Cinématheque idéale, La vie est belle de Franck Capra

Un film a le droit à un passage systématique à chaque Noël aux États-Unis depuis des décennies. La Vie est Belle. Non pas le très beau film de Roberto Benigni, mais celui de Frank Capra. Il est sorti en 1946 sous le titre original de It’s A Wonderful Life. Pourquoi un tel engouement ?

Certes, il y a tout ce qu’il faut pour faire une bonne comédie dramatique ! Une histoire avec des bons sentiments et un héros proche de nous : George Bailey (James Stewart) renonce à ses rêves d’explorateur pour reprendre la banque de son père et aider son prochain. Il fonde une famille modèle, mais acculé par les dettes et les manigances d’un homme d’affaires sans scrupules, il est sur le point de suicider lorsqu’un ange (Henry Travers) survient et lui fait découvrir ce que la vie aurait été s’il n’avait pas existé…

wonderful1Sorti sur les écrans dans une Amérique qui a connu successivement la crise économique et la 2nde Guerre mondiale, It’s A Wonderful Life est résolument positif. Il montre un « monsieur Tout-le-Monde » qui pense plus à son prochain qu’à lui même. Cela ne pouvait être que James Stewart qui l’incarnat, lui qui avait déjà endossé le rôle de « Mr Smith au Sénat » du même Capra. Pas vraiment beau, un peu gauche, timide, touchant, drôle, il rencontre son alter ego féminin (Donna Reed), la « girl next door » typique du cinéma US. Mais au lieu de rester dans une peinture sociale d’une Amérique qui souffre, La Vie est Belle apporte ce soupçon de magie et de foi angélique qui transcende un monde en proie au crime, à la prostitution et à la loi impitoyable de la finance. C’est justement tout le paradoxe de l’Amérique qui se retrouve concentré ici dans un seul film : ultralibéralisme contre bons sentiments chrétiens.

Les plus critiques trouveront cela mielleux, voire versant dans le pathos sur certaines scènes. Pourtant, le spectateur ressort de ces 130 minutes (un film long pour l’époque) avec quelques larmes séchées par un sourire. Même après plusieurs visionnages, l’art de Capra fonctionne toujours et le spectateur ne ressent aucun ennui. Comme souvent, c’est sont les réalisateurs d’origine étrangère qui ont le mieux dépeint l’Amérique. Mais alors, me direz-vous, pourquoi mettre un film très américain dans une cinémathèque française ? Parce que, justement, le message véhiculé par Capra et son équipe de scénaristes est universel et délicieusement positif avec ce côté utopique et rêveur qui nous fait toujours avancer.

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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