L’oeuvre de l’artiste Maud Aubin se développe dans un univers floral. De nos jours, le bois est la matière première pour fabriquer le papier, principalement issu de conifères ou d’arbres à feuilles caduques, comme le bouleau ou le peuplier. Mais nos ancêtres utilisaient des lambeaux de tissus usés, des filets de pêche, du chanvre, du lin. À Lizio, petite commune du Morbihan, Mad Aubin revient à ce mode de fabrication plus écologique : elle confectionne son papier elle-même en utilisant des végétaux.
L’histoire du papier est intimement liée à celle de la culture et de la science. Le papier est l’une des inventions les plus révolutionnaires de l’humanité. Il a développé la communication entre les peuples par le langage écrit. Inventé il y a 2000 ans, le papier a été utilisé pour produire des livres, des documents ou des billets de banque. Pour remplacer le papyrus, cette plante appelée aussi souchet à papier, et les tablettes d’argile, le Chinois Cai Lun crée la première feuille de papier au monde. Il la réalise à partir de fibres végétales diluées, formées sur un tissu ou sur des anciens filets de pêche.
Au fil des siècles, le papier est amélioré par d’autres Asiatiques, notamment par les Japonais qui utilisent de l’écorce de mûrier ; par les Arabes qui font macérer des chiffons de lin ou de chanvre dans l’eau jusqu’à obtention d’une pâte homogène. Les feuilles obtenues sont pressées, séchées et recouvertes d’une pellicule d’amidon de riz ; l’Égypte et l’Afrique du Nord prennent modèle sur le monde arabe ; en Europe, à Fabriano en Italie, les papetiers mécanisent le broyage des chiffons de lin à l’aide de piles à maillets pour réduire les délais de fabrication de la pâte. Ils collent les feuilles avec de la gélatine animale, créent plusieurs types et formats de papier et inventent le filigrane des feuilles.
Les premières papeteries sont créées à la fin du XVe siècle en Pologne. L’année 1797 marque une percée dans l’histoire du papier avec la première machine à fabriquer le papier en continu au monde, inventée en France par Louis Nicolas Robert à Essonnes (91). La pâte à papier est obtenue à partir de bois. Les nouvelles techniques provenant des arbres (pins, épicéas, peupliers, bouleaux,) permettent alors de baisser drastiquement le prix du papier…
C’est en suivant une formation d’animatrice, il y a une trentaine d’années, que Mad Aubin découvre des techniques qui passionneront sa vie. Elle a un goût profond pour la nature, et sa formation l’a conduit à poursuivre des découvertes sur l’art floral, la calligraphie et sur le travail du cuir. Elle assiste et s’intéresse, il y a environ quinze ans, à un atelier de fabrication de papier avec de la paille. L’idée et l’envie lui viennent alors de concevoir du papier en travaillant le végétal plutôt que d’utiliser du papier recyclé. Elle explore les techniques et les matières de fabrication.
Pour sa préparation, il faut d’abord ramasser le végétal dans la nature : elle choisit le bambou, le roseau, le chanvre, les algues et aussi le jonc. Ensuite Mad Aubin prépare sa pâte à papier : elle broie les végétaux et obtient une sorte de bouillie épaisse, qu’elle va mettre à la cuisson. Il en ressort une pâte que l’artiste conserve telle quelle, ou qu’elle décide de faire blanchir, puis elle coule la feuille. Il faut une journée de préparation pour réaliser du papier végétal. Mad Aubin aime beaucoup explorer le papier à écrire qui va être le plus résistant aux encres qui seront déposer dessus par la suite. Le papier étant assez éponge, c’est la paille qui se prête le mieux à l’écriture.
Mad Aubin aime aussi valoriser les papiers qu’elle fabrique avec des ajouts de végétaux de décoration. Pour cela, elle s’est orientée vers la calligraphie contemporaine. Pour elle : « l’un ne va pas sans l’autre ! ». Cela l’autorise à créer un tableau avec une écriture. Ses réalisations de cartes sont personnalisées avec des citations, des proverbes, des haïkus ou tout simplement une pensée personnelle.
Passionnée par son travail, Mad Aubin aime transmettre sa passion, ses connaissances et son savoir-faire. Elle anime régulièrement des ateliers, où elle dispense les secrets de la fabrication du papier végétal, le tissage, etc. L’expression artistique est au cœur de ces rendez-vous et le public est amené à décorer le papier réalisé au préalable avec de la verdure et a ensuite le plaisir de conserver sa réalisation.
Mad Aubin est originaire du Maine et Loire. N’ayant pas résisté à l’attrait de la Bretagne et à sa beauté sauvage, elle s’installe sur la presqu’île de Rhuys, en 2002. Elle est admirative de la région, de la mer, de sa nature, de sa culture et du département du Morbihan. Tour à tour elle va vivre à La Roche-Bernard, à Auray, à La Vraie-croix, pour finalement se poser au centre bourg de Lizio en 2022. Sa maison est composée de sa partie d’habitation personnelle, de son atelier et d’un espace exposition. Elle entretient le projet de proposer la création de carnets artistiques sur plusieurs séances.
INFOS PRATIQUES
Les Ateliers de Mad, 4 rue de la Croix Chauffat à Lizio (56)
Les mardis et jeudis de 14h30 à 16h30.
Renseignements complémentaires, tarifs et inscriptions auprès de Mad Aubin au 06 76 41 35 27 ou aubinmad@gmail.com
A partir de 7 ans
Le matériel est fourni.
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Marie Jeanne Lorenté a écrit un livre : L’art du papier végétal, paru en 2006 aux éditions Rouergue
Celui que l’on appelle papier végétal, pour le différencier du papier industriel, est celui des amateurs de beauté et de sensations. Marie Jeanne Lorenté fait partie de ces faiseurs de miracles qui connaissent les secrets et l’art du papier végétal. A partir de plantes sauvages ou cultivées, de feuilles d’arbres ou simplement d’épluchures de légumes, elle propose une méthode pratique pour obtenir une gamme belle et variée de cinquante papiers végétaux. Il suffit d’un minimum de matériel et d’un peu de créativité…