Plus d’un milliard d’êtres humains, soit près d’un sixième de la population mondiale, a aujourd’hui faim. Le nombre de personnes en sous-alimentation (moins de 2.400 kcal/jour) n’a jamais été aussi élevé depuis 1970. Une personne meurt de faim dans le monde toutes les quatre secondes. En sus des difficultés locales de production s’ajoutent les habituels conflits nationaux et internationaux, la corruption, le détournement, la gabegie et la hausse des prix des denrées durant ces dernières années. Résultat : 650 millions souffrent de malnutrition en Asie-Pacifique, 270 millions en Afrique subsaharienne, 52 millions en Amérique latine, 40 millions au Proche-Orient/Afrique du Nord mais aussi 16 millions dans les pays développés. Selon les projections de l’ONU, la population mondiale devrait passer de 7 milliards à peu ou prou 9 milliards en 2050. Si le réchauffement climatique monopolise beaucoup le débat d’idées, résoudre la faim dans le monde reste un problème majeur à résoudre pour le survie de l’humanité. Et il ne s’agit pas seulement de la survie de ceux qui ont faim, mais de la survie de notre conscience collective d’être humain qui, si elle pouvait se regarder dans une glace, ne manquerait sans nul doute de mourir de honte.
Coup de projecteur sur la Corne de l’Afrique. Les informations en provenance de cette zone géographique soulèvent bien des questions : est-ce que l’Afrique cessera un jour d’être un synonyme de « faim » ? Où sont les hommes et où est Dieu dans tout cela ? Ces questions ont été posées, lors d’un interview radio sur la BBC Radio 4, le 30 juillet 2011, au pasteur Joel Edwards, Directeur International du Défi Michée. Le Défi Michée est un mouvement mondial de chrétiens qui demandent à leurs gouvernements de tenir la promesse de diminuer l’extrême pauvreté de moitié d’ici 2015. Qui plus est, le Défi Michée lance en ce moment une vaste campagne contre la corruption.
« Le flot interminable de personnes affamées venant de Somalie pour s’abattre sur les ressources surexploitées du Kenya et de l’Éthiopie nous remplit d’exaspération et de colère. Cependant il semble qu’une fois encore on nous demande de dépasser une réaction de désespoir paralysante pour aider des personnes que nous ne rencontrerons jamais.
Leurs visages et leurs corps décharnés nous disent que l’indifférence froide n’est pas une option. Nous devons réagir. Mais c’est précisément cet appel à l’action qui soulève des questions difficiles.
Est-ce que quelque chose de plus pourrait être fait en réponse à cette famine – une soi-disant « catastrophe naturelle » ? Et que peut-on vraiment faire devant le comportement inique d’extrémistes religieux qui réquisitionnent l’aide lorsqu’elle arrive enfin ?
Et où est Dieu dans tout cela ?
Voilà une question toujours embarrassante pour les croyants et un joker pour les non-croyants.
Mais, en regardant le déroulement des événements, il n’est pas difficile d’imaginer que n’importe quel dieu digne de ce nom pourrait aussi nous demander où nous étions.
Le livre de la Genèse raconte une histoire bien connue de famine en Égypte. La clé de la survie impliquait un discernement spirituel pratique, une stratégie qui a anticipé sept années de sécheresse et un système économique qui répondait au besoin.
Au lieu de critiquer Dieu, le roi d’Égypte a promu Joseph, un génie hébreu, qui est passé du rang d’esclave victime du trafic qui l’avait enlevé à son pays natal à celui de premier ministre. Et le Dieu hébreu a reçu un statut spécial en Égypte.
« Où est Dieu dans tout cela » est une bonne question.
Mais ce n’est pas la meilleure ou la plus utile.
Nous devrions demander pourquoi on a laissé ces personnes dépérir si longtemps, jusqu’à ce que le problème devienne si aigu. Et c’est le bon moment pour parler de notre relation avec la création de Dieu et l’environnement. Ces dix dernières années, nous avons eu quatre sécheresses majeures dans la Corne de l’Afrique. Étant donné que chacune présentait des avertissements et des occasions de réagir plus rapidement qui étaient amplement suffisants, nous devrions demander pourquoi nous avons attendu que le déluge de souffrance sape notre capacité d’aider.
La réponse grandissante en faveur de l’Afrique a été encourageante et nous devons tout faire pour qu’elle continue dans les mois qui viennent. Mais personne parmi ceux qui répondent aux événements tragiques en Afrique de l’Est ne peut le faire sans poser certaines questions cruciales.
Faisons simplement attention à ne pas attribuer toute la responsabilité au Ciel. »