Durant cinquante ans, Mary Marquet fut l’une des figures de proue du théâtre français, passant de Rostand à Goethe et de Racine à Claudel avec un égal talent. Les deux premiers tomes de ses mémoires : Ce que j’ose dire…, paru en 1974, et Ce que je n’ai pas dit… l’année suivante, sont un merveilleux mélange de souvenirs tragiques soutenus par moult anecdotes aussi comiques que déconcertantes. Au fil d’un demi-siècle, l’immense comédienne nous attire dans le tourbillon d’une carrière riche en liaisons et amitiés particulières, voir dangereuses. On évolue parmi le beau monde du siècle dernier. Certains noms font encore rêver. Ils y sont tous, femmes et hommes dont elle a partagé la vie et, pour certains, le lit.
Né en 1895 à Saint-Pétersbourg, alors capitale de la Russie impériale, Micheline Marie Marguerite Marquet a connu le plus merveilleux mais aussi le pire du XXe siècle. De la Belle Epoque à 14/18, puis des Années Folles à la seconde guerre mondiale, elle dit sa vérité du monde et en particulier du sien, lié avant tout au théâtre, à la création, au cinéma… et à l’amour. Formée dans la troupe de Sarah Bernhard, elle tourne son premier film au temps du muet, en 1914, marquant ainsi un grand écart temporel et technologique, lorsqu’en 1966 elle fera rire aux éclats la France entière avec le rôle de la mère supérieure des Hospices de Beaune dans La grande vadrouille. Mary Marquet évoque Edmond Rostand avec qui elle partagea trois ans d’une « passion telle qu’il fut impossible de la juger » ; elle nous parle du danseur Sarge Lifar, d’Anna de Noailles, du réalisateur Max Linder, de Courteline, de Mermoz et tant d’autres rencontres qui lui valurent une existence lumineuse. Hélas ! la déportation de son fils unique pour faits de résistance, viendra rompre l’insouciance. Nous sommes en 1943, François ne reviendra jamais de Buchenwald. Inconsolable, Mary Marquet s’en remettra à une maxime de Rostand tirée du quatrième acte de Chantecler : « C’est la nuit qu’il est bon de croire en la lumière. » Même s’il est mort depuis longtemps, même si elle ne joue plus ses pièces, Edmond l’aide à vivre malgré la douleur. Ce que je n’ai pas dit… s’achève sur l’image de ce fils arrêté à l’âge de 23 ans.
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Ce que j’ose dire… (1974)
Ce que je n’ai pas dit… (1975)
Mary Marquet
« L’ensemble est vivant, coloré, vigoureux (…), plein de sensibilité et de délicatesse, de talent et de coeur. » – J. Rostand
Editions jean Dullis
– Livres épuisés –
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