Comme chaque année, le salon mondial de l’automobile de Los Angeles a connu un concours international de design. Et chaque année, les studios des grands constructeurs rivalisent de créativité et d’inventivité, mêlant technique, technologie, art et culture. Après plusieurs années d’une percée timide dans le monde du design, les constructeurs chinois ont déboulé en force dans ce concours dominé jusque lors par les Japonais, Coréens, Européens et Américains.
Les studios de design des constructeurs mêlent bien des influences culturelles pour essayer de capter les tendances à travers le monde. C’est pourquoi on rencontre des ingénieurs et créatifs de toutes nationalités chez les constructeurs français (lesquels étaient hélas absents de cette compétition). Le thème cette année était”Biomimicry & Mobility 2025 – Nature’s Answer to Human Challenges, soit la réponse de la nature aux challenges humains et le mimétisme biologique.
Côté chinois, nous avons Qoros, la marque « occidentale » du groupe Chery, Changfeng, JAC et SAIC, partenaire de VW qui a aussi racheté les outillages de Rover en Angleterre. Face à ce quatuor chinois, nous retrouvons le groupe BMW avec Mini, mais aussi Mazda, et le groupe Toyota avec Subaru. Les constructeurs américains boudent ce concours depuis quelques années, faute de moyens, mais aussi parce que les studios présents au concours sont situés… en Californie (BMW, Toyota, Mazda). À noter que, parmi les sponsors, on trouvait Dassault Systemes et Faurecia pour les Français. Qui plus est, le thème du concours a trouvé un écho certain chez Mazda dont les derniers concept-car sont particulièrement inspirés par les formes de la nature.
La nature et ses créations fascinent les artistes de tout temps. On la reproduit, la magnifie, l’interprète tandis que du côté scientifique, on essaye de s’en inspirer. Le design automobile réunit ces deux mondes à travers les formes, les couleurs et les matériaux pour dépasser le côté seulement utilitaire de la voiture. Mais voyons comment a été interprété ce thème par les 9 compétiteurs :
Mazda est resté finalement très classique dans son approche qui s’inscrit dans le prolongement de son design actuel : un véhicule dont la forme et les capacités s’adaptent au conducteur, passant de l’automatique au manuel, du sport à l’urbain.
Chez SAIC, l’équipe 100% chinoise a élaboré un véhicule qui s’adapte aussi bien à une utilisation sur le sol que sur des surfaces verticales ou incurvées. Ainsi le véhicule a un matériau qui se tord et peu se garer verticalement sur les immeubles en s’ouvrant directement vers l’intérieur de la tour.
BMW propose le SEED, un véhicule d’exploration des milieux difficiles comme une sorte de graine propulsée et alimentée par le soleil et le vent. Nous nous éloignons ici de la voiture proprement dite pour aborder l’aéronautique plus proche du mimétisme avec les insectes. Changfeng et son directeur du design issu d’IDEA (studio italien) offrent un concept inspiré à la fois de la sauterelle, du corps humain pour leur flexibilité et leur capacité de propulsion. Le corps du véhicule est souple, flexible et recyclable pour permettre des capacités de manœuvrabilité et de parking hors du commun. Reste cependant bien du flou sur la propulsion du véhicule.
Toyota et son studio californien CALTY ont trouvé l’inspiration chez l’oiseau et la gestion du vent et de l’aérodynamisme et une forme qui devient plus ramassée pour un environnement urbain. La propulsion reste toutefois électrique pour un projet orienté sur la Californie et le transport individuel entre grandes métropoles.
Le chinois JAC et son bureau de design franco-japonais proposent une idée assez proche de SAIC avec une infrastructure urbaine couplée à un réseau de véhicules et à une source d’énergie. Cela montre que l’urbanisme et la mobilité sont au cœur des préoccupations chinoises.
Qoros propose un véhicule module qui peut se raccorder comme une chenille à d’autres véhicules et devenir ainsi une sorte de transport en commun robotisé. Un concept qui tend à faire la synthèse entre les thèmes japonais, américains et chinois.
Mini et le même studio de design que BMW nous propose un système autoroutier pour la ville de Los Angeles. Mais c’est par le réseau fluvial et l’eau que ce véhicule se déplacerait, en devenant une sorte de sous-marin.
Subaru s’est inspiré du kangourou pour proposer un module individuel de transport. Ce thème du module individuel est au cœur des préoccupations de la société japonaise dont la population vieillit, mais trouve ici un dérivé plutôt sportif et délirant.
Le concept le plus abouti (et gagnant de cette édition) est bien celui de SAIC, bien que très proche de l’idée de JAC. Les autres concepts semblaient soit trop éloignés du monde automobile, soit trop délirants ou pas assez aboutis. Bien que le dessin du véhicule de SAIC manque d’originalité, il se rattrape par deux idées majeures : l’intégration du véhicule dans l’urbain dans la verticalité et la torsion des matériaux pour ne pas être contraint par la géométrie du réseau. Notons aussi l’influence considérable de la culture et de l’environnement habituel des constructeurs et studios présents. Individualité, urbanisme et recherche de place, rapidité ont donnés lieu à des projets très distincts et qui sont finalement éloignés du seul cadre de la ville de Los Angeles, montrant ainsi que ce concours a une vocation plus universelle. Ce n’est sans doute pas le meilleur cru, mais les pistes envisagées sont à creuser pour les architectes des villes et transports de l’avenir.
Vous pouvez vois plus de détail sur ces concepts sur le site officiel du concours
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Los Angeles Design Challenge : La mobilité du futur au présent !