous entendons sa voix par le fait qu’il donne une présence à ses gestes et c’est déjà sa voix. La voix sociale existe pour mettre en valeur cette richesse infinie qu’il y a dans notre volonté d’expression et travailler la réceptivité de cette expression.

Quelles sont les activités de La Voix Sociale ?

Laurie Dyèvre : Pour développer la vocation, les activités sont multiples. Aujourd’hui, la plupart des cours sont autour de la voix. Notre proposition est de développer la vocation de la personne. Si elle a besoin d’apprendre dans des domaines complémentaires, nous essayons de les lui apporter. Aujourd’hui, cela va de la reliure à la prise de son, de la peinture à la photographie en passant par les langues, le dessin, la création de papier, de matière en tout genre, la sculpture, le portrait… C’est ouvert à tous les publics et tous les âges.

Comment les personnes viennent à vous ?

Laurie Dyèvre : Ils viennent à nous quand nous avons des articles dans les journaux ou des interviews radio, mais nous allons également les chercher aussi, dans les quartiers par exemple. Nous faisons les marchés. Nous ne vendons pas des légumes ni de vêtements, mais nous allons à la rencontre des personnes. Nous avons fait de multiples rencontres sur les marchés rennais. Nous avons notre stand où nous présentons nos activités. Parfois c’est par internet ou le bouche-à-oreille. Les canaux sont multiples.
Les personnes qui viennent nous voir sont des personnes qui ont déjà une approche de la complexité des choses, qui ont une conscience de la société d’aujourd’hui. Nous ne sommes pas dans une période d’écoute. La voix sociale est là pour toutes les personnes qui ne sont pas dans des trajets tout tracés et il y en a beaucoup et de plus en plus.
Nous intervenons dans les écoles : l’école élémentaire de l’Ille à côté de nos locaux en collaboration avec Les Champs Libres ou à Thorigné-Fouillard… Ce sont des projets sur l’année dans les classes comme pour le projet « l’enfant archéologue » où il s’agissait de donner à l’enfant la place de chercheur. Avec Les Champs Libres, c’était plutôt l’enfant visionnaire du futur. Nous aimons bien cette idée que l’enfant ait une place dans la création de la société et qu’il ne soit pas seulement victime de la vision de la société que nous avons pour lui.

LES JOURS DE L'ORALITE ET DU SON PAR LA VOIX SOCIALE

Quel est l’état d’esprit du Festival ?

Laurie Dyèvre : Nous avons donné le nom « festival » à notre événement, mais nous ne sommes pas sûrs que ce soit son nom. À Rennes, il y a un monticule de festivals. C’est plutôt un temps fort de formation. Les personnes qui arrivent peuvent ne rien connaître du tout et repartent avec un bagage. Le dimanche, il y a une restitution de ce que les personnes ont appris. La formation rapide n’est pas un concept très connu. L’esprit est vraiment axé sur le patrimoine humain, les résonateurs du corps humain. Les ballades vocales mettent en valeur le patrimoine humain avec sa capacité à sublimer le patrimoine acoustique d’un lieu, l’oralité comme essence de la cité. Quand une cantatrice arrive à un certain niveau, on dit qu’elle « ouvre sa cathédrale ». La cathédrale de la voix est quand nous avons ouvert tous ces résonateurs et que nous sommes capables de faire grandir sa voix dans un espace. Nous allons d’ailleurs chanter à la cathédrale Saint-Pierre. Avec la voix humaine, nous mettons en valeur l’architecture. C’est une sensibilisation au patrimoine architectural par le patrimoine humain.

Quels seront les moments à ne pas manquer ?

Laurie Dyèvre : Pour les personnes qui cherchent de la formation intense dans tous les arts de l’oralité, les trois jours sont des moments importants. Idéalement, il faudrait faire plusieurs ateliers. C’est le même prix de 2 à 5 ateliers. Autour des ateliers, il y a La Vassilissa la très belle, un conte pour enfants. Il y a un après-midi pour les enfants le samedi. Les parents viennent avec les enfants et peuvent faire les activités en même temps, chacun de leur côté.
Le soir, il y a Une Hirondelle Passe, un spectacle pour les adultes à partir de 16 ans à 19h. C’est un spectacle burlesque qui parle de l’époque de nos grands-parents style Titi Paris. Il y a dix œuvres chantées de morceaux que l’on ne connaît presque pas comme La môme catch-catch et qui sont vraiment des chansons humoristiques et assez inattendues. On retrouve Vian, Piaff. C’est un moment fort.
Le lendemain, il y a aussi le concert à la piscine Saint-Georges qui est à ne pas manquer non plus. Il est labellisé Un Dimanche à Rennes. Ce sont des compositions improvisées autour de peintures sur le thème de l’eau comme Les Nymphéas. Les chanteurs chantent vocalement Les Nymphéas. Il y a 5 autres peintures. Nous avons plein d’auteurs baroques comme du Händel, Porpora, Purcell. Le public aura devant les yeux les peintures et les chanteurs feront une description sonore de ces peintures. Nous aurons du chant en espagnol comme Una Copla en mis labios avec Antoñio Molina, du chant en sicilien avec une musique de Nino Rota. Toutes les personnes qui auront fait les ateliers et la formation pendant l’année restitueront leur travail et passeront en public ensuite.

LES JOURS DE L'ORALITE ET DU SON PAR LA VOIX SOCIALE

Est-ce que vous pouvez nous dire quelques mots sur Echolocalise.fr ?

Laurie Dyèvre : C’est une application web non téléchargeable pour le moment. Elle sera téléchargeable quand la partie utilisateur sera finie. Elle est en démonstration à L’Office de Tourisme, A l’Antre 2 et au Royal Café. C’est une façon poétique de découvrir la ville où se rencontrent quatre médiums : la voix, l’écrit, la photographie et la cartographie et qui permet d’apprécier des lieux pas forcément mis en valeur dans nos ballades de tous les jours. L’application permet à distance de découvrir une ville par la rencontre du son et de l’image. C’est étonnant tout ce qu’on voit lorsqu’on s’y attarde un peu. Echolocalise c’est s’attarder dans un endroit et se rendre compte qu’il a des qualités imprévues. Tous les enregistrements qu’on a faits ont été assez beaux. C’est comme si les gens se rencontraient avec plus de simplicité. Ça a été une formation technique importante. Nous espérons que les internautes pourront, fin 2018, ajouter les lieux d’échos qu’ils ont trouvés et y ajouter des photos. Ce sera une plate-forme de sensibilité poétique à la ville. Ce n’est pas pareil que Facebook et Twitter, mais nous espérons que cela amène beaucoup de créativité.
Si on va écouter l’entrée de la Cathédrale Saint Pierre ou la coursive du théâtre qu’il y a dans l’opéra de Rennes, l’acoustique n’a rien à voir. De ce que nous avons pu expérimenter, ce n’est pas la même chose. C’est sans effet ajouté, car aujourd’hui nous entendons peu de sons sans effet. Nous avons l’impression de nous téléporter à Florence dans cet espace. Comment avons-nous pu laisser cela à l’abandon ? D’autant plus que l’acoustique est fabuleuse, nous avons l’impression d’être dans un instrument de musique. Le son s’en va comme sur une corde de violoncelle. Sa finalité est la poésie de vivre, c’est reposant ! C’est un peu le thème du festival. Ce n’est pas la Thalasso, mais c’est un moment où l’on peut se reposer en apprenant.

Ce qui fait la différence dans notre proposition est le fait que nous ne faisons pas du ludique. Toutes les activités que nous proposons ne sont pas pour passer le temps. Ce n’est pas pour le loisir. Trop souvent dès qu’on pense aux arts, on pense aux loisirs. Nous ne faisons pas du loisir. Cela ne pas va dire que ce n’est pas amusant et chouette. Nous ne faisons pas cela pour ça. Nous sommes dans une démarche de création sociale. Nous voulons faciliter l’émergence de la place de chacun dans une société qui n’existe pas encore. Nous sommes aujourd’hui dans une usine. Nous pensons qu’une société peut exister à partir du moment où chaque personne est écoutée dans ce qu’elle a besoin d’apporter. Nous avons tous quelque chose à apporter de fondamental et nous devons écouter cela. Ce moment fort est profondément éthique. Nous partons du principe que la société de demain, qui pourrait être aujourd’hui si on s’y mettait, est une société dans laquelle nous sommes bercés par la vie.

les Jours de l’Oralité et du Son organisés par La Voix Sociale du 15 au 17 juin 2018. Cloître de la Maison Saint-Cyr, 16 rue Papu et 6 rue des Portes Mordelaises, Rennes.

(Grille tarifaire en fonction des revenus)

Toutes les informations : ici 

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