Ploërmel Communauté dans le Morbihan célébrera, en grand et en expositions, les 80 ans de la libération de son territoire, jusqu’au 30 septembre 2024. Elle observera cependant une journée particulière et festive le mardi 6 août à Ploërmel avec la projection du film La colonne infernale, suivi d’un grand bal de la libération en soirée
Rappel historique 1944 :
Le débarquement allié du 6 juin 1944 en Normandie et les premières communes libérées soufflent un vent d’espoir vers la fin de la guerre. En réalité, la libération plonge la France et l’Europe dans les combats, les bombardements, les destructions, les incendies, les rafles et les représailles allemandes, la douleur et le désarroi de la population. Aucun territoire n’a été libéré sereinement ! Le Morbihan a connu les combats du maquis de Saint-Marcel le 18 juin ; le drame de Boccabois à Guégon le 20 juin où trois civils furent fusillés ; le 22 juin, six résistants sont exécutés à la carrière de Houssac à Saint-Vincent sur Oust ; les massacres de la Grande Métairie, avec huit habitants fusillés, à Pluherlin le 24 juin. Quant à Ploërmel, la ville a connu les bombardements les 12, 13 et 18 juin par l’ US Air Force qui tentait de détruire la voie ferrée et le pont de la Trinité pour empêcher les renforts allemands de rejoindre la Normandie : 493 bombes sont lâchées sur Ploërmel lors des trois opérations, dont 70 bombes qui s’écrasent sur le centre ville. Pour la seule journée du lundi 12 juin, on enregistre 31 morts et 125 blessés. 490 maisons et immeubles sont détruits.
Ploërmel est vidée de sa population. Les habitants ne réapparaîtront, qu’à partir du 6 août, jour de la libération de la ville avec l’arrivée des chars Américains soutenue par les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur). C’est la 4ème division blindée américaine et le général John Shirley Wood, en provenance de Rennes qui arrivent à Ploërmel. Les Allemands subissent de lourdes pertes et reculent vers Lorient, Saint-Nazaire (44) et Brest (29). Le dimanche 6 août, Ploërmel fête sa libération. Le maire Louis Guillois reçoit la délégation militaire américaine devant la mairie.
La commune de Plémet, à une trentaine de km de Ploërmel dans les Côtes du Nord (Côtes d’Armor), va en ce 6 août 1944 être le cadre de l’histoire extraordinaire de la reddition d’un détachement allemand de 257 hommes, qui en provenance de Moncoutour (86) tentait de gagner la poche de Lorient.
L’ennemi a déjà fusillé une vingtaine de personnes ! Mais, il est harcelé sur le chemin par les FFI. Le matin du dimanche 6 août à la sortie de la messe à Plémet, une rumeur prévient le maire Louis Martin, qui alerte à son tour l’abbé Radenac, qu’une colonne allemande fonce sur Plémet. Pour faire face aux 257 Allemands, le réseau du commandant Guillaumel ne peut s’appuyer que sur 80 résistants. Ils ne sont hélas pas assez nombreux. C’est alors que l’abbé Emile Radenac et le maire Louis Martin de Plémet vont user d’une ruse incroyable et de beaucoup d’audace : armés comme des résistants et avec l’appui des FFI et des habitants, ils réussissent à faire croire à l’ennemi qu’ils sont plus nombreux et plus déterminés qu’eux : le curé, qui a été prisonnier en Allemagne en 1940 et qui maîtrise la langue allemande, s’adresse à l’officier allemand commandant la colonne pour lui faire croire que les Américains qui ont traversé la commune la veille, sont encore sur place et qu’ils sont soutenus par un important groupe de FFI. Quant au maire, il lui promet une reddition dans le respect. La colonne dépose les armes et le pire est alors évité…
Le programme de la célébration des 80 ans de la libération à Ploërmel
Mardi 6 août 2024
1) Ces instants d’humanité et d’espoir en ces temps de grande souffrance à Plémet ont été portée à l’écran en 2023 par Michel Mihami, scénariste du film La colonne infernale
Le film, retraçant cette histoire authentique, sera diffusé au Cinéma Cinélac de Ploërmel : à 18h
Le projet de cette réalisation remonte en 2014, lorsque Michel Mihami se rend à la mairie de Plémet pour une démarche administrative. Il tombe par hasard sur une exposition de photographies. Une photo de 1944 l’interpelle en particulier : elle représente le curé de l’époque en soutane, avec une mitraillette à la main ! Interpellé, il s’intéresse dès lors à cette histoire locale…
Le long métrage associe une fiction aux faits réels : une agent des services secrets militaires alliés a pour mission de récupérer des microfilms qui contiennent les plans de construction d’une arme redoutable que développe le troisième Reich … Sorti en mars 2023, le long métrage a demandé six années de travail, a nécessité treize communes participantes au tournage et 1500 figurants, avec à l’affiche : Yvon Rolland dans le rôle de l’abbé Radenac ; Béata Simoës dans le rôle de l’agent Rosewall ; Matt Mihami dans celui du major Washington ; Matt Capitaine joue le commandant Heinrich, etc.
Le réalisateur Michel Mihami et le comédien Yvon Rolland, qui tient le rôle de l’abbé Radenac, seront présents à Cinélac.
2) Grand bal de la libération : de 20h à 22h : à la Base de loisirs de Taupont
Avec sa guinguette à roulettes, la Guinche est un quatuor qui transporte les spectateurs et les danseurs dans l’esprit du bal musette, des flonflons et du swing manouche, pour vivre un concert-bal d’antan avec le public ! L’attelage musical de la Guinche est hors du commun : il réunit deux guitares, un accordéon, une contrebasse et un essieu pour faire taper du pied !
Les participants sont invités à venir en tenue d’époque !
Samedi 21 septembre 2024 : la médiathèque de Ploërmel rendra un hommage au résistant ploërmelais Henri Calindre – nom de scène Mystringue qui devient son nom de code
Henri Calindre vient au monde à Ploërmel le 21 mars 1907. Il est le fils du libraire et éditeur de la rue de la gare Henri-Eugène Calindre et de Marie-Mathurine, née Allocher. Son père meurt, alors qu’il est encore très jeune et sa mère élève seule ses trois enfants. Henri Calindre fait ses études au Petit Séminaire de Ploërmel. Titulaire d’une capacité en droit, il commence sa carrière, en qualité de clerc d’avoué à l’Étude Lorieux. Il sera ensuite secrétaire à la mairie de Ploërmel. En parallèle, il a l’âme d’un poète et écrit un certain nombre de textes. Passionné de théâtre, il monte sur scène et interprète des pièces, souvent en gallo, qui rencontrent le succès. Son nom de scène est Mistringue. En 1934, il édite Monologues du Pays gallo. A l’occasion, il est aussi chroniqueur sportif pour la ville !
En 1939, la guerre éclate. Henri est mobilisé à Bordeaux, puis démobilisé en Normandie. Il retrouve son emploi à la mairie de Ploërmel à l’été 1942 et s’occupe du ravitaillement. Il anime les fêtes locales à Ploërmel et dans les communes voisines. Vêtu en blouse et chapeau-ruban, il raconte la vie des paysans, qui ne parlent que le patois, qui découvrent la modernité sans la comprendre, comme par exemple l’invention du téléphone ou du cinéma. La résistance le contacte en décembre de la même année. Dans la nuit du 21 au 22 décembre 1942 un avion britannique parachute des armes au-dessus du lac au Duc pour équiper la résistance. Il signe là sa première mission et s’engage le 1er janvier 1943. C’est Honoré Chamaillard, chef de section du bureau des opérations aériennes, qui le recrute à la demande du colonel Passy et de la mission aérienne de Bretagne. À partir de ce moment, Henri Calindre devient pour tous Mistringue, car il choisit son nom d’artiste pour son nom de code. Il fait également partie du réseau Vengeance des Corps Francs du Morbihan et est chargé du recrutement et de l’instruction des nouveaux membres. Il s’occupe de l’inventaire de l’armement et de leurs dépôts et fait le lien avec Émile Guimard pour la remise en état des armes destinées à tous les groupes de maquisards du département.
Mais, suite à une dénonciation, le réseau Vengeance est harcelé par la gestapo en janvier et février 1944. Le 2 février, Mistringue et Louis Chérel, résistant avec lequel il fait équipe, sont blessés dans un accident de la route au retour d’une mission à Rennes. Mécanicien de profession et réfractaire au Service du Travail Obligatoire (STO), Louis Chérel est membre du Bureau des opérations aériennes (BOA) et, comme Henri Calindre, sous-lieutenant au sein du 12e bataillon des Forces françaises du Morbihan. Dénoncés, les deux hommes sont arrêtés le 3 mars à l’hôpital de Ploërmel puis transportés à la prison de Vannes, malgré les protestations du docteur Rousset. Ils sont transférés au camp Margueritte de Rennes le 22 avril, puis à la forteresse de Penthièvre sur la presqu’île de Quiberon le 7 juin. Tous les deux sont torturés, mais les deux hommes ne parlent pas, ne trahissent pas. Ils gardent le silence, malgré les 300 coups de nerf de bœuf affligés. Cette terrible torture physique fait place à la torture morale car les Allemands les obligent à assister à la fusillade de leurs camarades, Le Gall et les deux frères Caillaux. Le 29 juin, Henri Calindre, Louis Chérel et 19 autres résistants sont jugés par le tribunal militaire allemand KF 748. Henri Calindre, 37 ans, est condamné à mort comme Franc-tireur et pour avoir caché des armes parachutées. Le lendemain, le 30 juin 1944, ils sont tous fusillés sur la butte de la Maltière dans le camp militaire de Saint-Jacques-de-la-Lande (35).
Henri Calindre est décoré à titre posthume de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance, mention Mort pour la france
A l’occasion des Journées européennes du patrimoine, la médiathèque recevra d’ailleurs le nom de : Médiathèque Mystringue
Du jeudi 1er août au lundi 30 Septembre 2024 à la médiathèque municipale de Ploërmel : Exposition Hommage à la résistance
Organisée par l’association Bunker archéo 56, l’exposition réunira des maquettes d’ouvrages fortifiés et les traces du passé de l’occupation allemande. L’esprit de résistance s’est exprimé aussi dans les rangs de la gendarmerie morbihannaise, au sein du réseau Cockle : protection des personnes, renseignement, recrutement et formation des maquisards sont autant de missions dévolues aux gendarmes résistants du Morbihan.
L’épisode célèbre du panier de cerise (dossier 2223) sera évoqué : cette action de résistance consistait à transmettre à Londres les croquis et les renseignements qui portaient sur les installations et le dispositif de défense allemand dans le Morbihan : l’armement, les secteurs de tirs, les garnisons, les dépôts de carburants et de munitions, les terrains d’aviation, les postes de commandement, etc. Le panier de cerise est constitué de nombreux documents et de vingt-trois croquis réalisés à la main par les gendarmes des brigades territoriales, accompagnés d’un commentaire explicatif souvent très détaillé. Ces croquis mettent en évidence les défenses, les installations, les garnisons allemandes dans certaines zones sensibles du département.
Cette action capitale de renseignement est matérialisée par l’envoi à Londres en Juillet 1943 de 23 croquis extrêmement précis a été évoquée dans une vidéo réalisée par la médiathèque de Ploërmel en 2014, à partir d’un texte de l’adjoint Bernard Oger et lu par la Loyataise Laurence Tréhorel. Intitulée Occupation, résistance et Libération du pays de Ploërmel, la vidéo est disponible sur demande.
Infos pratiques
Mardi 6 août 2024 : film La colonne infernale : séance à 18h au cinéma Cinélac – 13, rue du lac à Ploërmel (56)
Mardi 6 août 2024 : grand bal de la libération à 20h à la Base de Loisirs – Les Belles Rives à Taupont (56)
Samedi 21 septembre : hommage à Henri Calindre à la médiathèque de Ploërmel – 8, boulevard des carmes à Ploërmel (56)
Du 1er août au 30 Septembre 2024 : exposition Hommage à la résistance à la médiathèque de Ploërmel – 8, boulevard des Carmes à Ploërmel (56)
Pour d’autres renseignements et notamment pour réserver la vidéo intitulée : Occupation, résistance et Libération du pays de Ploërmel,
Contact : 02 98 73 20 73
https://www.ploermelcommunaute.bzh/systeme/nous-contacter
Bonjour,
L’adresse de la médiathèque de Ploërmel est :
8, boulevard des Carmes et non 8 Place des Carmes.
Merci de rectifier.
Cordialement.
Mikaël Péron
Responsable de la médiathèque.