À la rédaction d’Unidivers, nous nous réjouissons quand un confrère de qualité arrive dans les kiosques. Et lorsqu’il s’agit d’un trimestriel d’information atypique, nous n’hésitons pas à en parler. Présentation de la Revue dessinée.
La Revue Dessinée est le fruit d’une rencontre improbable entre le journalisme et la bande dessinée. Improbable ? Pas si sûr, car l’illustration faisait partie intégrante du journalisme au XIXe et XXe siècle, comme le rappelle justement l’éditorial du premier numéro. Depuis, les progrès de l’impression ont laissé place à des photos et cantonné le dessin à la caricature ou à quelques vignettes d’humour. Tous les 3 mois, La Revue Dessinée propose à ses lecteurs des reportages d’investigation, des documents, des enquêtes journalistiques sous la forme de bandes dessinées alliant les talents de journalistes et de dessinateurs.
Alors que le prochain numéro sortira en mars 2014, nous nous sommes procuré les deux premiers dans une librairie (et non un point presse…). 226 pages épaisses dans une couverture cartonnée et judicieusement illustrée ; et tout ça pour le prix de… 15€. Cher ? Au regard de la qualité de la forme et de la périodicité, ce serait plutôt l’inverse étant donné qu’il n’y a aucune publicité. Mais le ramage vaut-il le plumage ? Évacuons tout suspens et répondons… Oui !
Au sommaire des deux premiers numéros, destinations variées : exploitation du gaz de schiste, Fukushima, la vie sur une frégate française dans les terres australes françaises, l’espionnage électronique, Salvador Allende, ainsi que des découvertes musicales, des rappels sur l’histoire de l’informatique et bien d’autres surprises. Les dessins sont variés – de styles proches de la peinture à des styles plus humoristiques et caricaturaux, voire carrément épurés. Les journalistes apportent un réel contenu à ces « histoires » qui se lisent aisément comme une bande dessinée classique. L’ensemble est accessible aussi bien à des adolescents que des adultes pour peu que la curiosité soit présente. De fait, la curiosité du lecteur est sollicitée de différentes façons, notamment avec un petit thesaurus consacré au sujet abordé avec différentes entrées et références d’ouvrages connexes..
Difficile de mettre en avant certains articles plus que d’autres. Chacun y trouvera son bonheur selon sa sensibilité. Toutefois, la visite de la frégate française (signée Christian Cailleaux) est passionnante. Il en va de même du retour très visuel de la chute d’Allende (signé Olivier Bras & Jorge Gonzãlez). Ou encore, ce voyage dans les ruines de la région de Fukushima. Les dossiers consacrés à l’espionnage (signés Jean-Marc Manach et Nicoby) et au gaz de schiste (Sylvain Lapoix et Daniel Blancou) sont remarquables de précision et de richesse. Et on se penchera aussi avec bonheur sur la question de l’Agriculture dans le nord de la France à travers le Prix de la Terre (Manon Rescan, Damien Brunon et Sébastien Vassant).
Si le photojournalisme avait trouvé un bon avocat dans le magazine Polka, la bande dessinée vient d’en trouver un avec la Revue Dessinée, tout comme le journalisme. Car avec une parution trimestrielle, LRD a le temps de se pencher sereinement sur les contenus futurs, se détachant de la pure actualité, du « buzz », pour se pencher sur des sujets oubliés ou méconnus.
La Revue Dessinée se double d’un exemplaire numérique (malheureusement réservé aux iPad). Il est possible de s’y abonner.