Lune de miel de Bastien Vivès : une bd traditionnelle au rythme effréné

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Bastien Vivès, après une adaptation de Corto Maltese, revient avec Lune de miel : « Le baiser du Sphinx », le premier tome d’une série aventureuse qui débute dans les îles grecques sous l’ombre d’un mystérieux papillon aux pouvoirs magiques. Un simple bonheur de lecture sans prétention.

Nous avons retrouvé à Angoulême (du 29 janvier au 02 février 2025) un Bastien Vivès, souriant et plein d’entrain. Heureux d’être présent avec un album au diapason de son humeur. Celui qui avec les romans graphiques comme Le goût du chlore ou Polina notamment, était devenu le chef de file d’une nouvelle génération d’auteurs, revient ici avec une BD traditionnelle, dans la lignée de la BD franco-belge, un récit romanesque de pure fiction avec des gentils et des méchants, des coups de théâtre et des rebondissements. Bref, une BD dont le format traditionnel et la pagination nous renvoient aux séries célèbres dont ce premier tome pourrait faire bientôt partie.

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Nous retrouvons un couple en plein farniente sur une plage d’une île de la mer Égée. Le bonheur de faire un break en ayant laissé les enfants en France. Ils profitent pleinement du soleil qui illumine les premières pages de son intense luminosité. La seule préoccupation du jour : le choix du prochain restaurant. Mais l’inattendu pointe à l’horizon avec une vieille et vague connaissance rencontrée à Paris lors d’un vernissage. Le profil type du parfait emmerdeur qui n’a qu’une fonction : attirer les ennuis. Par son inconséquence, il va bouleverser les derniers jours de vacances de Quentin et Sophie en les invitant à une soirée sur un yacht. Tout se gâte lorsque le couple découvre que les autres invités font partie de bandes de trafiquants d’armes ou du cartel de la drogue. Ces truands ont le physique adéquat, celui de faciès menaçants qui ne donnent pas envie de s’attarder en leur compagnie. Le plus extraordinaire est que la soirée dérape en coups de feu et meurtres à cause d’un mystérieux et superbe papillon égyptien échappé d’un spectre à la combinaison secrète. Tout alors dérape et chacun n’a qu’un seul choix : s’échapper de ce bateau devenu brutalement un lieu de tueries.

Vivès ne perd pas de temps en digressions inutiles et sa maîtrise de la narration, sans temps mort, nous entraîne dans une lecture qui a pour fonction principale de nous offrir avant tout du plaisir. Son trait est clair et précis. Les couleurs sont vives et tranchées. On s’immerge aisément dans cette histoire rocambolesque où les codes d’une série sont respectés : personnages principaux attachants et vite identifiés, personnages secondaires énervants, part de fantastique, rebondissements, suspense, Vivès comme à son habitude est un maître narrateur qui en peu de cases dit beaucoup de choses.

Son dessin est ici rehaussé de couleurs franches, contenues dans des aplats cernés. Le soleil grec explose de luminosité comme explose le yacht de milliardaire. On pense aux couleurs saturées et aux ciels uniformément bleus de la série Largo Winch, une ressemblance colorisée qui va de pair avec l’art enlevé du récit. Nous avons le sentiment d’être plongé dans un film d’aventures des années 80 avec des scènes sanglantes dignes des Dents de la Mer.

Tel un symbole, Bastien Vivès, quarantenaire à la silhouette de jeune homme, a coupé ses cheveux comme s’il s’offrait un nouveau départ avec cette série plus conventionnelle dont il nous confiait que trois tomes étaient prévus (le second opus est prévu pour avril) mais qu’il aimerait en écrire et dessiner plus pour en faire son « grand oeuvre ». Le tout avec un large sourire. Et un clin d’oeil peut être? Une manière de passer définitivement à autre chose. Et de s’offrir, et de nous offrir, que du bonheur de lecture. L’essentiel en fait.


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Lune de miel de Bastien Vives, Tome 1 : Le baiser du Sphinx, Éditions Casterman, 48 pages, 14,95€. Parution : Feuilleter

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Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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