Lulu Van Trapp nous emmène à LOVECITY avec son second album

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Photo: Susan Gisel.

Fondé en 2017, Lulu Van Trapp a été lancé à partir du duo formé par Rebecca Baby et Maxime Rezai Rashti. Depuis ses débuts, le quatuor parisien s’illustre autour d’un style synthétique et détonant, placé sous le signe de la pluralité et puisant son énergie dans la force du collectif. Trois ans après son premier opus I’m Not Here To Save The World, il revient avec un nouvel album baptisé LOVECITY, dévoilé le 19 avril 2024 sur le label Backdoor Records.

Depuis ses premiers instants, l’aventure Lulu Van Trapp est indissociable de son tandem fondateur, composé des artistes Rebecca Fourcade (dite Rebecca Baby) et Maxime Rezai Rashti. Originaires du Nord de Paris, les deux compères se sont tout d’abord illustrés au sein du groupe La Mouche, formé en 2012 et reposant sur une fusion hétéroclite de styles comme le rockabilly, le punk rock ou encore le ska. A cette époque, la bande mène une carrière itinérante et évolue également au sein du Wonder, fameux collectif pluridisciplinaire d’artistes basé dans un squat de Saint-Ouën. Jusqu’à ce qu’en 2017, après cinq ans d’existence, des tensions émergent au sein de La Mouche et que le groupe se sépare brusquement.

Restés seuls, Rebecca et Maxime décident de ne pas céder au désœuvrement et au déchirement affectif qui les guette : ce faisant, tous deux décident de se focaliser sur un projet plus confidentiel, qu’ils avaient auparavant lancé en parallèle de leur ancienne formation. C’est ainsi que lors d’une nuit passée sous une tente et une pluie battante, ils composent une ballade intitulée « The Echo », dont la mélancolie romantique incarne une nouvelle orientation artistique. Tels sont les prémices d’une nouvelle entité artistique bientôt nommée Lulu Van Trapp, en référence au personnage fictif de manageuse impitoyable que le duo avait imaginé à l’époque de La Mouche. Puis un an après un premier concert donné sous ce nom au Rat’s Cup de Biarritz, Rebecca et Maxime sont invités à assurer la première partie du groupe FAIRE à La Maroquinerie le 28 novembre 2017. Un nouveau tournant qui les décide à s’étoffer en recrutant tout d’abord le batteur Nicolas Colson, connu jusqu’ici dans des groupes comme Cannery Terror. Lors de la première répétition, ce dernier vient accompagné de Manuel Dupont (Manu pour les intimes), venu lui aussi prêter main forte à Rebecca et Maxime. La formation devient alors quatuor et peu après, son premier concert dans la salle parisienne signe l’acte de naissance officiel du groupe sous sa nouvelle mouture.

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Photo: Yana Yatsuk.

Peu après, les quatre musiciens font la rencontre du producteur Azzedine Djelil, responsable du label Backdoor Records. Séduit par l’une de leurs démos, il les amène alors à enregistrer progressivement chacune des compositions de leur répertoire original. Petit à petit, elles s’accumulent pour composer un premier album, intitulé I’m Not Here To Save The World et dévoilé en 2021. Bien accueillie par la critique et la presse spécialisée, cette sortie permet au groupe de se produire sur de nombreuses scènes, dont celle des Vieilles Charrues en 2022.

Après cette période intense, Lulu Van Trapp reprend le chemin du studio, où il s’affaire 8 mois durant à la création de son nouvel opus. Nommé LOVECITY, il est sorti le 19 avril 2024, au terme de la tournée éponyme menée par le quatuor dans les capitales européennes.

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Pochette de l’album ‘LOVECITY » de Lulu Van Trapp. Visuel: Edouard Richard.

Dans ce nouvel album, Lulu Van Trapp approfondit la ligne artistique ébauchée dans son précédent opus, déployant un espace instrumental faisant la part belle aux sonorités électriques et électroniques. Inspirés par l’éclectisme de groupes comme les Clash ou encore Gorillaz, les quatre amis y développent leur esthétique résolument syncrétique, où se côtoient notamment les synthétiseurs et programmations de l’électro-pop, les guitares saturées du hard rock, ou encore les rythmiques chaloupées du reggaeton. Un harmonieux et réjouissant patchwork, dans lequel le groupe manie aussi habilement les structures mélodiques et harmoniques des styles « pop » des 60 dernières années, dont ils insufflent la force expressive et fédératrice à leur discours musical. Un aspect qui s’incarne en outre dans la voix épique de Rebecca Baby, à l’intensité saisissante et qui révèle souvent un vibrato puissant, évoquant les interprètes de soul et de hard rock. Ce qui ne l’empêche nullement, à d’autres moments, de distiller un parfum doux amer où la langueur côtoie parfois une expression plus proche du désenchantement.

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Photo: Edouard Richard.

Comme le souligne son titre-même, ce second album de Lulu Van Trapp est conçu comme la bande son d’un monde nommé LOVECITY, sorte de représentation dystopique du Paris nocturne. On y découvre alors un univers sombre et intriguant, traversé d’une noirceur aussi vénéneuse que captivante. C’est dans ce cadre que sous des textes très évocateurs, le groupe met en scène des personnages complexes, tout à la fois façonnés et déboussolés par leurs errances dans la ville lumière. Souvent en proie à une véritable solitude intérieure, certains d’entre eux cherchent ainsi à s’oublier (« La ballade de Maori »), tandis que d’autres décident de s’affirmer (« Geisha ») ou se débattent comme ils le peuvent dans un monde illusoire, où le cynisme et l’artifice sont érigés comme valeurs cardinales. Néanmoins, cet album est aussi l’occasion pour le groupe de célébrer l’amitié, source d’espoir et échappatoire salvateur qui permet de mieux affronter cet environnement anxiogène et parfois aliénant.

Par ailleurs, le quatuor questionne également la place écrasante et problématique de la violence dans nos vies, reflétant certains déséquilibres des relations humaines. C’est notamment le sous-texte du sulfureux « L’amour et la bagarre », dont le clip tourné par Lucie Bourdeu avait été dévoilé par Lulu Van Trapp le 16 janvier dernier. Écrit autour de l’emprise d’une ancienne liaison toxique, ce morceau ambivalent est emmené par une instrumentation à l’énergie électrisante, qui fusionne efficacement les éléments du punk rock avec ceux de la synth pop. A écouter et réécouter sans aucune modération…

Sorti le 19 avril 2024 chez Backdoor Records/Because.

Disponible sur les plateformes : ICI

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Pierre Kergus
Journaliste musical à Unidivers, Pierre Kergus est titulaire d'un master en Arts spécialité musicologie/recherche. Il est aussi un musicien amateur ouvert à de nombreux styles.

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