Livre et lecture en Bretagne est un observatoire régional pour la filière du livre. Après quelques années en vitesse réduite, son nouveau directeur Xavier Person (voir notre article) s’emploie à redéployer ses missions. Dans ce cadre, une mise à jour des lieux du livre et de la lecture en Bretagne administrative (auteurs, manifestations littéraires, édition, librairies, bibliothèques et espaces “Facile à lire”) vient de paraître.
Conclusions de l’étude :
L’écosystème breton du livre apparaît comme particulièrement foisonnant, mais avec des fragilités :
• Une vitalité inégale selon les professions et les secteurs d’activités, très récente et encore fragile pour certains, fortement ancrée sur les territoires pour beaucoup, avec un effet d’entraînement bénéfique pour toute la filière ;
• Une myriade de petites structures : maisons d’éditions, librairies, bibliothèques, manifestations littéraires, ce qui constitue une force pour la diversité de l’offre, l’agilité des propositions, et la proximité qu’elle crée avec les publics, mais aussi une fragilité, à la fois économique et humaine ;
• Le « Breizhotropisme », soit une attractivité pour des professionnels, soucieux d’inscrire leur activité dans une relation au territoire, désireux de trouver du sens, et de s’éloigner des grandes villes : auteurs, éditeurs, libraires – avec pour les auteurs la volonté d’écrire et publier en Bretagne, sans forcément le désir d’écrire sur la Bretagne ;
• Un renouvellement significatif pour les éditeurs, les librairies et les manifestations littéraires :
– Croissance de 40% du nombre de maisons d’édition de 2019 à 2023 ;
– Une librairie sur trois créée il y a moins de trois ans ;
– Forte progression aussi pour les manifestations littéraires, qui pour 35% ont moins de cinq ans ;
• Un réseau dense de librairies qui arrive à saturation, notamment dans les grandes villes ;
• La coopération et la mutualisation inégales selon les secteurs, avec cependant des avancées :
– La faible structuration des librairies indépendantes au niveau régional, même si un mouvement est en marche ; – Une mutualisation également en cours pour les éditeurs ;
– Une mise en réseau des bibliothèques bien avancée ;
– Des initiatives du côté des auteurs, notamment pour les auteurs de Bande Dessinée ;
• Une montée du sujet de l’écoresponsabilité, notamment chez les éditeurs et manifestations littéraires Parmi les points d’attention :
• Une paupérisation des auteurs, plus nette pour les autrices, avec une importance accrue des activités annexes à l’écriture (animations, ateliers d’écriture, résidences, etc.) :
– Une précarité de la majorité des autrices et des auteurs souhaitant vivre de leur écriture, notamment des jeunes autrices de littérature jeunesse ;
– De faibles revenus : seuls 16% gagnent plus de 10 000 € avec leurs travaux d’écriture, dont 75% d’hommes ;
– Une extrême diversité des situations, de statuts, de pratiques professionnelles, de conditions de vie, de stades de carrière, de revenus…
• Après l’euphorie de la sortie de crise sanitaire, la librairie :
– reste un commerce à faible marge bénéficiaire ;
– pourrait être impactée par la crise énergétique et économique ;
– dispose d’une présence numérique relativement faible, notamment en termes de ventes en ligne, qui ne permet pas de faire face à la concurrence des plateformes.
• Les éditeurs :
– une disparité entre quelques grosses maisons d’édition et beaucoup de petites, voire de très petites structures ;
– la crise énergétique, l’inflation, la hausse du prix du papier vont impacter un secteur encore fragilisé par la crise sanitaire.
• Les bibliothèques :
– la crise sanitaire les a coupées d’une part de leurs publics les plus fragiles ;
– une mise en réseau qui demande encore des efforts.
• Des manifestations littéraires :
– relativement jeunes en Bretagne, qui vont passer bientôt le cap délicat des cinq ans d’existence,
– où les bénévoles tiennent une place importante,
– qui gagneraient à mieux connaître leurs publics, et à approfondir leurs projets éditoriaux.
Feuilleter ici le document complet
Article connexe :