Mascolo > Sur le sens et l’usage du mot ‘gauche’

En cette veille de vote final pour désigner le candidat socialiste  à l’élection présidentielle de 2012, il me paraissait très intéressant de lire cet essai politique qui – ironie du sort – a été écrit par un grec. C’est d’autant plus symbolique si on l’analyse à l’aune de la percée historique de l’ami Montebourg. Le but de l’œuvre est de donner un sens à ce qu’est la gauche dans son essence, dans sa capacité à résoudre les problèmes de société, dans son désir de déployer une politique véritable. Quand la pratique se fait aider par une idéologie théorisante : l’action politique au service de la citoyenneté.

Si la vie de Mascolo a été trépidante (idylle avec Marguerite Duras, collaboration professionnelle avec François Mitterrand), sa pensée n’en a pas été moins fulgurante avec une profondeur prodigieuse. Sa tentative de définir au plus juste l’authenticité de cette aile de notre paysage politique est d’une justesse viscérale.  Justesse d’autant plus marquée que l’analyse se déroule à la lumière de la réalité historique : guerre froide, IVe République, guerre d’Algérie, etc.

Viscérale ? Mascolo ne fait aucun compromis. A fortiori dans son constat final, lequel démontre que le terme de gauche est un leurre. La gauche n’existe pas. C’est une sorte d’escroquerie de l’esprit et de la réalité du terrain. Qui qu’on en pense, le constat est salutaire, si la gauche doit exister, c’est davantage par des actes tangibles et notables que par la définition d’une idéologie bureaucratique et immatérielle.

Les idées sont belles, les actes sont de la bravoure.

Mascolo fait donc une grande séparation en opposant la droite, aile de l’acceptation, à la gauche, aile du refus.

L’essai est d’autant plus admirable que sa première édition date de 1955 et que, de nos jours, le propos est non seulement d’actualité, mais aussi d’une envergure admirable.

Un livre rigoureux, courageux. Un essai qui montre distinctement que la politique mérite autre chose que cette déliquescence dans laquelle l’entraînent les hommes actuels qui l’animent.

À lire évidemment.

 David Norgeot

Éditions Lignes, 9,00 €, 64 pages. Date de parution : 14 octobre 2011

Dionys Mascolo (1916-1997), résistant, écrivain et philosophe, proche de Marguerite Duras et de Robert Antelme, quitte le PCF en 1949 où il était entré au lendemain de la guerre. En 1953, il publie son oeuvre maîtresse Le Communisme. Antigaulliste et anticolonialiste, il crée la revue Le 14 juillet et est l’un des rédacteurs, avec Maurice Blanchot, de « La déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie » (Le Manifeste des 121). En 1987, il publie Autour d’un effort de mémoire, sur une lettre de Robert Antelme, aux Éditions Maurice Nadeau.

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