La petite plage de Marie-Hélène Prouteau, une enfance bretonne en mémoire

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Paru une première fois en 2015, La Petite plage, suivi de Brest, rivage de l’ailleurs de Marie-Hélène Prouteau est publiée dans une nouvelle édition augmentée aux éditions La Part Commune en juin 2024.

Ce livre de Marie-Hélène Prouteau, une réédition augmentée de Brest, rivage de l’ailleurs, aurait pu s’intituler L’enfance en mémoire, la sienne, la nôtre, celle que nous construisons sans le savoir encore, qui prend racines en silence, grandit à l’adolescence et bien au-delà de l’âge adulte. Apprendre le temps et la découverte des paysages. Écouter les bruits du monde, pénétrer ses couleurs, ses odeurs, caresser le dos des vagues. Le bonheur a un nom. Oui, il y a là, sur cette petite plage, la nature et toute la beauté du Monde. Là, sous vos yeux comme dans d’autres lieux, votre enfance. Ce n’est pas la mienne, peut-être pas non plus la vôtre et pourtant le lecteur l’adopte très vite pour aussitôt avoir envie de la partager. C’est là tout le talent de Marie-Hélène. Comme dans La ville aux maisons qui penchent (éditions La chambre d’échos) ou Le cœur est une place forte (éditions La Part Commune).

La petite plage de Marie-Hélène Prouteau, l'enfance en mémoire

Ce livre d’une trentaine de courts récits qui s’ouvre sur une belle préface de Mona Ozouf, aurait encore pu porter le titre Voyages, car au-delà du bleu de mer, du sable blanc, des dunes et des roches qui affleurent, des embruns et des coups de vent, il y a les rêves et les rencontres comme malheureusement les blessures de Portsall et Lampedusa. Il y a les voix d’ici, celles de l’autre côté de l’Atlantique et de plus loin encore. Nous voyageons ainsi des goémonières de Gauguin à la sœur d’Emile Bernard, Madeleine, au bois d’amour (Madeleine Bernard, La songeuse de l’invisible, éditions Hermann). Il y a aussi les siens. Une grande famille en l’occurrence. Victor Segalen, François Cheng, He Yifu, Roland Doré, Yann Tiersen, Henry David Thoreau, etc.

Brest, rivage de l’ailleurs vient ajouter le bruit des machines résonnant aux anciens ateliers des Capucins. C’est le monde ouvrier de l’Arsenal que nous entendons alors. Celui des luttes et des grèves. Si aujourd’hui des arts éphémères les ont remplacés, les livres sont bien là eux aussi. Comme ceux des poètes Alexandre Blok et Paul Celan venus un jour jusqu’à ce coin de terre où finit un continent. Que ce soit de cette plage de Kerfissien, de Nantes ou de Brest, ses attaches côtières, il y aura toujours pour Marie-Hélène un appel à l’horizon. Peut-être celui de cet indien d’Amérique presqu’oublié dans une salle du musée de la Marine à Brest. L’air du grand large est pour lui et pour nous toujours porteur d’émotion. A l’heure de l’été, comment ne pas en profiter ?

La petite plage, suivi de Brest, rivage de l’ailleurs, Préface de Mona Ozouf, éditions La Part Commune, juin 2024, 108 pages,13,90€

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Jean-Louis Coatrieux
Jean-Louis Coatrieux est spécialiste de l’imagerie numérique médicale, écrivain et essayiste. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment aux éditions La Part Commune et Riveneuve éditions.

1 COMMENTAIRE

  1. Merci à Jean-Louis Coatrieux pour ce bel article et pour le titre qui m’honore, faisant rappel de « Composition française-Retour sur une enfance bretonne » de Mona Ozouf. La philosophe et historienne a connu comme moi, enfant, cette petite plage de Kerfissien-Cléder évoquée dans son livre. Je le mettrait sur FB Marie-Hélène Prouteau Stéphan.

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