Landerneau. L’espace culturel Leclerc expose la vie du photographe Henri Cartier-Bresson

Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson

L’Espace culturel Hélène et Michel-Edouard Leclerc expose jusqu’au dimanche 5 janvier 2025, à Landerneau dans le Finistère, 300 photographies en noir et blanc du photojournaliste Henri Cartier-Bresson (1908-2004), spécialisé surtout dans la photographie de rue. Sa technique à lui était de se promener, son appareil Leica à la main, pour saisir l’instant de grâce où les gens et la ville forment une image exceptionnelle.

Les différents portraits d’Henri Cartier-Bresson exposés au Centre culturel Leclerc de Landerneau permettent de découvrir les différents visages de l’artiste à différentes époques de sa vie : de sa proximité avec le groupe surréaliste dans les années 1930 au début du XXIe siècle, en passant par le photographe des événements de mai 1968. L’approche et les thèmes sont très différents les uns des autres. Il n’y a pas un seul, mais bien plusieurs Henri Cartier-Bresson, c’est ce que les organisateurs ont souhaité montrer au public. Pour cette première rétrospective de l’artiste en Bretagne et de son parcours engagé, les commissaires ont réuni près de 300 photos.

Henri Cartier-Bresson  est l’un des plus grands photographes français du XXe siècle. Il était surnommé l’œil du siècle, car il regardait le monde avec toujours la même curiosité et la même exigence du cadre. Henri Cartier-Bresson était photographe de la ville de Paris où il a vécu toute sa vie et pour laquelle il est resté très attaché, même s’il a beaucoup voyagé à l’étranger. C’est à Paris, qu’il a fréquenté les surréalistes, qu’il a suivi les mouvements intellectuels et qu’il s’est trouvé dans de nombreuses manifestations, qu’il a vécu mai 1968, etc. De 1931 à 1973, cet artiste français a constitué une œuvre monumentale avec des milliers de clichés qui ont marqué l’histoire. Il a posé les bases de la photographie de rue, avec de nombreuses photographies prises dans les rues de la capitale.

 Le photographe était sans cesse à l’affût de tout ce qui bougeait. Il attendait la bonne photo, celle qui est prise au bon moment, à la sauvette, en une fraction de seconde ! C’est ainsi qu’il immortalise un passant qui saute au-dessus d’une flaque d’eau à la gare Saint-Lazare. Ce moment précis où l’homme est en l’air était baptisé par Henri Cartier-Bresson : l’instant décisif. En un clin d’œil, tout est en double dans le décor qui se reflète dans l’eau ! Saisir l’imprévu soudainement, sur le vif et réaliser le cadre parfait en très peu de temps, était ce qu’il réussissait le mieux : c’était le génie d’Henri Cartier-Bresson. Le photographe reste cependant toujours un peu à distance des personnages qui se placent dans le décor. 

Henri Cartier-Bresson

 Le photographe montrait une autre facette de son talent, en utilisant aussi la ligne entre la lumière et l’ombre pour créer un dégradé de gris dans ses photos en noir et blanc. La photo de 1951, prise sous le métro aérien, illustre bien son procédé et témoigne de son goût pour la géométrie : on remarque la silhouette en noir au premier plan, quand les autres personnages se fondent au loin dans le gris…

Henri Cartier-Bresson

Portrait : Henri Cartier-Bresson vient au monde le 22 août 1908 dans une famille bourgeoise : le père est filateur et la mère est issue d’une famille de négociants. Henri est l’aîné de leur cinq enfants. Il s’intéresse très jeune au dessin et à la photographie. Ses premiers essais de photographe, il a l’occasion de les réaliser dès l’âge de douze ans au cours des camps organisés par les Scouts de France, dont il fait partie.. Après ses années de lycée à Condorcet à Paris, il a 18 ans et étudie la peinture avec Jean Cottenet d’abord, puis à l’atelier du cubiste André Lhote. Mais au cours de son service militaire, il découvre la photographie avec le couple Gretchen et Peter Powell.

 Henri Cartier-Bresson débute vraiment dans la photographie à la fin des années 1920. Il fréquente alors les surréalistes qui vont l’influencer dans ses images du début des années 1930. Avec le surréalisme, il fouille dans le hasard et l’inconscient : il immortalise des mannequins, des déchets de viande sur un trottoir, un vendeur ambulant de balais, etc. Il aime photographier les petits métiers dont il admire le travail. En 1947, il devient photojournaliste et cofondateur de l’agence Magnum avec les photographes Robert Capa (1913-1954) et David Seymour (1911-1956). L’humain et la géométrie avec les relations de courbes, de motifs et de lignes sont au centre des préoccupations d’Henri Cartier Bresson

A la fin des années 1930, le photographe sort de Paris au profit de sa proche banlieue. Il réalise des reportages pour le quotidien Ce soir dirigé par Aragon, et pour l’hebdomadaire communiste Regards, où il capture l’ambiance des années Front Populaire à travers ses reportages sur la vie quotidienne des classes modestes. Il photographie avec bienveillance par exemple : un gamin d’Aubervilliers en haillons et l’air triste ; les loisirs populaires ; les dimanches au bord de l’eau ; les campings de fortune à Juvisy ; un pique-nique en bord de Marne où deux couples sont assis de dos dans l’herbe et regardent la rivière, etc.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Henri Cartier-Bresson est capturé dans les Vosges, avant de s’évader et de rejoindre la Résistance. Au moment de la Libération, il est à Paris et suit l’événement, qui des barricades à la foule acclame le général De Gaulle. Il photographie aussi des peintres et des écrivains chez eux.  

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Après la guerre, Henri Cartier-Bresson parcourt l’Asie et l’Inde : il couvre la mort de Gandhi à Pékin et assiste à l’arrivée de Mao. De retour à Paris, il retrouve ses promenades en quête d’images avec les promeneurs et les quais de la Seine qui restent pour lui une place privilégiée. Il effectue aussi un reportage sur la ville pour le New York Times. Les années de 1950 à 1980, sont marquées par son intérêt pour les luttes politiques qui secouent la société : hommage aux victimes du métro Charonne ; les émeutes de mai 68 ; le mouvement des femmes ; la marche contre les exécutions dans l’Espagne franquiste ; les étudiants contre la loi Devaquet…

En 1972, alors qu’il a  64 ans, Henri Cartier-Bresson s’intéresse à un retour au dessin, sans pour autant délaisser la photographie. Il aspire à plus de calme et de sédentarité. Il dessine des arbres, des jardins parisiens, des plages. Le dessin est pour lui un art de la méditation, très différent de la photographie. Il aimait rappeler que la photographie est une action immédiate et que le dessin est une méditation. Et puis, Henri Cartier-Bresson n’aime pas la photographie en couleurs, et ne la pratique que par nécessité professionnelle. Il se retire aussi des affaires de l’agence, cesse de répondre aux commandes de reportages et se consacre à l’organisation de ses archives… 

En 2003, un an avant sa mort, la Bibliothèque nationale de France lui consacre une grande exposition rétrospective. 

Henri Cartier-Bresson s’éteint le 3 août 2004 à l’âge de 94 ans. Il est inhumé au cimetière de Montjustin dans le Lubéron

Infos Pratiques

Exposition Henri Cartier-Bresson :  71 Rue de la Fontaine Blanche à Landerneau ( 29)

Jusqu’au 05 janvier 2025 de 10h à 18h

Tarifs : 10 euros et réduit à 7 euros

Contact : 02 29 62 47 78

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Marjolaine Tanguy
Marjolaine Tanguy est correspondante de presse dans le Finistère

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