Les vestiges du château de Machecoul en Loire Atlantique font partie des sites retenus pour bénéficier d’une aide de la Fondation du patrimoine soutenue par La Française des jeux au profit de sa restauration. Construit en bordure du Falleron, au XIIIe siècle, le site est célèbre pour avoir été le château de Gilles de Rais (1604-1644) ou Gilles de Bretagne, baron de Raiz, surnommé Barbe bleue, car son histoire a inspiré le conte La Barbe bleue de Charles Perrault (1628-1703). Enlèvements, tortures, enfants brulés vivants : le baron a semé la terreur dans le Pays de Retz jusqu’à sa montée sur l’échafaud le 26 octobre 1440.
Le loto du patrimoine 2024, porté par Stéphane Bern a dévoilé la centaine de sites départementaux en péril répartis ainsi : 22% d’édifices religieux ; 19% de bâtiments ruraux ou agricoles ; 16% de maisons (16 %) ; 11% de châteaux et aussi 5% de bâtiments militaires. Ils bénéficieront d’une aide de la Fondation du patrimoine, et le château de Machecoul-Saint-Même a été sélectionné ! Ce sont au total dix-huit sites emblématiques et cent sites départementaux qui seront ainsi soutenus en 2024. Les dotations de cette septième édition du loto du patrimoine pour les cent projets départementaux, récemment dévoilés, seront annoncées à la fin de l’année 2024.
Machecoul-Saint-Même est la nouvelle commune née de la fusion en 2016 des communes de Machecoul et de Saint-Même-le-Tenu dans le département de Loire-Atlantique.
Histoire du château de Machecoul :
Construit pour la défense en 1235 par Pierre de Dreux, duc de Bretagne, le château fort de la commune de Machecoul fait partie intégrante de la Bretagne au Moyen-Âge. Il fut l’une des nombreuses demeures des barons et ducs de Retz et des seigneurs de Machecoul, notamment de Gilles de Rais, qui l’a occupé pendant 35 ans. Gilles de Rais était maréchal de France, compagnon de Jeanne D’Arc, mais aussi tueur en série ! Ses recherches sur l’alchimie le conduisirent aux pires crimes : des meurtres d’enfants à grande échelle, qui ont inspiré Charles Perrault pour son célèbre conte Barbe Bleue publié en 1697. Ce parallèle valut à Gilles de Rais, l’appellation de Barbe bleue breton. En 1680, le château de Machecoul, de style ogival, est composé d’une enceinte carrée de cent vingt mètres de développement, de six tours à créneaux et de fondations de trois grosses contre tours à plateforme, avec donjon, herse et pont-levis, la ville de Machecoul étant elle-même close et fermée de murailles et de fossés. Le château de Machecoule, cet édifice de très grande taille, est brûlé en 1792 pendant la guerre de Vendée. Il est laissé en ruine depuis la Révolution. Les pierres du château ont servi à empierrer les routes et à construire des maisons au début du XIXe siècle.
Aujourd’hui, les ruines du château font l’objet de fouilles archéologiques concentrées sur les fondations de l’une des tours : la plus importante encore debout dans laquelle a vécu Gilles de Rais ! Les vestiges actuels sont actuellement une propriété privée : des visites guidées extérieures sont cependant organisées, avec également chaque été un spectacle son et lumière qui retrace la vie de Gilles de Rais…
Portrait :
Gilles de Rais (ou de Retz) est né, de sa vraie identité Gilles de Montmorency-Laval, en 1604 au château de Champtocé-sur-Loire, en Maine-et-Loire, (le jour et mois de sa naissance n’étant pas connus !). Il est le fils d’une famille riche et influente : son père est Guy II de Montmorency-Laval, seigneur de Blaison-Saint-Sulpice, de Briollay et de Chemellier, communes du Maine et Loire ; sa mère est Marie de Craon. Ses parents décèdent alors que Gilles de Rais a onze ans. Avec René, son frère, les deux enfants sont élevés par leur grand-père maternel :Jean de Craon. Le 26 juin 1422, à l’âge de 18 ans, Gilles de rais épouse sa cousine Catherine de Thouars.
Gilles de Rais est chevalier et seigneur de Bretagne, d’Anjou, du Poitou, du Maine et d’Angoumois. A la fin de la guerre de 100 ans, de 1427 à 1435, il conduit, en tant que Connétable de l’Ost, la reconquête militaire du roi de France et combat les Anglais au côté de Jeanne d’Arc. Il est le chef de son escorte qui se rend au château de Chinon en 1429, où Jeanne d’Arc rencontre le roi Charles VII pour le convaincre de lui confier la libération d’Orléans. Gilles de Rais entre triomphalement dans Orléans, aux côtés de la pucelle de Domremy, le 30 avril 1429 ! Gilles de Rais est promu maréchal de France le 17 juillet 1429, jour du sacre royal de Charles VII à Reims.
Connu comme l’un des hommes les plus instruits de son temps et les années de gloire étant terminées, Gilles de Rais se retire dans ses terres et apparaît sous un autre jour. La voix publique l’accuse bientôt de pratiques des plus odieuses ; on lui impute les meurtres d’un grand nombre de jeunes enfants. Dénoncé par Jean de Malestroit, évêque de Nantes et chancelier du duc de Bretagne, Gilles de Rais est arrêté dans son château de Machecoul le 15 septembre 1440 par Jean Labbé, capitaine d’armes au service du duc Jean V. Accusé des pires crimes : invocation des démons ; d’alchimie ; de sodomie ; d’assassinats ; de sorcellerie et de satanisme, Gilles de Rais ne se montre pas coopératif, injure la cour et refuse de reconnaître sa validité. Pourtant depuis le 18 septembre 140 témoins se succèdent, tous originaires de l’évêché de Nantes et issus des milieux modestes. Ils racontent tous la disparition d’un de leurs enfants, le plus souvent des garçons, mais aucun cadavre n’est retrouvé ! Gilles de Rais est accusé d’avoir dépecé puis brûlé les corps dans la cheminée de son château. Il est reconnu coupable par la juridiction inquisitoriale. Traumatisé par le bûcher de Jeanne d’Arc le 30 mai 1431 et craignant de mourir lui aussi brûlé vif dans les plus atroces souffrances comme un hérétique, Gilles de Rais fait alors des aveux publics le 22 octobre, pour avoir commis le crime et le péché de sodomie, le délit d’assassinat, l’invocation aux démons et la pratique de messes noires…
Gilles de Rais est alors exécuté par pendaison à Nantes le 26 octobre 1440. Son corps est brûlé et ses restes sont placés dans une châsse confiée aux prestigieux Carmes de Nantes, une sépulture chrétienne digne d’un grand… saigneur !
Rappel : Depuis la première édition en 2018, la Mission patrimoine a aidé plus de 950 sites pour leurs travaux de restauration, dont plus de 125 projets emblématiques du patrimoine régional et plus de 835 sites départementaux, soit un site par département métropolitain et d’outre-mer. L’édition 2023 du Loto du patrimoine avait collecté plus de 28 millions d’euros.
A noter : quelques ouvrages en lien avec Gilles de Rais et le conte de Barbe Bleue
