Nos futurs 2024. La Ville en feu explore Les Planètes de Gustav Holst

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Les Tombées de la Nuit présentent trois spectacles, du 22 au 24 mars 2024, dans le cadre du festival Nos Futurs aux Champs Libres de Rennes. Parmi eux, en avant-première, la pièce Les Planètes de la compagnie rennaise La Ville en feu samedi 23 mars 2024. Dans cette réécriture de l’œuvre de Gustav Holst, dix interprètes embarquent pour un voyage a capella dans le système solaire et questionnent l’individualité et le collectif.

Les Planètes du collectif La Ville en feu sont une réécriture du poème symphonique homonyme composé par l’Anglais Gustav Holst, composé entre 1914 et 1917. Le tableau musical, principalement instrumental, est traduit en voix par dix chorégraphes, metteur·euse·s en scène et interprètes. La pièce sera jouée en avant-première dans le hall des Champs Libres samedi et dimanche 24 mars, dans le cadre du festival Nos Futurs – la parole à la relève. Après Le Sacre, relecture de Le Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky, le collectif donne à entendre et voir ce qui résonne du cosmos en nous. 

Le collectif La Ville en feu est né en 2015 de la rencontre de douze danseurs et chanteurs : Marius Barthaux, Maxime Bizet, Thomas Bleton, Louise Buléon-Kayser, Agathe De Whispelaere, Justine Dibling, Juliet Doucet, Giulia Dussollier, Jean Hostache, Myriam Jarmache, Simon Peretti et Garance Silve. Tous et toutes suivaient une formation d’art dramatique et le même cours de danse. « Garance, Cécile et moi avons réuni une équipe pour Le Sacre », raconte Jean Hostache. Réalisée entre 2016 et 2019, cette première pièce était une relecture en mouvement et en voix a capella du chef-d’œuvre d’Igor Stravinsky, Le Sacre du Printemps. Traversés par une grande énergie communicative, des questions de révolte, de revendication, d’identité, de collectif et d’individualité, douze interprètes se déchaînent dans l’espace public, par leurs corps et leurs voix. « La dramaturgie de l’œuvre a fait que, finalement, c’est devenu un projet collectif », de laquelle a découlé La Ville en feu.

Le Sacre leur a permis de trouver une méthodologie commune et de se partager des outils de compositions, de danse et de musique. « Une des choses qu’on avait en commun et qui a peut-être orienté l’esthétique du collectif, c’est cette formation en danse très somatique, c’est-à-dire avec un lien fort à la sensation et au corps », complète Louise Buléon-Kayser. « Il y a eu rapidement l’envie d’un mouvement et d’un chant qui ne soient pas dans une virtuosité de la forme. Depuis le début, il y a quelque chose d’un peu plus brut dans l’esthétique chorégraphique. »

Le collectif s’est par la suite associé à La Faim du soir tard et Les Occiputs pour former la Grande Plateforme en 2017, regroupement de 18 artistes qui collaborent dans différentes créations (duos, solos, etc.). 


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Équipe au complet de La Grosse Plateforme

Quatre ans après Le Sacre, la troupe revient donc avec Les Planètes, une réécriture dansée et chantée du poème symphonique de Gustav Holst. Dix interprètes s’emparent des sept mouvements qui composent l’œuvre, chacun correspondant à une planète du système solaire. « Cette musique symphonique savante qui est passée du côté de la musique populaire, connue par un plus grand nombre, a quelque chose d’étonnant. Holst a inspiré beaucoup de musiques de film », souligne Louise touchée particulièrement par le thème de l’espace, en précisant que chaque membre aurait certainement une réponse différente. Jean Hostache a quant à lui été sensible au côté épique de la composition et attiré par la diversité et la richesse de ces couleurs musicales qui amènent avec elles son lot de théâtralité. « Chaque mouvement musical est différent puisque dédié à une planète. »

Pensées de manière individuelle, les deux créations représentent deux parties d’un diptyque : Le Sacre est la partie diurne, Les Planètes son pendant nocturne. « Je ne me souviens plus de l’époque, mais une sonde avait été envoyée pour parcourir l’univers. Elle contenait des échantillons de pleins d’éléments de notre civilisation, y compris des musiques, notamment celle du Sacre », se rappelle Jean Hostache. De cette anecdote originale découverte au moment où le collectif travaillait sur Les Planètes est née l’idée du diptyque. Les deux pièces se répondent dans la façon dont elles ont été écrites et mises en œuvre, et dans la singularité du travail de corps et de voix. Elle se jouent néanmoins aussi bien indépendamment l’une de l’autre, qu’à la suite.

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Le collectif s’est nourri autant d’éléments scientifiques que de représentations mythologies et astrologiques pour construire sa narration. Il s’est notamment intéressé à la composition des planètes afin d’éprouver les qualités de corps sur chacune d’elle : Jupiter, planète gazeuse qui n’a pas de surface solide ; Mercure à la forte gravité, etc. 

Dans sa revisite, le collectif conserve l’ordre de Gustav Holst à une différence près : l’œuvre originale commence par Mars qui n’est pas la première dans le système solaire, La Ville en feu lance le spectacle avec la Terre, absente de la partition initiale. « Il l’avait mis en premier dans sa composition parce qu’on était à la veille de la Première Guerre mondiale », précise Jean Hostache. Louise ajoute : « C’était important pour nous de parler de la Terre vu qu’on est in situ dans l’espace public. Ça rejoint aussi la question de la crise climatique, de la conscience que l’on a de plus en plus de son état. » La planète bleue est incarnée par le chant Hymn of the Travellers, également composé par l’Anglais. « On commence sur un langage avec des mots avant de n’être que sur des sons. »

Est mise en scène une troupe de Terriens obligée de quitter sa maison, avant de partir découvrir d’autres espaces. La création s’envisage comme un parcours d’explorateurs et exploratrices que l’on suit au son de la symphonie de Holst, dans laquelle chaque planète possède ses propres couleurs, énergies et thématiques (Mars porteuse de la guerre, Vénus de la paix, etc.). Le collectif s’est amusé à incarner ses variations dans leurs corps et leur voix. La singularité de chaque planète crée l’ensemble qu’est l’univers comme l’individualité de chaque personne crée le collectif. Ces notions sont au cœur du processus créatif de La Ville en feu et traversent le spectacle : le voyage, ligne dramaturgique de la pièce, se fait ensemble, mais il est parcouru différemment par chaque individu. « On se rejoint sur des qualités communes vocales, de mouvement et dramaturgiques, mais on reste très libre sur la manière de les investir en tant qu’individu », exprime Jean Hostache. 

La traversée nocturne, au fondement du spectacle, englobe cette idée d’exode et d’équipage qui refuse de coloniser. Il vit collectivement un trajet aux énergies différentes, révélées par les planètes au fil de l’exploration céleste. Pour Louise Buléon-Kayser, « il y a un lien fort à la transformation qui se fait en groupe et qui nous parle aussi de l’époque », comme les événements qui ont marqué la France au moment de la création du Sacre transparaisse dans le pièce.

En création jusqu’en septembre 2024, Les Planètes se découvrent encore à leurs yeux au fur et à mesure que les choses se décantent. Comme le spectacle, joué de nuit ou à la nuit tombante, mettra la lumière sur ce qui peut se cacher dans l’obscurité d’un ciel étoilé.

Les Planètes de la compagnie La Ville en feu, aux Champs Libres le samedi 23 mars 2024

19:00 > 19:45
Gratuit

Hall des Champs Libres
Cours de Alliés
35000 Ille-et-Vilaine

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