MODE ET SANTÉ. LA MINETTE LA MARQUE BRETONNE DE LINGERIE MENSTRUELLE

De la puberté à la ménopause, les règles jalonnent la vie d’une femme (à quelques exceptions près). Tous les mois, elles sont de retour et avec elles, le même schéma qui se répète. La centaine d’euros dépensée chaque année, l’impact sur l’environnement, ajoutons à cela le syndrome du choc toxique… et si être confortable tout en étant éco-responsable (et local) était possible ? Après 14 mois de recherches,  Maëlla Vicaud et Teddy Cattiaux lance La Minette, la lingerie menstruelle française ! Les créateurs de la marque répondent aux questions d’Unidivers.

 

minette culotte
Teddy Catthiaux et Maëlla Vicaud

Le saviez-vous ? En moyenne, une femme utilise au cours de sa vie de 10 000 à 15 000 produits menstruels – serviettes, tampons, applicateurs et emballages individuels. En seulement une minute de connexion sur le site de statistiques mondiales écologiques Planestocope, plus de 64 000 serviettes hygiéniques ont été consommées… Si l’on reprend son calcul, 45 milliards de serviettes sont consommées par an dont 2 milliards en France. Ces chiffres paraissent astronomiques ? Sachant que l’Hexagone compte à lui seul plus de 15 millions de femmes réglées, ce chiffre prend soudainement tout son sens…

Après des études de commerce, Maëlla Vicaud et Teddy Cattiaux – âgés respectivement de 29 ans et 23 ans – se lancent dans une nouvelle aventure. La lingerie menstruelle française La Minette naît et mûrit sur les routes de Nouvelle-Zélande. Jusqu’au 15 avril 2020, une campagne Ulule est ouverte afin de les aider à réaliser leur projet.

En proposant une gamme allant du 34 au 52 (pour le moment), Maëlla Vicaud et Teddy Cattiaux tentent de parler à une majorité.

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© Morgan Taltavull

Unidivers – L’idée de la culotte menstruelle La Minette est venue au cours d’un voyage en Nouvelle-Zélande. De quelle manière l’avez-vous développé ?

Maëlla Vicaud – Durant le voyage, j’ai lu un article annonçant des recherches pour un vaccin contre le syndrome du choc toxique. Créer un vaccin pour cette infection nous a paru fou, car le simple fait de ne pas utiliser de tampons diminuerait déjà grandement les risques.

Teddy Cattiaux – À cette période, ça nous paraissait dingue qu’aucune alternative autre que les tampons et serviettes n’existe. Le sujet concerne pourtant la moitié de la planète…. Il existe 25 000 marques de chaussures, mais en 60 ans deux solutions seulement ont été développées, sans compter la coupe menstruelle*.

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© Morgan Taltavull

Unidivers – Qu’est-ce que le syndrome du choc toxique ?

Maëlla Vicaud – Un pourcentage de femmes possède en elles un staphylocoque doré (30 à 50% de la population est porteur sain, c’est-à-dire porteur du staphylocoque sans être pour autant malade, ndlr). Ce n’est pas nocif pour la santé, mais cette protection hygiénique provoque une stagnation du sang dans le vagin, un milieu propice au développement de cette infection. Les symptômes ressemblent à ceux d’une grippe normale – vomissements, diarrhées, fièvre, etc. L’infection se propage rapidement et peut amener à des amputations et dans le pire des cas, un décès. Une jeune Belge de 17 ans est récemment morte du syndrome du choc toxique

« La culotte menstruelle est simple d’utilisation. C’est une nouvelle habitude à adopter », Maëlla Vicaud

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© Morgan Taltavull

Unidivers – Pourquoi la culotte menstruelle plutôt qu’une autre alternative ?

Maella Vicaud – Les tampons ne sont pas les seuls déclencheurs du choc toxique, la coupe menstruelle et l’éponge menstruelle** peuvent également être un risque. La composition des tampons n’est pas en faute, mais plutôt le fait de garder un corps étranger pendant plusieurs heures. La coupe menstruelle reste une bonne alternative et permet de lutter contre les déchets engrangés par les protections hygiéniques jetables. Les personnes doivent juste apprendre à bien l’utiliser afin d’éviter tout problème. Cependant, l’approche est différente, plus complexe, notamment pour les jeunes filles qui découvrent leur corps.

Teddy Cattiaux – Il y a un homme et une vie de couple dans cette aventure, donc le côté esthétique a également joué. On s’est demandé comment intégrer la serviette à une culotte en y ajoutant de la dentelle pour un sous-vêtement plus féminin. On ne s’était jamais penchés sur la question, mais un créateur aux États-Unis avait déjà lancé sa marque en 2014. Le marché n’était pas aussi développé en France au moment de ces recherches.

Après la Nouvelle-Zélande – un pays très proche de son environnement -, on a passé deux mois en Asie et on a vu un véritable océan de plastique au Vietnam. Cette vision nous a conforté dans notre décision. À notre retour en décembre 2018, on s’est lancé dans le développement du projet. Il y a quelques années, le créateur d’une grande marque de sous-vêtements a fait pas mal de vidéos sur le fonctionnement du marché du textile en France. Créer une marque française en collaboration avec plusieurs entreprises locales est possible.

« Cette idée était notre manière de contribuer à la préservation de l’environnement sans que ce soit nocif pour la santé des femmes », Teddy Cattiaux

Unidivers – La Minette privilégie justement le circuit-court et le savoir-faire français. Avez-vous rencontré des difficultés dans le développement du projet ?

Maëlla Vicaud – Le fil de coton bio est importé de Turquie, car il n’y a pas de champ de coton en France. La micro-éponge et la partie imperméable sont également importées, mais on travaille actuellement sur une fabrication française. On ne veut pas rester sur nos acquis et faire évoluer le produit afin que le maximum provienne de France.

Trouver des fournisseurs n’est pas chose facile quand on ne connaît pas le milieu. Les fournisseurs français ne sont malheureusement pas super bien référencés sur Google. Un grossiste qui importait ses produits de Turquie nous a mis en relation avec la personne qui assemble les culottes aujourd’hui (Seine-et-Marne).

Teddy Cattiaux – Tout est fabriqué en France donc le coût de revient augmente, mais on a gratté pour ne pas dépasser le prix que l’on nous a conseillé pour s’en sortir en France.

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Unidivers – Pourquoi La Minette ?

Maëlla Vicaud – On avait pensé au pamplemousse, mais le mot n’était pas exploitable, déjà utilisé. Le logo était déjà créé et l’agrume est associé au vagin dans la mythologie donc on voulait conserver ce visuel. C’est devenu PamplÉco, mais notre consultant et une boîte de communication nous l’ont déconseillé.

Teddy Cattiaux – Ceux qui ne connaissaient pas la marque avaient du mal à prononcer le nom, ce n’était pas intuitif. On nous a alors conseillé de faire du storytelling sur la marque. Pour cette raison, on s’est tourné vers le nom de nos grand-mères, mais une marque concurrente nous a contacté, il le trouvait trop proche du leur. Le but n’est pas d’avoir de mauvais rapports avec nos concurrents, on cherche tous la même chose, trouver des solutions alternatives.

Maëlla Vicaud – On voulait garder cet esprit français avec le « La » et La Minette a surgi de nulle part. On avait peur que ce soit un peu osé et trop décalé, mais le mot parle à tout le monde et cible parfaitement le sujet. Belle coïncidence, car la minette est un minerais breton et un accessoire de couture. Le juste nom finalement !

Unidivers – Concrètement, de quelle manière est fabriquée une culotte menstruelle ?

Teddy Cattiaux – La première couche de la culotte – en contact avec la peau – a un tissage drainant en coton 100 % bio, labellisé GOTS et Oécotex. Il absorbe rapidement et neutralise les odeurs. Le flux passe ensuite dans une couche de micro-éponge en Tencel (fibre d’eucalyptus). Cette matière est moins énergivore que le bambou, une plante qui demande beaucoup d’eau et plus polluante dans la transformation de la fibre en viscose. Les solvants ne sont pour l’instant pas recyclés pour le bambou contrairement au Tencel, recyclés à 99 %. Ensuite, une couche d’un tissu imperméable et inter-respirante (PUL) est ajoutée afin d’enlever l’humidité et éviter les fuites.

Maëlla Vicaud – La dernière couche est le revêtement extérieur, l’aspect esthétique de la culotte. Elle contient 95 % de coton et 5 % d’élasthanne pour apporter un maintien au tissu.

On a fait le choix d’élargir au niveau de l’entrejambe. La coupe du tissu est généralement très fine à ce niveau d’où les fuites. La partie absorbante de la culotte a également été remontée, notamment pour la nuit. Elle remonte un peu plus sur l’avant pour une sécurité supplémentaire. Après les retours des modèles, on a décidé de retravailler les grandes tailles actuellement, car il est encore possible de modifier le patron initial.

Teddy Cattiaux – Les avis sur les produits déjà commercialisés nous ont permis de travailler un modèle qui tente de répondre à toutes les demandes On conseille d’ajouter une protection supplémentaire pour les gros flux, une coupe menstruelle ou un tampon bio de préférence en respectant les délais d’utilisation – 4 h pour les tampons. Au delà, les bactéries se développent et le possible choc toxique.

 

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© Morgan Taltavull

Unidivers – Le tissu à rayures, votre signature bretonne ?

Maëlla Vicaud – Le marché était plutôt libre au début, mais il a évolué en quelques mois – de janvier à mai 2018. Nous avons quand même décidé de poursuivre le voyage et de se lancer en rentrant – en décembre de la même année. Créer une culotte marinière était notre idée de départ. C’est également un bon moyen de se différencier dans un marché devenu hyper concurrentiel. Il existe néanmoins un modèle noir pour celles qui n’aiment pas les rayures.

Trouver un collaborateur pour créer un motif marinière n’a pas été simple. Les fournisseurs ne voulaient pas forcément nous suivre dans la conception du tissu… Finalement, on a trouvé un tricoteur dans les Hauts-de-France. Il a une vision incroyable de l’entreprise et de l’avenir du made in France. On peut choisir le type de marinière que l’on veut, il nous accompagne et nous soutient dans cette aventure. Une belle rencontre.

« 15,5 millions de femmes, rien qu’en France, sont réglées. Chacun est libre d’utiliser la protection de son choix, on ne peut pas satisfaire tout le monde, mais La Minette est une alternative », Teddy Cattiaux

Unidivers – Des idées futures ?

Maëlla Vicaud – Les idées ne manquent pas (rires). On a développé le shorty pour le lancement, mais d’autres formes et d’autres coloris sont possibles – tanga, boxer et culotte haute ; une gamme pour les ados ou le maillot également ; les serviettes lavables pour celles qui ne veulent pas passer à la culotte, etc.

Teddy Catthiaux– Nous aimerions que La Minette devienne une marque d’accessoires et de bien-être pour femmes dans les années à venir. Au fil des rencontres avec d’autres entreprises et d’autres types d’ateliers, on pourra développer la marque. Pourquoi pas faire des brassières et développer des ensembles ?

Unidivers – Je vous remercie Maëlla et Teddy.

« La culotte La Minette est née de beaucoup de valeurs. Après la valorisation du savoir-français, le respect de l’environnement, du corps et de la santé de la femme », Teddy Cattiaux

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© Morgan Taltavull

Pour participer à la campagne Ulule de La Minette

Site La Minette

* On ignore souvent que l’invention de la coupe menstruelle date de la fin du XIXe siècle. L’idée d’un petit réceptacle non absorbant à insérer dans le vagin date de 1867 (États-Unis). L’ancêtre de la cup – comme les serviettes hygiéniques – était reliée à une ceinture qui se portait sous les vêtements. Ce n’est que quelques années plus tard que la forme de cloche qu’on l’on connaît est arrivée.

Daintette

En 1933, le Canadien Lester J. Goddard obtient un brevet pour le « réceptacle vaginal » pour la Coezene Company à Miami. S’en suit la commercialisation de la première coupe, la Daintette et de nouveaux concepts dans la deuxième moitié du XXe siècle.

En Europe, la coupe menstruelle arrivent dans les années 2000. Les règles commencent à être moins stigmatisées dans la société et de nouveaux matériaux – silicone et TPE – voient le jour. Ces évolutions permettent le développement des nombreuses coupes menstruelles en vente aujourd’hui.

** Éponge hygiénique : Petite éponge de mer utilisée comme protections intimes féminines pendant les règles. Contrairement aux tampons jetables, elle ne contient pas de super-absorbant qui peuvent provoquer dessèchement, irritations et allergies. Elle absorbe le flux sans dessécher ni irriter le vagin (source)

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