Qui n’a pas rêvé de se lancer dans une collection d’œuvres d’art ? Sans jouer dans la cour des Saatchi et Pinault, voici quelques suggestions pour se faire plaisir à prix parfois très doux (à partir de 40€). Sélection parmi les 280 oeuvres de cette vente de Rennes Enchères le 9 février 2015 : Alleaume, Paul-Émile Pissaro, Ludovic Alleaume, Mathurin Méheut, Théophile Lemonnier et Yves Laloy – mais pas Warhol qui fera l’objet d’une vente ultérieure…
Parmi les deux-cent quatre-vingt œuvres proposées dans le catalogue de Rennes Enchères, de nombreuses signatures « parleront » aux Rennais et aux Bretons, car y figurent beaucoup d’artistes y ayant vécu ou exposé.
Citons d’abord Adolphe Beaufrère à qui le Musée des beaux-arts de Pont-Aven a consacré une expo en 2005. Né en 1876 à Quimperlé et mort en 1960 à Larmor-Plage, il fut l’élève de Gustave Moreau à l’École des beaux-arts de Paris. Une bourse obtenue en 1911 lui permit de voyager en Algérie, puis en Italie et en Espagne, séjours qui inspirèrent de ravissants tableaux (estimés entre 100 et 180€).
Maurice Bernard, lui aussi formé aux beaux-arts de Paris, célébra la côte nord où il naquit (en 1927 à Saint-Cast) et mourut (en 2005 à Erquy). Ses paysages de facture classique lui permirent d’être exposé jusqu’en Amérique. On craque pour ses « Bruyères sur la baie devant le Cap Fréhel » (500/700€).
Grand voyageur, le douarneniste Jacques Brenner fit ses études artistiques aux beaux-arts de Rennes (de 1957 à 1961) avant d’étudier « dans le grand livre du monde » en Andalousie, en Toscane, en Hollande, en Grèce, en Égypte et à Venise. Lauréat du Grand prix de dessin de la ville de Rennes et souvent exposé dans la capitale bretonne, sa gouache Ville du sud trouvera vite preneur (150/250€).
Attaché aussi aux lumières du sud, Yves Brayer peignit les chevaux et les taureaux de Camargue, pays qu’il découvrit lors de vacances d’enfance et où il retourna souvent lors de séjours en Provence après son « grand tour » entre Espagne, Maroc et Italie – en tant que grand prix de Rome, il fut pensionnaire de la villa Médicis. La passion des chevaux lui avait été transmise par son père officier. Entré à l’Académie des beaux-arts en 1957, il voyagea beaucoup, au Mexique, en Égypte, en Iran, en Russie, au Japon, parfois au titre de commissaire d’expositions au musée Marmottan à Paris dont il fut conservateur. Il illustra des livres de Blaise Cendrars, de Baudelaire, de Mistral ou de Giono. Pierre Mac Orlan lui a consacré une monographie… Ce parcours prestigieux justifia naturellement un un musée à lui dédié, aux Baux-de-Provence. On pourra s’offrir la litho Chevaux de cirque à tout petit prix (parce que abimée, entre 15 et 25€) ou des Chevaux camarguais sur la plage (100/150€).
Fils d’un savant horloger angevin, Ludovic Alleaume, né en 1859, étudia d’abord aux beaux-arts d’Angers avant de compléter sa formation aux beaux-arts de Paris. Il y mourut en 1941 après une brillante carrière de peintre, portraitiste, graveur et décorateur. Illustrateur à La revue de Bretagne, il participa au décor d’églises de l’ouest (Saint-Nicolas de Craon et Saint-Sulpice de Fougères) et réalisa le plafond de la Caisse d’épargne de Laval. Cette vente procure l’occasion d’acquérir nombre de ses dessins et aquarelles à petits prix (de 80 à 150€), une belle Vague sur les rochers de Belle-Ile (400/600€) ou encore une somptueuse Danse à l’écharpe, probable scène de harem, dans la veine d’un Orient rêvé propre à la fin du XIX e s (digne de figurer dans la collection secrète d’un émir).
Si le nom de Cudennec est familier aux Bretons, c’est en raison de ses collaborations régulières avec la faïencerie Henriot de Quimper et la maison Le Minor de Pont-L’abbé. C’est l’un des derniers artistes bretons dont l’œuvre s’inscrit dans l’école de Pont-Aven, ville qui a inspiré plusieurs toiles aux couleurs franches (de 400 à 600€). Originaire de Saint-Brieuc, il pose souvent son chevalet au bord de la baie, qu’on reconnaît dans ses Trois pêcheurs au port du Légué (300/400€). D’autres sujets bretons, enlevés et joyeux, comme une Troménie au chemin rose (600/1000€) ou un Groupe de danseurs à la fête (700 et 1200€) séduiront les amateurs de tradition régionale.
Considéré comme un des derniers peintres impressionnistes, Emmanuel de La Villéon est bien connu à Fougères où un musée lui est consacré. On reconnaît sa patte dans un joli pastel qui lui est attribué, Le château du Bélier d’or (200/300€).
Louis Garin occupe une place particulière dans le cœur des Bretons et dans leur environnement car son œuvre n’est pas seulement présente dans les musées et dans les mairies (Vannes) mais aussi dans les églises (Sainte-Thérèse à Rennes, Landavran, Saint-Joseph à La Trinité et Saint-Lézin à La Chapelle-Janson). Né à Rennes dans une famille modeste, il se forma aux cours du soir des beaux-arts et eut accès à de belles commandes qui le rassurèrent sur sa capacité à quitter son travail pèpère aux Chemins de fer. Il collabora aux faïenceries de Quimper et de Sarreguemines, participa au décor du paquebot Normandie en 1935 et à celui du pavillon breton de l’Exposition Internationale de Paris en 1937. Il réalisa plusieurs fresques dans des hôtels et restaurants de Bretagne, dont hélas, la plupart ont disparu (le Menach au Bono, l’hôtel Du Guesclin à Rennes, Manche-Océan à Vannes…). Au cours de ses pérégrinations bretonnes, il posa son chevalet face à la Brume sur les vasières, à l’Ile-Grande (600/800€) ou à une Ferme à l’île aux moines (600/800€). Retiré dans une jolie commune près de Vitré, il y peignit Chasse au Val d’Izé – le catalogue que Denise Lelouche lui consacra (éd. Terre de Brume) sera offert à l’acquéreur.
Parmi les autres célébrités bretonnes qui s’offriront à vous, signalons une aquarelle d’ Ernest Guérin (La Grande Brière, 1500/2500€), une série de trois huiles d’ Yves Laloy, représentant les rochers et les pins de Cancale (300/700€), des paysages malgaches de Maurice Le Scouezec (700/1200€), un mobile de Pierre Manoli (2000/3000€), quelques têtes aristocratiques déchues peintes par J.J. Nozal à Saint-Briac, et même trois dessins ou gouache de Mathurin Méheut (200/400€ et 400/700€).
La vraie star de cette vente – au moins par le nombre ! – est Théophile Lemonnier. Pas moins de 40 œuvres de ce peintre ancien directeur de l’école des beaux-arts de Rennes seront dispersées. Très attaché à la Bretagne, dont il était un militant engagé, il l’a peinte sous toutes les coutures et par tous les temps, du pays de Guérande aux Monts d’Arrée. Il collabora au journal nationaliste breton Breiz Atao et sympathisa ainsi avec Florian Le Roy qui préfaça ses deux recueils de bois gravés intitulés Vieilles Cours et Vieux Toits de Rennes (incomplet, estimés entre 400 et 700€).
N’allez tout de même pas croire que cette vente ne s’intéresse qu’aux artistes morts ! Parmi les vivants – au côté de Patrice Cudennec – on remarque Jean-Claude Édouard, Alain Bonnefoit, (le très sympathique) Yvon Labarre, le lorientais Christian Halna du Fretay et le finistérien René Quéré. Si votre tasse de thé à vous, c’est l’art d’aujourd’hui, notez déjà dans vos tablettes la vente design et art contemporain qui se déroulera à Rennes 16 mars.
Tableaux et sculptures du XIXe au XXIe siècle
TABLEAUX et SCULPTURES du XIXe au XXIe siècle
lundi 9 février 2015 14:00 – Rennes