Le Mans sonore fera résonner de mille bruits la capitale du Maine du 22 au 30 janvier 2022. Résultat d’une ville entière qui se met au diapason, cette seconde biennale internationale verra l’union de la science, des arts et de la culture pour mettre à l’honneur le son. Véritable festival, c’est une centaine de rendez-vous aussi pointus qu’accessibles qui animeront la ville.
Le Mans s’apprête à bruire de toute part ! La biennale internationale du son Le Mans sonore revient du 22 au 30 janvier 2022 après le succès de la première édition en 2019. Rencontres scientifiques, expositions, performances et concerts, le son y sera exploré sous toutes ses coutures, depuis les études acoustiques universitaires, domaine de spécialité du Mans, jusqu’aux soirées dansantes des musiques électroniques. Ce vaste festival est l’œuvre d’une fédération de structures partenaires, collectivités publiques, écoles, laboratoires de recherche, entreprises et acteurs de la culture. À la vitesse du son, il se répand dans toute la ville, les églises, les grandes et petites écoles, les bâtiments officiels et culturels, l’espace public, et même à la radio sur France Bleu Maine et Radio Alpa.
Malgré la situation sanitaire, des mesures sont prises pour que l’événement se tienne avec le moins possible de modifications. Seule est à regretter l’annulation de la convention internationale du piano, Piano On, véritable festival dans le festival qui prévoyait des concerts, des conférences et des démonstrations des innovations en construction de piano. Mais l’agenda foisonnant du Mans sonore compense largement cette perte. Il s’articule autour de trois axes principaux, la science, les expositions et les performances live musicales, bien que les passerelles soient nombreuses entre ces axes, et que la plupart des propositions soient hybrides, transdisciplinaires
La partie scientifique, en premier lieu, se veut ouverte au plus grand nombre aussi bien qu’attractive pour les connaisseurs. Elle mêle les approches universitaires — la traditionnelle journée d’étude —, la médiation culturelle — rencontres, ateliers de sensibilisation, expériences ludiques —, mais aussi des performances artistiques. C’est le cas par exemple du spectacle Laborigins, de Marie-Odile Monchicourt, “personnalité complice” de la biennale, journaliste scientifique et comédienne de formation. Cette série de performances didactiques réunit sur scène des scientifiques et des artistes pour présenter un sujet. Le samedi 22 janvier à la Maison de la biennale, le numéro du jour s’intéressera à l’acoustique, évidemment. Deux cycles scientifiques hybrides (parcours sonores, conférences-concerts, soirées thématiques) courront aussi au long de la semaine, l’un portant sur le drone, ce principe de la note tenue qu’on retrouve un peu partout dans l’histoire de la musique. Le second illustrera les rapports du vivant au son dans la nature. Et rendez-vous le 27 janvier au Carré Plantagenêt, pour la remise des trophées du design sonore et de l’acoustique, qui récompensent les meilleures innovations en recherche et développement.
Côté expo, on trouve aussi foule de propositions. L’École supérieure des Beaux-Arts Talm – Le Mans en accueille sept dans ses murs, visibles toute la journée. Outre les installations sonores, certaines d’entre elles prennent la ville comme sujet. Cent voix est l’enregistrement d’une déambulation collective dans Le Mans par les élèves de l’école. Electrical Walks, quant à elle, est une balade dans le centre-ville à l’écoute de l’inouï, ces champs électromagnétiques qu’on n’entend pas et qu’un casque conçu par l’artiste allemande Christina Kubisch permet de percevoir. Dans un esprit similaire, si ce n’est décalé, des enregistrements sonores de la dernière édition des 24 Heures du Mans seront diffusés dans la ville à des endroits insolites. D’autres expositions sont encore disséminées au Théâtre des Quinconces, à la collégiale Saint-Pierre-la-Cour, dans le hall de l’Hôtel de ville, la galerie des jacobins, le restaurant La Fabrique, au Hangar Créalab, ou sur le campus universitaire. À la façon d’un cabinet de curiosités, le Laboratoire acoustique de l’Université du Mans (Laum), qui fête ses 40 ans cette année, ouvre ses portes pour faire découvrir ses équipements actuels. Y sera aussi visible une exposition de photographies d’archive témoignant de l’évolution des technologies acoustiques.
Pour compléter cette semaine déjà riche, Le Mans sonore intègre également une remarquable programmation musicale. On y trouve à nouveau des performances et expériences, comme des concerts en fauteuils sonores immersifs donnés par Apollo Noir et ses synthétiseurs modulaires dans différents lieux. Benjamin Biolay y côtoie un ensemble de choristes polyphoniques. On pourra aussi bien assister à un hommage à Anne Sylvestre qu’à une plongée dans une ruche d’abeille, ou une visite chantée du Musée Jean Claude Boulard. La Maison de la Biennale accueille cinq concerts Focus pour dix propositions musicales électroniques et expérimentales. À bien noter, l’association organisatrice d’événements Teriaki s’est vue confier deux cartes blanches au Théâtre des Quinconces, le samedi 22 pour une soirée oscillant entre folk électronique, punk minimal, new wave et expérimental, et le dimanche 23 pour une sieste électronique. Les 27 et 28 janvier, l’excellente productrice Maud Geffray, accompagnée de la harpiste Laure Brisa, donnera un concert en son spatialisé dans la chambre sourde du CTTM. Le 28 également, le groupe brétilien de techno acoustique Tekemat présentera à la gare son nouveau projet de système son autonome à énergie solaire, tandis que la très talentueuse Lucie Antunes, batteuse, percussionniste et productrice, se produira aux Quinconces. Explosion finale le samedi 29, pour un parcours dans la ville au cours duquel on retrouvera le groupe rennais plus que prometteur Atoem (Maison de la Biennale), le musicien virtuose Thylacine, seconde “personnalité complice” de l’événement désormais bien installé sur la scène nationale (Quinconces), et une carte blanche au label Ed Banger, pilier de la musique électronique française représenté entre autres par son fondateur Busy P. Bref, un concentré de talents français.
Pour résumer ces trois volumineux paragraphes, elle est longue la liste des rendez-vous du Mans sonore qui s’annoncent curieux, intrigants, fascinants, exaltants, et qui sait, dansants. De la compréhension scientifique du son à la virtuosité artistique des musiciens, c’est tout le spectre des ondes sonores qui sera passé au crible, faisant résonner la ville. À une époque où les plaintes pour nuisances sonores coulent les cafés-concerts et musellent les centres-villes, Le Mans sonore est l’édifiant exemple d’une ville qui ne craint pas de faire du son son étendard.