Le compostage devient obligatoire, mais les communes sont-elles prêtes ?

Une loi est entrée en vigueur le 1er janvier 2024 : le compostage obligatoire dans les foyers français. Les collectivités territoriales doivent ainsi proposer à leurs administrés des solutions de tri à la source des biodéchets. Aucune sanction n’est cependant prévue pour le moment et pour cause, la majorité des municipalités n’ont pas ou peu de composteurs à mettre à leur disposition. Les syndicats de gestion des déchets ont imaginé des dispositifs adaptés : collectes optimisées ou composteurs individuels. L’Agglomération de Saint-Nazaire en Loire-Atlantique est l’une des villes leaders en matière de compostage.

Depuis février 2020, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), portée à ce moment-là par Elisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire) et par Brune Poirson (vice-présidente de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement), vise à lutter contre le gaspillage alimentaire. Il s’agit de transformer notre économie linéaire, c’est-à-dire le modèle : je produis, je consomme et je jette, en une économie circulaire. La loi entend maintenant d’accélérer le changement de modèle de production et de consommation, pour limiter nos déchets et préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat. En janvier 2023, la loi interdisait l’usage des couverts jetables, des pailles et touillettes, les couvercles, les gobelets à emporter et les boîtes, tous ces objets faits en polystyrène expansé.

Les collectivités territoriales ont l’obligation de proposer aux habitants une solution de tri à la source de leurs biodéchets alimentaires. Toute la population de notre pays va devoir faire l’effort de faire le tri de ses restes alimentaires, mais ce sont bien les communes qui vont faire des propositions à leurs citoyens pour les aider dans cette démarche. Trois choix s’offrent à elles parmi les propositions du gouvernement : 1) soit la collecte est séparée, avec l’apport d’un conteneur de plus : équipé d’un couvercle marron il sera ramassé ensuite par des camions bennes spéciaux, de la même manière que les autres poubelles de tri ; 2) soit des composteurs individuels ou des poubelles collectives sont installés, à l’image de celles déjà en place pour la collecte du verre, des déchets recyclables ou des vieux vêtements ; 3) soit des composteurs individuels sont distribués aux habitants qui pourront ainsi réaliser le  compost chez eux.

Chaque municipalité choisit la formule la mieux adaptée à sa commune. Muriel Bruschet, la référente nationale des biodéchets et ingénieure à l’Agence de la transition écologique, pense cependant que le déploiement de la mesure prendra du temps ! L’année 2024 sera certainement une année intermédiaire, même si depuis 2021, une véritable accélération des communes est observée et qu’elles sont pour la plupart engagées dans l’action.

En concret : le compostage est devenu une vraie nécessité aujourd’hui, car chaque Français jette en moyenne 82 kg de déchets alimentaires par an dans la poubelle à ordure ménagère, qui partent ensuite à l’incinération. À l’exception de la viande, des graines et des noyaux, nos épluchures de légumes et de fruits, les trognons de pain, les fanes, les coquilles d’œuf, le marc de café, les fleurs coupées fanées, les mouchoirs en papier, les feuilles mortes et la tonte du jardin sont tous des biodéchets : des déchets organiques putrescibles qui sont destinés au composteur ! « Pour faire un bon compost, il faut un équilibre entre les matières vertes et les matières brunes, entre les déchets issus de la cuisine et ceux du jardin. »

Actuellement seulement un tiers de la population française serait convenablement équipée. Il est conseillé à chacun de se renseigner auprès de sa collectivité pour savoir ce qui est prévu concernant la collecte de ses biodéchets. Le compostage est cependant relativement bien répandu dans les zones rurales, où les habitants sont plus nombreux à posséder un jardin. 

Saint-Nazaire (Loire Atlantique) : un exemple à suivre

L’ensemble des dix communes que compose l’agglomération de Saint-Nazaire (44) a équipé des composteurs gratuits pour toutes les maisons individuelles. Les 28% de biodéchets qui remplissaient en amont les bacs d’ordures ménagères pourraient devenir maintenant une incroyable ressource pour les sols. Dans l’agglomération de Saint-Nazaire, pour encourager un maximum de familles à composter, la Carene (Communauté d’Agglomération de la Région Nazairienne et de l’Estuaire) a décidé une prise en charge à 100% des composteurs. Une soixantaine de composteurs partagés et six abris bac ont été installés en bas des immeubles des quartiers. Pour les maisons individuelles, ce sont 13 000 composteurs de 400 ou 600 litres qui ont été distribués au cours de la dernière décennie, une mesure anticipée depuis longtemps ! Des ateliers pédagogiques gratuits sont régulièrement proposés aux habitants des différentes communes. Le calendrier de mise en œuvre de la mesure votée lors du dernier conseil communautaire, sera révélé courant janvier 2024, avec le programme complet sur le déploiement du compostage.

La Carene donne des conseils à l’utilisation du composteur, soit de ne pas y jetez : « les restes de viande, poisson, ou crustacés, car les odeurs attirent les rongeurs ; les déchets de jardin traités chimiquement ; les végétaux trop gros ; les plantes malades ; certains végétaux comme les résineux ; les coupes de thuyas et les feuilles vernissées. Le processus de compostage prend entre six et douze mois. Ensuite, il sera prêt à être utilisé dans le jardin pour fertiliser les sols et nourrir vos plantations… »

À Lannion dans les Côtes d’Armor, Composteur et Création et sa boutique en ligne Emeraude Création est une association solidaire de création de composteurs. Elle propose une gamme complète de produits pour la collecte sélective de tous types de déchets ménagers pour un compostage individuel, collectif ou pédagogique, la récupération d’eau de pluie ainsi que du mobilier urbain, pour les collectivités locales. La  gamme est conforme aux nouvelles normes des traitements écologiques. Depuis 35 ans, l’association a pour objectif de promouvoir les intérêts des travailleurs handicapés. C’est au sein de leur menuiserie adaptée que sont conçus et fabriqués tous leurs produits.

Adresse : 17, rue Louis de Broglie à Lannion (22) – 02 96 48 68 06

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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