Lyon. Les épidémies se développent au musée des Confluences

expo épidémies lyon

Le musée des Confluences de Lyon (69) propose une exposition pédagogique à la manière d’une enquête historique : Épidémies, prendre soin du vivant. Jusqu’au 16 février 2025, la proposition revient sur ces événements qui ont bouleversé la vie sur tous les continents au fil des siècles.

Depuis des millénaires, les épidémies touchent les sociétés humaines ainsi que les espèces animales. Siècle après siècle, décennie après décennie, nous avons vécu : la peste, la variole, le choléra, la grippe espagnole, le sida et, plus récemment, la Covid 19. L’exposition présentement au musée des Confluences est à l’initiative de Mathilde Gallay-Keller, anthropologue et cheffe de ce projet, d’après un concept original du National Museum of Natural History, Smithsonian Institution de Washington. Elle bénéficie également du soutien des archivistes de l’Institut Pasteur qui a prêté une quarantaine d’œuvres et d’objets scientifiques issus des collections du musée de Paris.

L’exposition invite le public à découvrir des collections de médecine, d’ethnographie, des spécimens d’histoire naturelle ou encore des œuvres contemporaines. Épidémies, prendre soin du vivant fait apparaître les épidémies comme un phénomène biologique mais aussi social. Elle révèle à quel point la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale sont étroitement liées. Deux instruments d’exception y sont présentés : L’appareil microphotographique, le banc optique du docteur Emile Roux (1853-1933) et le micromanipulateur pneumatique, inventé par Pierre de Fonbrune (1901-1963).

L’exposition est saisissante. A la croisée des sciences et des sociétés, elle permet de comprendre comment les épidémies ont bouleversé l’histoire de l’humanité. Elle transporte le visiteur 8000 ans en arrière, à l’ère du Néolithique, avec l’apparition de la domestication des espèces animales par l’Homme pour expliquer que toutes les époques et les régions du monde ont connu leurs fléaux…

expo épidemies

Le parcours de la visite est jalonné de périodes d’ombres profondes et d’autres qui sont éclairées et lumineuses. Dès l’entrée de l’exposition, les participants sont  accueillis par des sculptures de verre scintillantes fascinantes et hypnotiques : elles sont signées du plasticien britannique Luke Jerram. Ces somptueux cristaux de lumière représentent les virus, certains d’entre eux sont les plus terribles !

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C’est dans une atmosphère tamisée et une ambiance sonore douce et enveloppante que les visiteurs sont invités à voyager au cœur du vivant et pour explorer l’histoire des civilisations à travers le prisme des épidémies qu’elles ont subies, les avancées scientifiques et l’évolution de nos modes de vie. En remontant le temps, à l’époque où la science n’explique pas l’épidémie et ne guérit pas encore, le public apprend comment les sociétés d’antan se sont protégées et défendues des plus terribles épidémies, au delà du rationnel et de la médecine, avec leurs croyances : les divinités antiques, les danses macabres et autres illustrations de chasses aux sorcières. 

L’exposition se construit comme une enquête dans le temps et l’espace. Elle  explore les cartes d’identités interactives des maladies infectieuses et analyse au microscope les microbes et les bactéries. Elle découvre que certains peuvent sauver la vie. Le public découvre alors la naissance de la pasteurisation ; le premier vaccin ; comment une épidémie peut devenir une pandémie ; quand l’intervention de l’homme peut enrayer ou activer la propagation d’un virus…

L’exposition permet de comprendre que la récente pandémie fait partie d’une série de maladies infectieuses et doit alerter sur l’exploitation massive des écosystèmes par les communautés humaines. Face à la déforestation, à l’élevage intensif et à la standardisation à outrance du vivant, l’approche One Health (l’approche sur les maladies infectieuses qui se transmettent des animaux aux humains) est expliquée en dernière partie de l’exposition. Elle correspond à un modèle plus soutenable en santé publique que celui de l’éradication des maladies infectieuses.

L’exposition Epidémies prendre soin du vivant est magnifiquement orchestrée. Elle permet de percer les secrets de la médecine, de mieux comprendre l’histoire pour appréhender les cycles de vie de manière constructive. La règle d’or est : il faut prendre soin du vivant, de la nature, des animaux et des êtres humains ! Un seul et même écosystème interagit, autour d’une santé unique pour sauver et préserver la planète et ses habitants…

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Retour sur les principales et dernières grandes épidémies, notamment en France

La peste en 1720 à Marseille

La peste est une infection bactérienne aiguë causée par le bacille Yersinia pestis qui vient des petits mammifères tels les rats et qui se transmet par piqûres de puces. Le samedi 25 mai 1720, le vaisseau Grand Saint-Antoine arrive au port de Marseille avec à son bord, des hommes, du textile et la peste ! En acceptant de laisser amarrer ce vaisseau, Marseille cause sa perte avec 50 000 décès parmi ses habitants, soit la moitié de la population. La peste frappe tout particulièrement dans les rues étroites et tortueuses de la vieille ville, mais au final toutes les couches sociales, sans distinction aucune, sont touchées, Ce tragique et apocalyptique épisode de l’histoire de Marseille a fait d’elle une ville morte !

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Marseille 1720

Le choléra marque le XIXe siècle

Le choléra se traduit par une diarrhée aiguë provoquée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par le bacille Vibrio cholerae. Venu du sous-continent indien, le choléra touche massivement l’Europe au début du XIXe siècle. Il frappe la France à quatre reprises : en 1832, en 1854, en 1866 et en 1884. Au total, l’épidémie fait environ 100 000 victimes dans le pays, dont 19 000 rien qu’à Marseille. Le choléra se propagea avec une telle rapidité, qu’il provoque un profond désarroi dans le milieu médical. Le choléra est perçu comme un fléau des pays pauvres, contre lequel il n’existe aucun remède. Toutes les classes d’âge sont concernées mais les jeunes enfants et les vieillards courent encore plus de risques.

La grippe espagnole

est très contagieuse. Elle est la pandémie la plus mortelle de tous les temps. En 1918, 1919 avec des répliques en 1921, elle fait 60 millions de morts dans le monde, dont plus de 400 000 décès en France. Elle arrive sur le territoire français avec les alliés Américains pendant la Première Guerre mondiale. Le virus de la grippe est une souche H1N1 apparue en Asie. On baptise cependant l’épidémie grippe espagnole, car c’est l’Espagne qui alerte l’opinion en premier ! 

La variole

est un fléau connu depuis l’Antiquité, causée par le smallpox virus très contagieux et transmis par voie aérienne. La première pandémie de variole a balayé l’Empire romain au IIe siècle de notre ère. La découverte du Nouveau Monde en 1492 et la traite des esclaves africains ont favorisé la contamination par la variole. En 1796, un médecin de campagne anglais, Edward Jenner découvre le vaccin de la variole. La variole reste cependant une menace potentielle pour l’espèce humaine sans immunité. Elle sévit en Bretagne, à Vannes dans le Morbihan et à Brest dans le Finistère, entre décembre 1954 et mai 1955 et cause le décès de 20 personnes sur 98 malades : on vaccine alors en masse ! Une campagne de vaccination de dix ans est menée par l’Organisation mondiale de la Santé. Elle permet d’éradiquer la variole de la planète en 1980. 

Le Sida (syndrome d’immunodéficience acquise)

Au début des années 1980, le VIH, virus du sida, affaiblit progressivement le système immunitaire et devient la cause de maladies pulmonaires et d’infections de la peau qui ne guérissent pas. Le sida se transmet par le sang et les relations sexuelles. Il est isolé par des scientifiques de l’Institut Pasteur en mai 1983. Il faut attendre 1996 pour découvrir les premières trithérapies, l’association d’antirétroviraux qui empêchent la multiplication du virus dans l’organisme, sans pour autant éliminer la maladie et la guérir. Depuis le début de l’épidémie, il est estimé dans le monde que 76 millions ont contracté le virus du sida et 38 millions en sont morts, dont 23 millions du continent africain. En France, 205 000 personnes vivent aujourd’hui avec le VIH.

La Covid 19

Maladie infectieuse respiratoire causée par le SARS-CoV-2, le virus appartient à la famille des coronavirus, émergé fin 2019 en Chine. Très contagieux, il se transmet rapidement dans la plupart des pays, et sur tous les continents dès le début de l’année 2020. Il a tendance à être plus virulent lorsque les personnes sont âgées ou fragiles (souffrant de diabète, de problèmes cardiaques et respiratoires, de cancers, d’obésité). Comme le virus se transmet par les voies respiratoires, lors de la toux, d’éternuements et par la salive, le port du masque et les gestes barrières (lavage des mains, des poignées de porte et des interrupteurs, utilisation de gel hydroalcoolique, etc.) deviennent vite obligatoires, assortis de périodes de confinements. La Covid 19 a fait 7 millions de morts dans le monde en trois ans, dont 168 000 en France. Une campagne de vaccination est lancée début 2021.

INFOS PRATIQUES

Exposition Épidémies, prendre soin du vivant, jusqu’au 16 février 2025 au musée des Confluences

Adresse : 86, quai Perrache à Lyon (69)

Public : en famille dès l’âge de 12 ans

Billetterie

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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