Billet d’humeur de Dragan
Qui n’est pas déboussolés par l’incapacité des pontes des sciences économiques d’inventer un modèle qui simplement fonctionne ? Et la classe politique et le système inhérent, d’où vient son incurie à faire que la Loi protège chacun quel que soit son niveau social ? On nous a pourtant fait croire depuis des décennies en l’efficacité de leur puissance conjointe.
En réalité, à force de voir les valeurs du travail et de notre monde dépecées par les valeurs boursières, des avis des agences de notations et des égoïsmes nationaux, on en arriverait à penser que tout cela n’est que pure fiction. Une fiction, dénuée de réalité concrète, de raison humaine, voire d’humanité.
Parmi les inepties économiques génératrices de ce monde désenchanté, il y a en une qui illustre particulièrement ce leurre d’une science économique au service des politiques et des peuples.
Les taux d’intérêt croissants pour les individus, les entreprises et les États endettés jusqu’au cou sont une stupidité morale et économique. Comment peut-on admettre que, pour récupérer leur prêt, les créanciers doivent augmenter les taux d’intérêt des emprunteurs ?
C’est évidemment contre-productif ! Pour un État, par exemple, il est de bonne logique arithmétique, distributive et productive de prêter intelligemment de l’argent à taux bas pour que la société puisse, grâce à de la croissance retrouvée et des prélèvements rationalisés, rembourser progressivement ses prêts. Pourtant, aujourd’hui prédomine la méthode inverse ! On lamine les États à coups d’augmentation des taux d’intérêt. Cette charge devient leur première ligne budgétaire, au détriment de l’économie dudit pays. Et ce, jusqu’à l’agonie, le jour fatal où les investisseurs ne pourront plus récupérer leurs sommes empruntées (malgré des taux usuriers qui leur auront rapporté des intérêts astronomiques). Ce jour arrive à grands pas…
Pour le traitement du surendettement des particuliers, à part quelques intérêts hautement égoïstes, tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il est inutile d’alourdir indéfiniment la charge de leur dette. À ce titre, en 2003, on a instauré une procédure de liquidation des biens du débiteur. Cette procédure de rétablissement personnel fut inspirée de la faillite civile en vigueur en Alsace-Moselle. Puis, le 1er juillet 2010, on a réformé le méprisable crédit à la consommation pour circonscrire les abus du crédit revolving (qu’on pourrait traduire par crédit-revolver).
Pourquoi, à l’avenant ne serions-nous pas susceptibles de légiférer en ce qui concerne les taux d’intérêt ?
Aristote affirmait que « l’argent n’est qu’une fiction et toute sa valeur celle que la loi lui donne. »
Retrouvons alors un peu de lucidité hellénique. Servons-nous de l’instrument de la Loi pour créer des règles économiques. N’attendons pas que des agences de notation et des investisseurs nous imposent une mécanique implacable. Il est plus que temps de restaurer le pouvoir politique. Il ne s’agit ni d’empêcher les biens et les personnes de circuler, ni de juguler l’enrichissement personnel, ni de congédier les banquiers (il faut dire que les banques sont de plus en plus mal à l’aise car, après avoir piloté le système spéculatif mondial « pararéel », elles sont mises désormais elles-mêmes en danger par des spéculateurs francs-tireurs). Il s’agit de ne congédier personne, mais de restaurer une place équitable et raisonnable à chacun dans l’intérêt de tous. Un nouvel ordre économique mondial est nécessaire.